Merci d'engager la discussion ! Il est vrai que la question est ardue....
Citer :
Ce n'est pas tellement qu'un camp recule ou avance qui pose problème, c'est la cohésion de la ligne de combat: si un trou se creuse, il est exploité par l'adversaire. Les guerriers qui n'ont plus leur flanc protégé par leur voisin sont vulnérables. Cette brèche à tôt fait de faire s'écrouler la résistance de toute la ligne, qui mène alors à la déroute.
Ceci est très vrai. D'ailleurs c'est précisément ce souci de colmater les brèches qui, selon la théorie de Delbrück, serait le facteur explicatif de l'apparition de la légion manipulaire.
Citer :
Concernant Cannes, c'est la bonne tenue des troupes Carthaginoises au centre qui permet la victoire: leur écroulement aurait signifié la défaite. Le dispositif adopté en demi cercle convexe puis de plus en plus concave sous la poussée apporte un avantage: le recul est plus faible si l'on s'éloigne du centre, ce qui permet de limiter les déplacements les plus importants et, partant, rapides, à une partie de la ligne seulement. Cela simplifie la tenue de la cohésion: il est plus facile de faire reculer quelques personnes en ordre rapidement qu'une ligne complète.
En effet, cela confirmerait l'idée qu'à Cannes, c'est bien le dispositif concave qui permit l'étonnante résistance du centre carthaginois qui recule mais ne brise pas: on peut remarquer la remarquable compréhension par Hannibal du comportement des hommes au coeur de la mêlée. Reste que l'on peut se demander comment des troupes qui n'était pas les meilleures de leur armée purent faire preuve de la force morale leur permettant de subir durant un temps sans doute assez long une telle pression et de reculer (synonyme de défaite imminente en général) sans flancher. Peut-être avait-on bien préparer psychologiquement ces troupes en les "briefant" sur ce qui allait leur arriver...
Citer :
Mais sachant qu'il s'agit d'un combat humain contre humain, les caractéristiques physiologiques sont similaires dans les deux camps, et l'épuisement s'abattant peu ou prou au même moment, il devait être possible de ménager des sortes de pauses dans les batailles les plus longues. Par ailleurs les manoeuvres peuvent donner un temps mort dans la poussée sensu stricto, ce qui permet d'une certaine façon de reposer les muscles en leur faisant changer de régime d'effort.
Sur le site de
Gary Brueggeman, on trouve une intéressante tentative de construction d'un modèle du combat de la légion qui, en effet, soutient l'idée de pauses dans la mêlée:
http://garyb.0catch.com/fighting2/fighting2.html
Donc une heure maximum semble crédible, mais il faudrait pouvoir estimer la durée des mêlées de différentes batailles... Par exemple, celle opposant légionnaires et Epirotes/Italiens (Heraclea, Beneventum), Carthaginois (Zama: quelle durée pour le choc entre les légions fatigués et les vétérans d'Hannibal avant le retour des cavaliers numides ?) ou Macédoniens (Cynocéphales, Pydna)...
Toujours sur le site de
Gary Brueggeman (dont je ne sais trop quoi penser de la pertinence de son analyse), on trouve également une application du modèle à la bataille de Pharsale, avec un résultat plutôt intéressant:
http://garyb.0catch.com/pharsalus5_batt ... attle.html
http://garyb.0catch.com/pharsalus6_anim ... ation.html
Mais qu'en est-il des batailles des deux siècles précédents ? Existe-t-il des tentatives de reconstitution poussée de la part des spécialistes de la période ?