Ungern a écrit :
Châtillon a écrit :
Ne pouvait-on pas se servir de ces grandes épées comme d'une pique/hallebarde/lance ?
A mon avis "non" .
Où alors lors de l'occasion d'un hasard du combat .
Sinon cette arme n'est pas adaptée à ça :
Elle est toute en fer donc chère à fabriquer et lourde .
Beaucoup plus chère et beaucoup plus lourde qu'une lance .
Tout en étant beaucoup moins maniable .
Et bien justement, si.
Il s'agit d'épées à deux mains, certes, mais aussi et surtout d'épées permettant de faire face à des armes d'hast, comme ça a été dit.
Pas tant en faisant des moulinets au dessus de la tête (je vous souhaite bien du courage) mais bien en tenant cette épée comme une lance, et en profitant des protections et attaques qu'une arme comme celle-là peut offrir.
Vérifiez vous-même la longueur du manche, d'une part, ainsi que la double posture de maintien possible grâce à la double garde (la principale, énorme, ainsi que la deuxième, en forme de deux petites lames, plus petite, et protégeant une zone en cuir)
On peut donc utiliser ça comme une arme de taille et d'estoc. On a un avantage contre les lances, tout en ne perdant pas l'avantage de l'allonge. On a une force à deux mains, et on n'a pas 10 kg en trop ; cette arme ne pesant que 3 kilos en moyenne.
Ainsi, "quelques huits" suffisent pour faire comprendre à l'ennemi qu'il doit reconsidérer son attaque. C'est une arme qui n'offre pas beaucoup d'ouverture tenue comme une lance, contrairement... à la lance. Je vous défie de l'utiliser en faisant des tourbillons au dessus de votre tête ; vous comprendrez votre douleur. N'oubliez pas qu'un combattant ne sert pas qu'une fois.
C'est une arme qui se manie rapidement à deux mains, surtout dans la deuxième position (la deuxième main est derrière la deuxième garde) puisqu'elle permet un rééquilibre du centre de gravité de l'arme et un travail des mouvements plus courts mais plus rapides.
Il s'agit bien d'une arme de la renaissance. Je demande à voir ces épées d'Istanbul ; il ne faut pas oublier que des pièces de musées sont parfois purement inventées, surtout pendant le XIXème (j'ai plusieurs exemples dont je vous ferai part à l'occasion) Une épée très lourde et à deux mains au moyen-âge, pour l'instant, ça reste de la science-fiction. (ou du médiéval-fantastique, au choix)
L'espée de guerre, classique épée de chevalier utilisée à cheval et à pied dans les années 1250-1320, ne dépassait pas le kilo six, pour un mètre vingt au grand maximum de longueur. (le tout dépendant aussi de la taille du porteur, bien plus que d'une convention quelconque)
Maintenant, concernant les autres illustrations, il s'agit d'épées bâtardes (terme moderne) et cette épée est tenue, en règle générale, à deux mains. Elle est bien plus légère (1k300 à 1k600) et s'utilise autant de taille que d'estoc, et se spécialise à l'estoc à partir des années 1350.
L'épée bâtarde est travaillée principalement par les maîtres allemands et italiens que sont Fiore de Liberi, Liechtenauer, Talhoffer, etc, puisqu'il s'agit d'une arme utilisée très fréquement au duel, et ces maîtres d'armes sus-sité sont avant tout des maîtres d'armes d'escrime de duel.
Je vous conseille une simple recherche google avec ces trois noms séparés, et vous aurez déjà beaucoup à vous mettre sous la dent; leurs manuels sont, pour la plupart, consultables en ligne et traduits par des gens sérieux.
Venons-y, justement.
Il y a plusieurs sortes de personnes pratiquant l'escrime ancienne (terme global)
Il y a d'abord les compagnies médiévales à vocation artistique, qui partent du principe qu'il faut divertir le public et lui offrir ce qu'il demande. Ca fait "sbling", ça fait "swing", ça fait "shpaf". C'est une escrime, neuf fois sur dix, dirigée par l'intuition des pratiquants, et qui est sécurisée par l'absence de coups mortels d'une part et l'appel au coup d'autre part. (l'attaquant arme d'une manière différente à chaque coups différents, le défenseur parre le coup suivant l'appel)
Il y a ensuite les compagnies médiévales à vocation de reconstitution, qui se basent sur les manuels cités précédement pour établir leurs gestuel en public. Il cherchent l'historique, ils ne cherchent pas nécessairement à divertir les gens. Ils cherchent à apprendre à ceux-ci.
La pratique intuitive est plus délicate car les coups sont mortels (estocs rapides et coups vicieux à la tête) et donc, par essence, si ils sont partiqués à l'intuition, les coups ne sont pas historiques (ceux historiques étaient faits pour tuer)
Si ils sont chorégraphiés, par contre, ils peuvent montrer une bonne image de ce que pouvait être l'escrime d'époque.
Enfin, il y a les clubs sportifs et groupes de recherche.
Eux ne font pas de représentation face au public, et n'ont donc aucune obligation de divertissement ou d'apprentissage face à d'éventuels tiers extérieurs.
Ils travaillent pour eux, en tant que passionnés de l'histoire et de l'escrime, et sont à l'origine des traductions des manuels des maîtres d'armes dont j'ai parlé précédement.
Leur démarche est la recherche et l'application, et il n'est pas rare que des historiens se joignent à eux. (voire initie le mouvement)
Ce sont ces groupements qu'on va aller consulter si on désir comprendre le fonctionnement d'une arme de l'époque, avec toutes les réserves qui s'imposent évidement face à ce genre de pratiques qui s'apparente à de l'archéologie expérimentale.
En guise de référence, je vous propose ceci :
http://ardamhe.free.fr/
Et la guilde de la plume et de l'épée, sur Versailles, dont les références électroniques sont pour l'instant manquantes.
Un groupement est occupé à se créer à Bruxelles, cf le lien suivant :
http://bxlescrime.aceboard.fr/
Voilà... En espérant avoir été le plus complet possible et avoir répondu à tout, même aux éventuelles disgressions.