ALEXANDRE 1ER a écrit :
Villeneuve est un amiral qui a le bon gout de se suicider après Trafalgar.
Il faut relativiser la qualité de Villeneuve au regard de celle de son impérial supérieur en matière de stratégie navale.
Quelques de mots sur la part de responsabilité de Napoléon dans le désastre de Trafalgar :
Decrès à Villeneuve, 1er septembre :
"Sa Majesté veut éteindre cette circonspection qu'elle reproche à sa marine. Ce système de défensive qui tue l'audace et qui double celle de l'ennemi. Cette audace, elle la veut dans tous ses amiraux, ses capitaines, officiers et marins, et, quelle que soit l'issue, elle promet sa considération et ses grâce à ceux qui sauront la porter à l'excès, ne pas hésiter à attquer des forces supérieures ou égales même, et avoir avec elle des combats d'extermination, voilà ce que veut Sa Majesté, elle compte pour rien la perte de ses vaisseaux, si elle les perd avec gloire ; elle ne veut plus que ses escadres soient bloquées par un ennemi inférieur, et s'il se présente de cette manière devant Cadix, elle vous recommande et vous ordonne de ne pas hésiter à l'attaquer."
Napoléon à Decrès, 4 septembre :
"Villeneuve est un misérable qu'il faut chasser ignominieusement. Sans combinaisons, sans courage, sans intérêt général, il sacrifierait tout pourvu qu'il sauve sa peau [...] Rien n'est comparable à l'ineptie de Villeneuve..."
Napoléon à Decrès, 6 septembre :
"J'imagine que vous êtes aussi indigné que moi de la conduite infâme de Villeneuve. Pour moi, j'en suis si confondu que je ne puis m'expliquer et je ne puis concevoir comment il a été assez lâche..."
Napoléon à Villeneuve, 14 septembre :
"Monsieur le Vice-Amiral Villeneuve, ayant résolu d'opérer une diversion puissante en dirigeant dans la Méditerranée nos forces navales réunies au port de Cadix, combinées avec celles de Sa Majesté Catholique, nous vous faisons savoir que notre intention est que, aussitôt les présentes reçues, vous saisissiez la première occasion favorable pour faire appareiller l'armée combinée, et vous porter dans cette mer [...]
Vous vous porterez d'abord vers Carthagène pour y faire rallier l'escadre espagnole qui se trouve dans ce port.
Vous vous dirigerez ensuite sur Naples, et vous débarquerez, sur un point quelconque de la côte, les troupes passagères qui sont à bord, pour rejoindre l'armée aux ordres du général Saint-Cyr [...]
Notre intention est que, partout où vous trouverez l'ennemi en forces inférieures, vous l'attaquiez sans hésiter et ayez avec lui une affaire décisive.
Il ne vous échappera pas que le succès de ces opérations dépend essentiellement de la promptitude de votre départ de Cadix, et nous comptons que vous ne négligerez rien pour l'opérer sans délai; et nous vous recommandons dans cette importante expédition l'audace et la plus grande activité."
Napoléon à Decrès, 15 septembre :
"Voilà le parti le plus utile que je puisse tirer de cette escadre dans ces circonstances-ci. J'estime donc qu'il faut faire deux choses : 1° envoyer un courrier extraordinaire à l'amiral Villeneuve, pour lui prescrire de faire cette manœuvre; 2° comme son excessive pusillanimité l'empêchera de l'entreprendre, vous enverrez, pour le remplacer, l'amiral Rosily, qui sera porteur de lettres qui enjoindront à l'amiral Villeneuve de se rendre en France pour rendre compte de sa conduite..."
Ainsi, Napoléon fait le pari que Villeneuve ("lâche", "misérable [à] chasser", "incapable", "inepte") n'exécutera pas ses ordres.
Incroyable pari, pari insensé !