Lordblackadder a écrit :
C'est surtout que 30 000 japonais qui capturent plus de 80 000 anglais c'est presque du jamais vu dans l'histoire militaire. J'ai d'ailleurs peine à me souvenir d'un tel désastre pour l'armée britannique. Après, la vague de succès qui a porté les Japonais début 1942 est quand même impressionnante- Hong Kong, Singapour et la Malaisie, la Birmanie, les Philippines, un paquet de petits ilots... une blitzkrieg à l'échelle du pacifique.
Pour être précis, il y avait peut-être environ 80.000 hommes sur place, mais tous n'étaient pas
Anglais : il y avait là des Australiens, des Indiens, des Malais, etc.
En cherchant dans les
Mémoires de Winston Churchill, je me suis aperçu qu'il était tenu régulièrement au courant de la situation, et qu'il y avait eu un échange de télégrammes entre lui, Wavell (devenu commandant en chef des forces alliées) et Perceval...
Au moment où la bataille a lieu, ils n'ont même pas l'air sûr de savoir exactement combien d'hommes commande Perceval.
D'après ses informations, Churchill évoque les chiffres de 100.000 hommes, dont 33.000 Britanniques et 17.000 Australiens.
Wavell répond que ces chiffres sont sûrement surestimés, et pense qu'il n'en a pas plus de 60 à 70.000.
Mais, soit... Les deux pensent qu'il a bien assez de forces pour contenir l'attaque des Japonais, nettement moins nombreux.
Quand Perceval capitule, il explique que
l'eau, l'essence, les vivres et les munitions sont pratiquement épuisées.
On peut comprendre qu'il soit incapable de ravitailler la population de Singapour prise au piège (un million de civils !). Il est plus curieux de constater qu'une forteresse sensée avoir été équipée pour résister à un long siège se rende au bout de sept jours !
Ou bien les défenseurs ont vraiment entretenu un feu d'enfer (apparemment peu efficace), ou bien les dépôts ne contenaient pas grand chose...
Ceci dit, en matière de désastres militaires, le début de la Seconde guerre mondiale en avait déjà vu quelques-uns...
On peut rappeler ici que le général italien Rodolfo Graziani, chargé d'une offensive contre l'Égypte (septembre 1940) s'était contenté d'avancer jusqu'à Sidi Barrani, à moins de 100 km de la frontière lybienne... Et il y resta jusqu'en décembre, au moment où un " raid puissant " britannique (même pas une vraie offensive) provoqua pratiquement la dislocation de ses troupes et l'obligea à retourner en Lybie.
Fort de ce succès, les Britanniques poussèrent donc plus en avant, s'emparant de Bardia (5 janvier 1941) puis de Tobrouk (21 janvier) et capturant un total d'environ 70.000 hommes... Et cela avec des forces deux ou trois fois inférieures en nombre !
Bref, ce fut cette situation, devenant critique pour les Italiens, qui incita Hitler à reprendre aussitôt les choses en main... Et dès le 12 février, Erwin Rommel arrivait à Tripoli.
A partir de ce moment-là, Rodolfo Graziani et son armée italienne en Lybie ne furent pratiquement plus que des figurants au cours de la Guerre du Désert.