Al-Mutakaddam a écrit :
Mais si je ne me trompe , lors de la Guerre Iran Irak , c'est a dire peu de temps avant la premiere guerre du golfe , l'Irak disposait d'une armée presque a un niveau occidentale et recevait des Armes de la part des Occidentaux et des sovietiques ainsi que des fonds de la parts des pays Arabes du Golfe .
En plus de la réponse de Mauser sur le moral, le commandement, l'interopérabilité, l'entraînement, l'adéquation des armements, des troupes et des manoeuvres au terrain et le renseignement, on peut aussi évoquer le niveau d'instruction (scolaire, technique) des troupes.
Même à armes et effectifs identiques, un soldat instruit est aussi efficace que plusieurs, voire plusieurs dizaines de soldats ennemis moins instruits que lui.
Dans
Perspectives économiques & stratégiques - La réalité du monde, Hubert de Beaufort et Jacques de Zélicourt calculent un "indice de technostructure", une sorte d'indice de technicité ou d'instruction des populations en divisant le PIB par l'énergie dépensée pour l'obtenir (avec quelques variables telles que le taux de natalité, etc.). Cet indice est environ dix fois supérieur chez les pays développés à ceux des pays sous-développés. Et selon les auteurs, un système d'arme ou un soldat bénéficie d'un coefficient de technicité globalement propre à son propre pays.
Citer :
Le peu de résistance opposé par les armées irakiennes à l'offensive alliée n'a pas manqué de surprendre les opinions publiques auprès desquelles s'était accréditée l'idée, souvent reprise par les médias, que l'Irak était la quatrième puissance militaire mondiale. [...] Les apparences avaient masqué les réalités. La puissance militaire est, en effet, une notion complexe, changeante et difficile à saisir.
Pendant de long siècles, les grandes armées ont été le symbole de la puissance des nations. Au simple total des hommes combattant individuellement à l'arme blanche sont venus progressivement se substituer d'autres éléments d'appréciation : nombre de machines de guerre, de formations dotées d'un même type d'armement et d'équipement, etc.
Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, la puissance militaires des antagonistes s'évaluait en nombre de divisions mais aussi en nombre de matériels majeurs : chars, pièces d'artillerie, avions, porte-avions, sous-marins et en capacité de soutien logistique et de transport.
L'entrée en jeu de l'atome introduisit un nouveau critère : la capacité de destruction, exprimée en mégatonnes ou en nombre d'ogives, des arsenaux nucléaires.
Après la guerre du Golfe, où ce n'est pas l'atome qui a joué le premier rôle, mais les armements classiques sophistiqués, l'impact majeur de la haute technologie ne peut être dénié. [...] Le mégaoctet prend plus d'importance que la mégatonne...
[...]
Indépendemment des facteurs quantifiables et relativement stables dans le temps que sont la richesse économique, la puissance industrielle, le nombre et les performances des armes et des équipements, d'autres facteurs, plus difficiles à appréhender, interviennent pour majorer ou minorer la puissance militaire.
Le facteur humain tout d'abord. La qualité des hommes, leur niveau d'instruction, leur degré de formation militaire et d'entraînement déterminent en partie la capacité opérationnelle des unités.
[...]
Admettre l'importance de la notion de technostructure c'est comprendre le déroulement paraissant inattendu de la guerre du Golfe.
En retenant l'indice de développement 100 pour la Suisse et 80 pour le Japon, l'indice de technostructure des Etats-Unis tourne autour de 50 et celui de l'Irak autour de 5. Le rapport de valeur des systèmes d'organisation socio-économique entre les deux pays permet de constater une différence de 10 à 1. Cette supériorité orhanisationnelle des USA a été démontrée par l'extraordinaire performance de la logistique américaine, capable en quelques mois, de transporter, faire vivre et combattre un corps expéditionnaire de 500.000 hommes.
Si, maintenant, on se rappelle que l'armée américaine disposait d'une panoplie de dix systèmes d'armes majeurs contre deux, effectivement utilisés, pour leurs adversaires (chars, artillerie), le rapport qualitatif des forces passe de 50 à 1.
1991, Perspectives économiques & stratégiques - La réalité du monde, 66-69
Et l'Irak était de loin le pays arabe le plus instruit et le plus technique de cette époque !
Le raisonnement des auteurs expliquerait comment un pilote israélien, qui bénéficie du niveau d'instruction de son pays, pouvait damner le pion à plusieurs dizaines de pilotes arabes dans des avions équivalents durant les guerres israélo-arabes. Il pilotait infiniment mieux parce qu'il était plus en adéquation technique et intellectuelle avec son avion. Ce serait aussi valable pour un fantassin et son équipement sophistiqué.
Le soldat irakien moyen, peu instruit dans des écoles où de nombreux sujets sont (politiquement) interdits ou (culturellement) tabous, ayant peu accès à une technologie que son pays est incapable de penser et produire, est peu efficace face à un soldat issu d'un pays développé, dont l'intelligence s'est davantage développée au contact d'un enseignement plus ouvert et d'une technologie plus avancée.
Dans la guerre du Golfe, les troupes occidentales bénéficiaient donc :
- d'un avantage politique et moral face à des fantassins irakiens qui, au mieux, lâchaient leurs champs pour défendre le tyran, au pire, culpabilisaient sur l'agression du Koweit ; notez que les alliés saoudiens et, surtout, koweitiens bénéficiaient aussi de cet avantage moral dans la perspective d'une revanche ou d'une guerre de libération nationale ;
- d'un avantage sur le commandement : dans les petits échelons, les fantassins occidentaux ont plus d'initiative et de liberté que les soldats d'un régime tyranniques ; leur liaison avec le commandement étaient performantes tandis que celle de l'armée irakienne était inopérante ; les commandants occidentaux sont performants en stratégie tandis que les commandants irakiens étaient incompétents et sous perfusion soviétique (leur stratégie était connue et fut aisément contrecarrée) ;
- d'un avantage sur l'entraînement des troupes : plus instruites et techniques, mieux formées au combat et aux armes, mieux choisies, mieux utilisées ;
- d'un avantage stratégique : meilleures armes, plus adaptées, mieux utilisées alors que les deux principales armes irakiennes étaient clouées par les stratèges irakiens en personne (les blindés enterrés sous le sable et l'aviation offerte aux Iraniens...
) ;
- d'un avantage sur le renseignement avec un maquis allié en Irak (chiites et kurdes) et au Koweit, les interceptions de communication, les satellites et, grâce à l'entêtement de Saddam Hussein, un plan de combat irakien sans aucune surprise.
Avec de tels avantage, même les alliés arabes, aux troupes aussi mal préparées que les Irakiens, ont pu balayer leurs ennemis irakiens. Face aux troupes occidentales, les pertes ont été monumentales. Et encore les soldats alliés n'eurent-ils qu'à cueillir des Irakiens harrassés par les bombardements et la propagande. A la limite, se rendre après un tel traitement était une délivrance.
Comme dans les guerres israélo-arabes ou celle des Malouines, le rapport de forces (effectifs, matériels) sur le papier était globalement en faveur des pays sous-développés, mais le principe de réalité a démontré une substantielle supériorité du soldat technicien et instruit sur les combattants issus des pays sous-développés.
Ca laisse songeur sur la surprise qu'auraient pu avoir les armées du Pacte de Varsovie en cas de guerre conventionnelle avec l'Occident. L'URSS et ses satellites se leurraient et leurraient le monde sur leurs performances économiques et techniques. Un pays similaire, la Serbie, ne tarderait pas à en faire l'expérience en 1999.
Moralité : au XXe siècle, les bons soldats sortent des bons systèmes scolaires.