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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 23 Juil 2010 20:07 
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Pierre de L'Estoile
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Narduccio a écrit :
Dans les films, on montre ce qui est spectaculaire, mais quand on fait bien attention, on remarque que si un trou se forme suite à un boulet (et on voit spectaculairement tomber 4 ou 5 personnes) en fait, la ligne reste assez homogène. Les pertes sont assez faibles et ne doivent pas correspondre à 10 ou 15 % des soldats de première ligne. Ce qui fait un pourcentage très faible, par rapport à nos armes modernes.
Possible. Mais la scène ne me paraît pas réaliste. Quand les soldats sont à la portée de tir de leurs adversaires, ces derniers le sont à la leur, car les fusils ne sont pas très différents. Donc, quand les hommes commencent à tomber, il n'y a que deux possibilités : soit on met baïonnette au canon et on charge, soit on rétablit les rangs et on commence à tirer.

En revanche, quand un régiment est sous un feu d'artillerie, là, oui, il doit marcher stoïquement en gardant sa cohésion. De toutes façons, le feu est sporadique. Il faudra attendre les guerres de l'Empire pour voir de grandes batteries d'artilleries, concentrées en un point précis du champ de bataille.

Sir Peter a écrit :
Certains disaient que l'armée qui gagnait n'était pas celle qui avait le moins de pertes mais celle qui restait rangée en bon ordre
En effet, le total des pertes n'est jamais significatif. De toutes façons, les soldats ont beaucoup plus de chance de mourir de maladie plus ou moins honteuse que de trépasser au champ d'honneur :wink: De plus, comme les mouvements de troupes sont pesants, l'ennemi vaincu est peu poursuivi et a donc de bonnes chances de se rallier. Comme le souligne bien de Saxe, cavalerie et infanterie sont séparées, et aucune de ces deux armes ne peut faire grand-chose sans le soutien de l'autre. De Saxe préconise donc la formation en légions, regroupant les deux armes. Avec Napoléon, les dernières guerres de la Révolution et celles de l'Empire verront arriver la division, rassemblement des trois armes (avec l'artillerie en plus) capable d'agir en toute indépendance.

L'obsession de l'ordre est également intéressante. Elle se fonde sur une réalité : une troupe qui garde sa cohésion et exécute les ordres ne se débandera pas et restera maîtresse du champs de bataille. Mais en plus, elle assimile la guerre à une mécanique, où la géométrie tient plus de place que le morale des troupes. Il n'y a qu'à voir les planches de de Saxe, et bien d'autres manuels détaillant par le menu les manœuvres à effectuer pour faire passer les troupes de l'ordre de marche à celui de bataille.
Après tout, le soldat est un mercenaire dont on n'attend aucun élan patriotique, mais de la discipline - enseignée à coups de triques comme dans Barry Lyndon >:) - et l'exécution précise des ordres.
Ce n'est qu'un matériau entre les mains du général, mais un matériau rare. Avec les guerres de la Révolution et de l'Empire, le soldat est beaucoup plus impliqué, et est capable d'héroïsme. Mais les généraux disposent désormais d'une source presque inépuisable et il devient du coup beaucoup plus sacrifiable.

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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 23 Juil 2010 20:48 
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Nebuchadnezar a écrit :
Narduccio a écrit :
Dans les films, on montre ce qui est spectaculaire, mais quand on fait bien attention, on remarque que si un trou se forme suite à un boulet (et on voit spectaculairement tomber 4 ou 5 personnes) en fait, la ligne reste assez homogène. Les pertes sont assez faibles et ne doivent pas correspondre à 10 ou 15 % des soldats de première ligne. Ce qui fait un pourcentage très faible, par rapport à nos armes modernes.
Possible. Mais la scène ne me paraît pas réaliste. Quand les soldats sont à la portée de tir de leurs adversaires, ces derniers le sont à la leur, car les fusils ne sont pas très différents. Donc, quand les hommes commencent à tomber, il n'y a que deux possibilités : soit on met baïonnette au canon et on charge, soit on rétablit les rangs et on commence à tirer.


Il y en a une troisième, on approche à une distance de tir plus efficace et on décharge tous les fusils d'un coup avant de charger.

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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 23 Juil 2010 23:37 
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Philippe de Commines
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Nebuchadnezar a écrit :
Après tout, le soldat est un mercenaire dont on n'attend aucun élan patriotique, mais de la discipline - enseignée à coups de triques comme dans Barry Lyndon >:) - et l'exécution précise des ordres.
Ce n'est qu'un matériau entre les mains du général, mais un matériau rare. Avec les guerres de la Révolution et de l'Empire, le soldat est beaucoup plus impliqué, et est capable d'héroïsme. Mais les généraux disposent désormais d'une source presque inépuisable et il devient du coup beaucoup plus sacrifiable.

Ho ça, ça dépend dans quelle armée on se trouvait, mon cher... :)
Peut-être que ça c'est passé ainsi chez les Français, du fait que la Révolution a introduit le concept intéressant de la conscription. En gros, l'Etat s'est octroyé le droit de réquisitionner une partie de la population afin de l'obliger à servir dans ses forces armées...

Notez bien que le service militaire obligatoire peut être effectivement considéré comme l'occasion donnée au citoyen de servir sa patrie... En fait, ce serait non seulement un devoir mais pratiquement un privilège !
Or, ce n'est pas du tout la vision des Anglo-Saxons : la conscription est traditionnellement ressentie comme une atteinte à la liberté individuelle. Voilà pourquoi - même au plus fort des guerres napoléoniennes - les Britanniques n'ont jamais adopté ce système au cours du 19e siècle ! Néanmoins ne nous leurrons pas : à côté des inévitables mercenaires, le gros de la troupe a toujours été constitué d'engagés volontaires.

Cette tendance est également observée chez les Américains... Au 19e siècle, la Guerre de Sécession est peut-être (je crois) la seule occasion au cours de laquelle on a tenté de recourir à la conscription aux Etats-Unis. C'était considéré comme une mesure extrêmement impopulaire et, d'ailleurs, je crois que ça n'a fonctionné que très médiocrement... Là encore, le gros de la troupe était constitué de gens qui s'engageaient contractuellement pour une durée donnée !
Il a fallu attendre le 20e siècle - et ses deux conflits mondiaux - pour que les pays anglo-saxons en viennent à adopter la conscription.

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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 24 Juil 2010 9:31 
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Jean Mabillon
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Il faut aussi penser que pour les Anglais l'essentiel de leur force c'est la marine et que, pour la nourrir en hommes,on a recours à la presse,les seuls volontaires sont les officiers.Quand au reste,les monarques sont d'origine des Provinces Unies puis du Hanovre,la monarchie hanovrienne va utiliser ses troupes germaniques et recourir à de très nombreux mercenaires,les Ecossais après Culloden,des Irlandais aussi.Pendant la guerre d'Amérique les américains au départ sont des volontaires(c'est quand même une insurrection) mais ils n'hésiteront pas à puiser parmi leurs prisonniers pour avoir aussi des mercenaires Hessois par exemple.
A la fin du règne de Louis Xiv la monarchie française a utilisé l'ancien système médiéval de levée de milices précurseur en quelque sorte de la conscription Pour ajouter à la complexité de l'ensemble,il ne faut pas oublier qu'en période de paix tous les soldats ne sont pas encasernés et qu'à Paris ils exercent très souvent un autre métier,ils ne doivent être présents à la caserne que lors des revues et encore certains ne s'y présentent pas et écopent des amendes,Les Suisses par exemple sont souvent dans les métiers du vin,du cabaret,ce qui éclaire les propos du duc de Brunswick "Une armée de tailleurs et de savetiers"....(Sur ce point.il y a une excellente thèse de Jean Chagniot "Paris et l'armée au XVIIIième siècle-étude économique et sociale")


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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 24 Juil 2010 11:00 
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Jean Mabillon
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Sir Peter a écrit :
.Pendant la guerre d'Amérique les américains au départ sont des volontaires(c'est quand même une insurrection) mais ils n'hésiteront pas à puiser parmi leurs prisonniers pour avoir aussi des mercenaires Hessois par exemple.

lire plutôt Brunswickois notamment utilisés dans le petit corps de la Rouërie


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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 25 Juil 2010 10:57 
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Pierre de L'Estoile
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Lord Foxhole a écrit :
Ho ça, ça dépend dans quelle armée on se trouvait, mon cher... :)
Certes. Il n'empêche que les guerres de la Révolution et de l'Empire traduisent un changement d'échelle par rapport aux guerres en Dentelles, et ce changement se répercute dans toute l'Europe. On passe d'armée de 50 000 hommes à des masses de 200 0000 à 300 000 hommes, voire, pour la Grande Armée, à 1 million d'hommes. La démographie commence à jouer un rôle dans le potentiel militaire des États.

Narduccio a écrit :
Il y en a une troisième, on approche à une distance de tir plus efficace et on décharge tous les fusils d'un coup avant de charger.
C'est effectivement, une autre possibilité. Elle n'est possible qu'à partir du moment où apparaissent les baïonnettes emmanchées sur une bague, et non directement dans le canon. Mais je reste tout de même dubitatif : si le feu n'est pas très efficace, il me semble beaucoup plus avantageux de garder son feu pour le contact, et de tirer à bout portant, après avoir chargé.

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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 25 Juil 2010 16:08 
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Nebuchadnezar a écrit :
Mais je reste tout de même dubitatif : si le feu n'est pas très efficace, il me semble beaucoup plus avantageux de garder son feu pour le contact, et de tirer à bout portant, après avoir chargé.


D'où l'intérêt d'avance en formation au plus prêt de l'adversaire. Pendant que celui-ci gaspille ces munitions sur vos soldats et qu'il n'en touche qu'un faible pourcentage, vous gardez la potentialité létale de toutes vos armes chargées ...

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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 25 Juil 2010 16:27 
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Philippe de Commines
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Nebuchadnezar a écrit :
Lord Foxhole a écrit :
Ho ça, ça dépend dans quelle armée on se trouvait, mon cher... :)
Certes. Il n'empêche que les guerres de la Révolution et de l'Empire traduisent un changement d'échelle par rapport aux guerres en Dentelles, et ce changement se répercute dans toute l'Europe. On passe d'armée de 50 000 hommes à des masses de 200 0000 à 300 000 hommes, voire, pour la Grande Armée, à 1 million d'hommes. La démographie commence à jouer un rôle dans le potentiel militaire des États.

C'est vrais...
Mais, en fait, la démographie a joué son rôle bien avant le 19e siècle.
Déjà, à la fin du 17e siècle, les effectifs militaires totaux de Louis XIV pouvaient flotter temporairement autour de 500.000 hommes. Ce n'était pas qu'une question de richesse et d'organisation... La France pouvait se le permettre parce que sa population était déjà d'environ 20 millions de personnes.
A titre d'exemple, la Grande-Bretagne était trois ou quatre fois moins peuplée... Et, donc, vouloir lever une armée aussi imposante que celle de la France était un objectif totalement hors de sa portée. Néanmoins, il est un fait certain que la situation a ensuite évolué, surtout au cours du 19e siècle.

Néanmoins, l'entretien de 500.000 militaires - même pour la France de Louis XIV - était une charge considérable. Rien d'étonnant à ce que les guerres de l'époque aient pratiquement mené le royaume à la ruine... Et, de fait, au 18e siècle, il me semble que les successeurs de Louis XIV se soient montrés nettement plus modestes dans ce domaine.

Maintenant, en ce qui concerne la façon dont les officiers considéraient les soldats « de base », il ne faut pas oublier non plus certaines évidences sociales... L'officier était généralement un aristocrate (qui achetait sa charge), tandis que le gros de la troupe était d'origine populaire ! Je n'affirmerai jamais que tous les nobles étaient durs, hautains, et restaient insensibles face aux souffrances de leurs hommes...
Mais il est notoire que dans ce système, tous les hommes n'avaient pas la même valeur. D'où, sans doute, une tendance à ne pas trop se soucier du sort du soldat en général, mais également des blessés, des prisonniers, etc.

Là encore, la situation a complètement changé en France, avec la Révolution, vu que l'aristocratie a pratiquement disparu du corps des Officiers... Issus eux-mêmes du rang, la plupart des généraux d'Empire entretenaient des relations totalement différentes avec les soldats. Mais, bon... Après Napoléon, rappelons qu'il y a eu la Restauration.

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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 25 Juil 2010 16:43 
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Lord Foxhole a écrit :
Là encore, la situation a complètement changé en France, avec la Révolution, vu que l'aristocratie a pratiquement disparu du corps des Officiers... Issus eux-mêmes du rang, la plupart des généraux d'Empire entretenaient des relations totalement différentes avec les soldats. Mais, bon... Après Napoléon, rappelons qu'il y a eu la Restauration.


Dans de nombreuses armées, dont l'armée française, il y avait déjà pas mal de non-nobles parmi les officiers de certaines armées. C'était le cas dans la marine et l'artillerie.

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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 25 Juil 2010 19:39 
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Jean Mabillon
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Un bel exemple de simple soldat devenu général sous Louis XV François Chauvert voici ce qu'en dit Wiki .Je l'ai découvert moi même en allant à St Eustache
François de Chevert
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
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Cet article est une ébauche concernant le domaine militaire.
Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants.

François Chevert (né le 2 février 1695 à Verdun - mort le 24 janvier 1769 à Paris) fut un général de Louis XV.
Dans l'église Saint-Eustache

Engagé comme simple soldat en 1706, il devint commandant dans le Régiment de Beauce à Toul en 1728, puis en 1739 lieutenant colonel. Il s'était distingué lors de campagnes en Flandres, dans le Piémont et en Allemagne. À la tête de ses grenadiers, il prend une part décisive lors du siège de Prague par le comte de Saxe, en 1741. L'année suivante, il défend cette même citadelle pendant 18 jours, avec 1800 hommes, contre toute l'armée autrichienne, et ne capitule qu'aux conditions les plus honorables.

Promu brigadier-général, il participe à la campagne du Dauphiné et remporte la bataille de Châteaudauphin, ce qui lui vaut d'être promu maréchal de camp en 1744. Au cours de la campagne de Provence, il s'empara de l'Île Sainte-Marguerite, gagnant les galons de lieutenant-général en 1748. Il commande l'aile française lors de la victoire d'Hastenbeck, puis lors de la victoire de Lutterburg l'année suivante.

Au cours de sa longue carrière, Chevert ne connut qu'un seul revers, à la bataille de Meer (ou Mehr) en 1758.

Il fut fait Chevalier de Saint-Louis en 1742, alors qu'il n'était que simple commandant d'un régiment. Il fut reçu commandeur de cet ordre en 1754, Grand Croix en 1758 puis chevalier de l'Aigle Blanc de Pologne la même année. Il était gouverneur militaire de Givet et Charlemont lorsqu'il mourut.

Un monument à sa mémoire a été élevé en 1771 en l'église Saint-Eustache (Paris).


Anecdote [modifier]

25 novembre 1741 : l'armée française assiégeait Prague. De deux côtés, des armées ennemies, supérieures en nombre, s'avançaient contre elle et n'étaient plus qu'à cinq lieues. Elle était perdue si elle ne s'emparait promptement de Prague. Point de retraite à travers des montagnes couvertes de neige, point de vivres, pas une seule forteresse de refuge. Le maréchal de Saxe résolut de donner immédiatement l'assaut pendant la nuit. Chevert, alors colonel, fut chargé de diriger la véritable attaque, tandis que deux fausses attaques appelaient sur d'autres points les forces des assiégés. C'est alors qu'eut lieu, entre Chevert et un grenadier intrépide de son régiment, ce dialogue d'une simplicité héroïque : - Vois-tu cette sentinelle là devant ? - Oui, mon colonel. - Elle va te dire : qui va là ? ne réponds rien, mais avance. - Oui, mon colonel. - Elle tirera sur toi et te manquera. - Oui, mon colonel. - Tue-la, et je suis là pour te défendre.

Le grenadier s'avance, est manqué par la sentinelle, la tue; Chevert le suit; on est sur le rempart; une porte est enfoncée. Le maréchal entre dans la ville. La garnison met bas les armes. Et cette conquête, qui sauva l'armée française, n'a pas coûté cinquante hommes. ("Livre de morale pratique", Th. H. Barrau, Hachette et Cie - 1852)
Source [modifier]


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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 26 Juil 2010 18:57 
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Narduccio a écrit :
Lord Foxhole a écrit :
Là encore, la situation a complètement changé en France, avec la Révolution, vu que l'aristocratie a pratiquement disparu du corps des Officiers... Issus eux-mêmes du rang, la plupart des généraux d'Empire entretenaient des relations totalement différentes avec les soldats. Mais, bon... Après Napoléon, rappelons qu'il y a eu la Restauration.

Dans de nombreuses armées, dont l'armée française, il y avait déjà pas mal de non-nobles parmi les officiers de certaines armées. C'était le cas dans la marine et l'artillerie.

L'armée jouait donc un rôle d' « ascenseur social » au 18e siècle ? :)

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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 26 Juil 2010 21:12 
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Jean Mabillon
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Sans aucun doute s'il n'y avait eu la réaction nobiliaire qui allait bloquer sous Louis XVI nombre d'excellents éléments dans les rangs des sous officiers qui deviendront les ardents et talentueux défenseurs de la République.Ce qui ne veut aucunement dire que les officiers à X quartiers de noblesse étaient forcément des incompétents


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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 26 Juil 2010 22:20 
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Lord Foxhole a écrit :
Mais, en fait, la démographie a joué son rôle bien avant le 19e siècle.
Déjà, à la fin du 17e siècle, les effectifs militaires totaux de Louis XIV pouvaient flotter temporairement autour de 500.000 hommes. Ce n'était pas qu'une question de richesse et d'organisation... La France pouvait se le permettre parce que sa population était déjà d'environ 20 millions de personnes.
La France tire avantage de sa position de première puissance démographique jusqu'au XVIIIe siècle. Curieusement, avec les guerres de l'Empire, elle trouve le moyen de l'exploiter à fond au moment où la tendance s'inverse : la Russie la rattrape et l'Angleterre voit sa population exploser.

Citer :
Néanmoins, l'entretien de 500.000 militaires - même pour la France de Louis XIV - était une charge considérable. Rien d'étonnant à ce que les guerres de l'époque aient pratiquement mené le royaume à la ruine... Et, de fait, au 18e siècle, il me semble que les successeurs de Louis XIV se soient montrés nettement plus modestes dans ce domaine.
Effectivement, les guerres du Grand Siècle sont déterminées moins par les résultats des armées sur les champs de bataille que par la situation économique des belligérants. Un wargame, Europa Universalis, prenait ça en compte.
Avec les guerres en Dentelles, il y a un réel effort logistique pour que les guerres ne détériorent pas l'économie.
De là quelques choix stratégiques, comme le peu de moyens consacrés à la défense des quelques arpents de neige du Québec. :'(

Citer :
Je n'affirmerai jamais que tous les nobles étaient durs, hautains, et restaient insensibles face aux souffrances de leurs hommes...
En même temps, aucun officier n'ignorait le rôle du moral dans la tenue des troupes au feu, déjà mentionnée par Machiavel dans son Art de la guerre, deux siècles plus tôt. Les guerres en dentelle ne sont pas marquées par des massacres et des sacrifices inutiles.

Citer :
Mais il est notoire que dans ce système, tous les hommes n'avaient pas la même valeur. D'où, sans doute, une tendance à ne pas trop se soucier du sort du soldat en général, mais également des blessés, des prisonniers, etc.
Les prisonniers nobles avaient toujours la possibilité d'être prisonniers sur parole, c'est-à-dire qu'ils étaient libérés en échange de leur parole de ne pas reprendre les armes. En France, cette possibilité sera étendue à une bonne part des officiers jusqu'à la guerre de 1870.

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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 04 Août 2010 11:17 
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Eginhard
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L’art de la guerre au 18é siècle si c’est votre question c’est un peu plus complexe que les lignes et les carrés.
Avant toutes choses il faut rappeler quelques vérités :
Durant ce siècle le fusil Européen ne va pas connaître des transformations fondamentales.
Le fusil rayé existait sous le nom de carabine (carabine de Versailles par exemple) Si sa porté ne dépassait pas celle du fusil lisse (200m environ) sa précisons dans les 10 premiers coups était bien supérieure.
La cadence de rechargement pour le fusil de munition (fusil réglementaire de l’infanterie) ne dépasse pas les 3 coups minute pour une arme rayée c’est ente 1 et presque 2 coups au mieux. Il faut forcer la balle au maillet tout le long du tube
Ceci ne vaut pas pour les insurgés américains avec leurs fusils rayés en calibre bien plus faible 11 à 12 mm contre les 18 à19 des armes de l’époque.
Les anglais vont en tirer un corps spécifique qui ne possède pas les attributs colorés de l’époque ni le feu par ligne. Leur mission tuer les officiers si possible leur nom le green jacket une des première tentative de camouflage
Les armes des soldats sont dépourvues de hausse ou de cran de mire C’est le pouce qui en tient lieu.
Le propulsif de l’époque c’est la poudre noire grossière autant dire qu’après quelques salves la visibilité était quasiment nulle. Il nous en reste un « troping colors » fastueux de la cour d’Angleterre Mais en France nous procédions de même d’où le prestige du porte drapeau.
Le commandement se faisait à la voix et par sonnerie de trompette ou roulement de tambour. Ce qui implique une forte densité de combattant au mètre (en fait il faut attendre Felin et consort pour avoir un soldat autonome)
Le canon porte plus loin que le fusil (il faut attendre 1860 pour une brève inversion)
La cavalerie peut ou non briser un carré Mais sa première fonction est autre couvrir les mouvements de la troupe à pied et accessoirement détecter ceux de l’adversaire.
Si vous suivez le Maréchal de Saxe elle conduit à la petite guerre, ce que nous baptisons de nos jours Opération Spéciale ou action de commandos.
Avant la révolution française les troupes étaient mercenaires ou soldée. Passons pour l’instant sur la qualité mais de telles troupes coûtaient cher dons il fallait à tout prix minimaliser les pertes. La guerre en dentelle même sanglante ne peut rejoindre les massacres napoléoniens.
Une telle armée vivait sur une chaîne de magasin autant dire que son autonomie ne dépassait pas les 5 jours de marche (100 KM environ)
Si la rencontre en rase campagne n’est pas rare le SIEGE reste le LA de cette époque une place forte enlevée correspondrait de nos jours à une rupture logistique majeure.
Revenant de villégiature c’est tot ce qui me vient de mémoire en attendant une question précise


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 Sujet du message : Re: technique de combat XVIIIe
Message Publié : 11 Août 2010 10:30 
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Salluste
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Pour répondre à Narduccio, c'est à Sratoga que les Insurgents ont tirés les officiers anglais comme des lapins (à noter que les franco-canadiens usaient de tactique similaires de guerre d'embuscade au début de la Guerre Franco-Indienne pour reprendre la terminologie Nord Américaine.

A propos des phases de tir, l'anecdote de Fontenoy ("Messieurs les Français, tirez les premiers") rappelle en fait la difficulté de l'alternance phase de feu et de choc. Que la phrase ait été réellement dite ou pas n'a pas d'importance, elle illustre la situation tactique : les anglais sont à l'offensive, ils arrivent devant les lignes françaises : le premier qui tire le fera à plus longue distance et n'aura peut être pas le temps de recharger avant le choc. Le second pourra le faire à plus courte portée (plus courte distance) voire juste avant le corps à corps avec des conséquences dévastatrices.

L'utilité du feu est de faire baisser la cohérence de l'unité adverse,et là on en revient aux hoplites. Sauf très rares cas, c'est généralement le choc final qui apportera la décision (y compris pour des armées orientées feu comme les anglais à Culloden qui en appliquant un feu impitoyable mais en ayant appris à supporter les choc en modifiant la formation du mur de bayonnette finira par écraser une armée plus adaptée au choc). Parce que quand les lignes/colonnes se rencontrernt, pour optimser la puissance d'Elan il faut la masse d'hommes la plus serrées (afin d'éviter que des tirailleurs se glissent dans les lignes ou qu'un homme fasse face à deux adversaires), la plus impressonante.

toujours en amérique du Nord, dans les plaines d'Abraham, l'incompréhension entre les techniques des réguliers français (en ligne comme en Europe) et des canadiens (Tirs couchés plus dispersé) a accentuer les desordre :imaginez vous attaquer en ligne, subissant les tirs des Redcoats qu'il va falloir approcher au choc, et vous voyez des gens devant vous s'allonger pour tirer. Que faites vous? On leur marche dessus pour garder la formation, on attend.... La mauvaise coordination a franchement aidé les anglais (qui avais déjà l'ascendant),, un meilleur travail d'équipe (centre en ligne, des ailes volantes couchées, ou un ordre oblique lignes /tirailleurs qui assez précis faisait des ravages et avaient laissés de mauvais souvenirs au britishs les années précédentes) aurait peut être un peu amélioré la sauce.


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