Narduccio a écrit :
Dans les films, on montre ce qui est spectaculaire, mais quand on fait bien attention, on remarque que si un trou se forme suite à un boulet (et on voit spectaculairement tomber 4 ou 5 personnes) en fait, la ligne reste assez homogène. Les pertes sont assez faibles et ne doivent pas correspondre à 10 ou 15 % des soldats de première ligne. Ce qui fait un pourcentage très faible, par rapport à nos armes modernes.
Possible. Mais la scène ne me paraît pas réaliste. Quand les soldats sont à la portée de tir de leurs adversaires, ces derniers le sont à la leur, car les fusils ne sont pas très différents. Donc, quand les hommes commencent à tomber, il n'y a que deux possibilités : soit on met baïonnette au canon et on charge, soit on rétablit les rangs et on commence à tirer.
En revanche, quand un régiment est sous un feu d'artillerie, là, oui, il doit marcher stoïquement en gardant sa cohésion. De toutes façons, le feu est sporadique. Il faudra attendre les guerres de l'Empire pour voir de grandes batteries d'artilleries, concentrées en un point précis du champ de bataille.
Sir Peter a écrit :
Certains disaient que l'armée qui gagnait n'était pas celle qui avait le moins de pertes mais celle qui restait rangée en bon ordre
En effet, le total des pertes n'est jamais significatif. De toutes façons, les soldats ont beaucoup plus de chance de mourir de maladie plus ou moins honteuse que de trépasser au champ d'honneur
De plus, comme les mouvements de troupes sont pesants, l'ennemi vaincu est peu poursuivi et a donc de bonnes chances de se rallier. Comme le souligne bien de Saxe, cavalerie et infanterie sont séparées, et aucune de ces deux armes ne peut faire grand-chose sans le soutien de l'autre. De Saxe préconise donc la formation en légions, regroupant les deux armes. Avec Napoléon, les dernières guerres de la Révolution et celles de l'Empire verront arriver la division, rassemblement des trois armes (avec l'artillerie en plus) capable d'agir en toute indépendance.
L'obsession de l'ordre est également intéressante. Elle se fonde sur une réalité : une troupe qui garde sa cohésion et exécute les ordres ne se débandera pas et restera maîtresse du champs de bataille. Mais en plus, elle assimile la guerre à une mécanique, où la géométrie tient plus de place que le morale des troupes. Il n'y a qu'à voir les planches de de Saxe, et bien d'autres manuels détaillant par le menu les manœuvres à effectuer pour faire passer les troupes de l'ordre de marche à celui de bataille.
Après tout, le soldat est un mercenaire dont on n'attend aucun élan patriotique, mais de la discipline - enseignée à coups de triques comme dans Barry Lyndon
- et l'exécution précise des ordres.
Ce n'est qu'un matériau entre les mains du général, mais un matériau rare. Avec les guerres de la Révolution et de l'Empire, le soldat est beaucoup plus impliqué, et est capable d'héroïsme. Mais les généraux disposent désormais d'une source presque inépuisable et il devient du coup beaucoup plus sacrifiable.