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 Sujet du message : La guerre en dentelles
Message Publié : 16 Jan 2012 11:33 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 16 Jan 2012 11:12
Message(s) : 3
Une hypothèse sur l'origine de l'expression "Guerre en dentelles".

Elle proviendrait du titre d'un recueil de contes épiques "La guerre en dentelles" écrit dans les années 1890 par un certain Georges d'Esparbès. Le thème : l'héroïsme du soldat français.

Je n'ai trouvé l'expression "Guerre en dentelles" dans aucun ouvrage du 18 ou du 19ème siècle. Elle n'apparaît qu'au 20ème siècle.

Elle correspond si bien à "Messieurs les anglais, tirez les premiers, c'est-à-dire à la totalité de ce que nous savons sur les guerres sous Louis XV qu'elle a été adoptée sans autre forme de procès.

L'Académie française vient de faire entrer l'expression dans son dictionnaire (neuvième édition) et je viens d elui écrire à ce propos


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Message Publié : 02 Mars 2013 16:53 
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Polybe
Polybe

Inscription : 01 Mars 2013 11:49
Message(s) : 81
La Petite Guerre au XVIIIe voilà un sujet qui ne peut que me passionner. J'ai donc dévoré à plusieurs reprises votre ouvrage. La découverte du manuscrit de Beausobre mériterai sans doute une publication particulière.

Vous commencer votre ouvrage par les problèmes de sémantique posés par l'ensemble des noms ou qualificatifs divers que l'on retrouve chez les auteurs du XVIIIe pour parler de ce type d'action de guerre. Vaste et très utile sujet et les auteurs, comme vous le démontrez fort justement, ne font rien pour nous rendre la lecture aisée.

P19 , 25, 27 à propos des partis et partisans

Les partis de l'armée sont bien différents des partisans

Partis et partisans font partie des nombreux acteurs de la petite guerre. Très utilisés au XVIIe déjà moins au début du XVIIIe, ils vont disparaître au profit des détachements pour les premiers et les troupes légères pour les seconds.
Partis et partisans appartiennent à ce que l'on pourrait définir comme une première période, qui irait du milieu du XVIIe au début du XVIIIe et qui voit le déclin des troupes de partisans et la naissance des hussards et des troupes légères soldées. (quand finit cette période ? Pas évident à déterminer; entre 1740-1748 ?).
L'examen des états militaires à ce titre est intéressant. Lémau de la Jaisse en 1734 fait état de « compagnies franches et de partisans » d'infanterie ou de dragons, troupes pour la petite guerre précise-t-il, mais à partir de 1740 il ne conserve que les termes de « compagnies franches » d'infanterie ou de dragons le terme de partisans a disparu. Puis dans les états des troupes de France de JVB en 1742 ce sont devenus des troupes légères, les volontaires Royaux sont formés des anciennes compagnies franches. JVB en 1753 une partie des troupes légères prennent le nom de volontaires: de Friese , Cantabres, de Flandres…

Des partisans:
La fin du règne de Louis XIV il y a encore beaucoup de sièges et proportionnellement peu de batailles (mais cela va s'inverser progressivement). On se bat surtout sur les frontières en Flandre, près des places fortes frontalières où sont parquées les très lourdes pièces de sièges. L'armée régulière est lente, aussi fait on appel à des troupes de partisans, de façon ponctuelle durant une campagne qui est en général la durée de leur contrat, les campagnes s'arrêtant en théorie de fin octobre à début mai, on retrouve dans les relations de l'époques de nombreuses actions même durant l'hiver. Leur mission principale est la la prise ou la destruction des subsistances ennemies de menacer leur lignes, de créer de l'insécurité chez l'ennemi assurant par contre coup de la sécurité dans nos lignes, ils commencent à servir d'éclaireurs de l'armée et d'informateurs mais la confiance qu'on leur fait est très relative. Decker dans son ouvrage De la petite guerre décrit très bien cette guerre de partisans: « Le but principal de toute guerre de partisans est de porter à l'ennemi des coups sensibles, sur des points où l'on ne peut l'atteindre avec des masses; de le harceler, de le tourmenter, de le tenir sans cesse en alerte, de lui rendre, pour ainsi dire, la vie dure, sans beaucoup risquer soi même. »
Les partisans ou les compagnies franches ne sont pas directement soldées par le roi, le roi paye leur chef, a charge pour lui de trouver des hommes, éventuellement de les recruter par une gratification. Pour Trévoux : une compagnie franche « c'est un corps qui n'est pas en régiment et qui prend les ordres de son capitaine. » pas du roi. On n'est pas regardant sur les origines de ces troupes, beaucoup sont des déserteurs, des aventuriers, et par leur comportements vis à vis des populations civiles certaines compagnies sont proches des bandes de la guerre de Trente ans qui semèrent la terreur, car une des caractéristique de ces compagnies c'est la notion de butin qui explique certains comportements. Le bilan de leur utilité reste contrasté: de très efficace à catastrophique par manque total d'organisation militaire de tactique qui les fait échouer. Les hussards créés à cette période constituent la première forme de troupe légère régulière maintenue sur pied et soldée même en temps de paix. Tous les auteurs militaires français parlent des hussards Autrichiens qui ruinent les convois, coupent leurs communications ...

La Croix marquis de Castries dans son Traité de la petite guerre
 a propos des compagnies franches écrit « Les compagnies franches avant la paix de Riswick, n’étaient occupées qu’à faire des diversions et des courses dans les pays ennemis, à les mettre à contribution, à donner des nouvelles de la position, des marches, des mouvements et de la force des armées, à s’emparer des postes avantageux, et à enlever des troupes de leur garnison. Elles avaient leurs quartiers dans les villes et châteaux, d’où elles ne sortaient que pour ces sortes d’expéditions. Elles pouvaient, suivant l’exigence des cas, se transporter jusqu’à cinquante et soixante lieues : elles étaient composées de dragons et d’infanterie, les officiers étaient la plupart gens de fortune, mais braves et attentifs à mériter la confiance du chef. » C'est un des point qui va différencier partisans et parti: le rayon d'action. Les partisans sont autonomes, ils rayonnent sur de grandes distances. Les partis restent à proximité de la place d'où ils sont sortis ou de leur corps d'armée, leurs missions ne s'effectuent que sur quelques lieues autour de cette place.


Des partis

Un parti est une formation faite de troupe réglée, les soldats qui les composent retournent dans leurs corps respectifs aussitôt que leur mission est terminée. Les missions confiées aux partis sont en règles dangereuses, aussi il est fait appel surtout à des volontaires que l'on motiv par la possibilité de butins. C'est ici la seule exception règlementaire pour une troupe régler de faire des prises sur l'ennemi et de s'en partager les bénéfices; dans toutes les autres occasions toute prise est considérée comme du brigandage, du vol et sévèrement puni (dans les textes). L'organisation d'un partis est très règlementée ordonnances du 1er avril 1707, du 30 novembre 710, du 17 février 1753 et on en fait encore état dans celle du 1er mars 1768.
Feuquières dans ses Mémoires donne une définition assez complète d'un parti de guerre:

On fait sortir, de l'armée presque toutes les nuits des partis d'infanterie et de cavalerie. Leur objet général est d'être informé par eux de ce qui se passe dans le pays, et d'empêcher que ceux des ennemis n'en approchent.
Ceux qui sortent pour aller aux nouvelles, sont, suivant le pays où l'on est, ou d'un corps particulier, ou mêlés de cavalerie, de dragons, et même d'infanterie, et s'éloignant de l'armée, plus ou moins, suivant les vues du général.
Ceux qui sont destinés à éloigner les partis de l'armée, s'embusquent et se cachent soigneusement pour surprendre ceux des ennemis, et les battre. Outre ces partis d'infanterie, ou de cavalerie, suivant le pays pour lequel on les destine, il sort aussi d'autres partis des armées, destinés pour couvrir les flancs des convois, pour empêcher que l'ennemi n'interrompe les fourrages qu'on veut faire le lendemain, et pour faciliter au général la connaissance qu'il veut prendre, ou d'un camp avantageux, ou d'une marche , ou même de la situation du camp ennemi. Ces partis doivent être beaucoup plus forts que les autres, et posés suivant la nature du pays.
Ce sont là toutes les espèces différentes de partis que l'on fait sortir d'une armée, qui ont la guerre pour objet , et que l'on dit en général être des partis qui vont à la guerre. Tous ceux-ci sont commandés à l'ordre par le général ; et ceux qui les conduisent, reçoivent leurs instructions sur ce que l'on veut qu'ils exécutent , et qu'ils tâchent d'apprendre dans le pays où on les envoie.
Souvent ils sont commandés à tour du rôle , tant pour les officiers, que pour les soldats et cavaliers. Souvent aussi le général choisit, pour commander ces partis des officiers de bonne volonté, qui connaissent le pays dans lequel on les envoie, et qui aient assez de capacité , pour bien voir et connaître ce dont le général veut être instruit.
Il y a d'autres partis qui sortent de l'Armée, que l'on nomme volontaires. Comme ils n'ont presque toujours pour objet, que le gain particulier, soit sur les convois, soit sur les fourrageurs et pâtureurs de l'armée ennemie, ceux qui les commandent et les composent, se choisissent entr'eux, se proposant au Major général de l'infanterie , quand ils sont de ce corps? ( ce qui est presque toujours) lequel après s'être informé, premièrement de la capacité du commandant de ce parti et ensuite de la nature de son dessein, lui donne un passeport, afin qu'en cas qu'il soit pris, il se trouve avoué parti de guerre , et puisse être , ou racheté , ou échangé , s'il y a un Cartel de guerre entre les Princes.
Quand ces sortes de partisans font hardis et capables , et que le pays est un peu mêlé de bois , ils désolent une armée, qui ne prend pas toutes les précautions pour s'en garantir; qui sont celles dont j'ai parlé dans le chapitre des convois, des fourrages , et des pâtures.
Il y a encore une autre espèce de partis, tant de guerre, que volontaires. Ce sont ceux qui sortent des places. Leurs objets sont en grand nombre. Voici les principaux.
Un gouverneur craint d'être assiégé, et veut savoir précisément ses mouvements des ennemis, pour en donner avis au Prince et à son général. L'armée ennemie marche près de fa place. Il veut, pour savoir où et comment elle campera, faire des prisonniers , pour en apprendre quelque chose de particulier , et le faire savoir.
Il a ordre de faire sortir un convoi de sa place , pour joindre l'armée. Comme l'assemblée de ce convoi ne peut être inconnue à l'ennemi, il faut qu'il en assure le chemin jusqu'à portée de l'armée; et pour cela, il fait sortir plusieurs partis , qui fouillent le pays par lequel le convoi doit passer, qui s'informent des habitants du pays , et qui après avoir donné avis de tout ce qu'ils ont appris , s'embusquent en quelque lieu marqué pour protéger le convoi.
Si le gouverneur a ordre d'établir des contributions , il faut pour cela qu'il fasse craindre fa garnison, et fasse pénétrer tout le pays par de gros partis , pour l'établissement de la contribution. Ensuite , suivant qu'il se trouve craint, il fait sortir de petits partis seulement , pour l'exactitude des payements, et pour savoir ce qui se passe dans le pays ennemi. Les partis volontaires qui sortent des places étant de même nature que ceux des armées , et étant le même objet, il est inutile d'en parler.
La hardiesse du partisan qui attaque , décide presque toujours du succès entre partis à peu près égaux, en pleine campagne ; et sa conduite pour être bien embusqué , et pour surprendre l'ennemi , qui s'engage dans l'embuscade sans précaution; en assure la réussite, dans un pays couvert et rempli de défilés.
Un jeune homme , de quelque qualité qu'il soit, qui veut savoir à fond le métier de la guerre, ne doit point tenir au dessous de lui d'aller en parti, soit à pied, soit à cheval, avec les bons partisans de l'Armée, et de s'en faire aimer, afin d'apprendre d'eux cette espèce de guerre , pour se rendre dans la suite capable de l'ordonner à propos lorsqu'il fera parvenu au commandement.

Ici Feuquières conseille aux jeunes officiers de se porter volontaires pour des actions de parti, et il évoque les « partisans de l'armée » ce qui pourrait porter à confusion. Il eut été plus judicieux qu'il écrive « des partis de l'armée ». De même il veut au début distinguer parti et volontaires selon leur type mission mais un peu plus loin reconnaît que c'est la même chose « Les partis volontaires qui sortent des places étant de même nature que ceux des armées, et étant le même objet, il est inutile d'en parler. »

La petite guerre et l'action des partis est de plus en plus encadrée et cela va se poursuivre tout au long du XVIIIe siècle. Les souvenirs laissés dans toute l'Europe par la Guerre de Trente Ans, les ravages qu'ont fait les bandes comme celle du duc de Saxe Weimar, ont profondément marqué la société européenne de la fin du XVIIe siècle. Et va amener à réfléchir au droit dans la guerre et à une plus grande humanisation des conflits. L'expression de cette prise de conscience se voit au travers de différents auteurs comme par exemple Emer de Vattel qui publie en 1758: Le droit des gens ou principes de la loi naturelle, appliqué à la conduite et aux affaires des nations et des souverains. Où apparaissent les première esquisses d'un droit de la guerre en particulier pour la protection des populations civiles. Si l'armée en général par le maraudage, les destructions diverses … traumatise les populations civiles c'est bien la petite guerre qui est, par sa nature, la plus susceptible de débordements.
Le pillage et le butin constituaient la paye que se partageaient les compagnies de partisans à la fin du XVIIe siècle. Petit à petit pour en limiter les abus les troupes légères vont être prisent en main par le pouvoir central. Par le payement d'une solde même si le butin reste toléré il n'est plus la justification de la subsistance de ces troupes. Par l'encadrement de ces corps par des officiers issus de l'armée régulière. Et par la généralisation des contributions, c'est une des différence notable d'avec les guerres du siècle précédent comme la guerre de Trente Ans ou de la Ligue d'Augsbourg, on ne pratique plus la politique de la terre brûlée.  « Au pillage de la campagne et des lieux sans défense, on a substitué un usage en même temps plus humain et plus avantageux au souverain qui fait la guerre, c'est celui des contributions. »
On voit se passer des cartels de guerre entre les belligérants qui sont des conventions sur le traitement, les échanges et les rançons des prisonniers mais qui concernent également les guerres de partis. Pour chacun des camps, il s'agit d'assurer la lutte commune contre les partis bleus; comme on appelait alors les petites bandes de brigands ou de déserteurs qui profitant de la confusion née de la guerre en profitait pour se livrer au pillage et autres exactions. Visiblement ces bandes de bandits n'étaient en général pas très nombreuses et l'on voit dans les cartels de guerre concernant les partis que tous les partis comprenant moins de vingt hommes étaient jusqu'à preuve du contraire réputés pillards ou gens sans aveux et susceptible d'être pendus. C'est d'ailleurs pourquoi les belligérants avaient fixé le nombre minimum pour former un partis de guerre légal à vingt cinq hommes. Cela bien sur n'empêchera pas les exactions de part et d'autre mais permettra au moins d'en limiter le nombre et les effets. Pour être reconnu le commandant du parti doit être munit de passeports, si un groupe est fait prisonnier il doit pouvoir prouver qu'il est en mission.

Je n'ai pas trouvé l'origine du choix de cette appellation de « partis bleu »si ce n'est qu'il se distinguaient principalement par l'absence d'uniforme.
...


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Message Publié : 06 Mars 2013 17:59 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 04 Mai 2010 14:51
Message(s) : 603
On trouve parfois des ouvrages petit bijoux sur cette période :Biographie de Mottin de la Balme ,les folies koenigsmark etc...


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