Citer :
Ce qui amène à un sujet de réflexion intéressant, la qualité permettant de détecter ce moment de la bataille est la seule que l'on doit espérer avoir à la fois dans son camps et dans celui de l'adversaire.
C'est une qualité de stratège, certes. Mais sur le terrain, c'est le résultat d'une alchimie d'une extrême complexité.
Avant tout, qu'est-ce que la défaite ? Tactique ou stratégique ? Qu'en est-il des forces dont on dispose par ailleurs, si on en dispose ? Quid de celles de l'ennemi ? Et comment faire savoir à ses troupes que là, l'affaire est perdue, qu'il faut se dégager et reculer, sans que cela se traduise par un mouvement de panique, l'homme qui se met à crier "Nous sommes trahis !" et entraîne la déroute, soit tout ce que l'on voulait éviter ?
Il y a des cas où il est judicieux de quitter le champ de bataille (signe conventionnel d'une défaite), parce qu'on va transformer cette défaite tactique en succès stratégique : si l'ennemi a subi des pertes rédhibitoires, qu'il commence à manquer de ravitaillement, ou que son objectif n'est pas un patelin et une demi-colline mais la destruction de l'armée.
Il y a des cas où il est judicieux de tenir jusqu'au bout, parce qu'on attend du renfort et qu'on sait l'ennemi au bord de la rupture lui-même.
Etc, etc... bref, ce "point d'équilibre" est différent à chaque fois, et sa signification est différente à chaque fois. L'important est moins de le capter que de savoir quoi en faire. En sachant que dans un grand nombre de cas, il n'y aura, de toute façon, rien à faire, hormis, au pied de la lettre, le sauve qui peut.