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Message Publié : 24 Sep 2011 23:16 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 16:55
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On sait que la lance a disparu des unités de cavalerie occidentales au XVIIè siècle - sauf erreur vers 1800 seuls les uhlans autrichiens et les cosaques russes l'avaient conservée. On sait aussi que cette arme a connu un spectaculaire retour en grâce dans la seconde moitié du XIXè siècle.

Je voudrais comprendre pourquoi.

Quelles sont les raisons qui ont justifié l'abandon de la lance ? ces raisons ont elles ensuite disparu ouvrant la voie au retour de la lance ? quelle a été l'évolution des tactiques d'infanterie et de cavalerie qui pourraient expliquer ces changements ?


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Message Publié : 25 Sep 2011 0:55 
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Bonsoir, je ne suis pas spécialiste du XVIIe (je travail sur les chevaliers aux XIV-XVe) mmais je peux essayer de vous apporter un début de réponse. La Lance se généralise au XIIe en devenant l'arme de prédilection des chevaliers occidentaux, voyant rapidement l'évolution de l'escrime médiévale à la joute, notamment avec la charge de cavalerie qui, armée de ces lances, devient le "char Leclerc" de l'époque. Au fil des siècles, l'évolution des armes s'est faites, a noter la grande utilisation des Longbow anglais qui mirent tant de fois à mal la chevalerie Française (Crécy, Azincourt...)qui était restée dans une sorte d'imaginaire chevaleresque issu des romans arthuriens que les tournois et les pas d'armes contribuait à faire perdurer, au mépris des évolutions techniques du milieu du XVe. En effet, grâce notamment aux frères Bureau (Jean et Gaspard), des proches de Charles VII, les armes à poudre se sont développées, ont évoluées (voir l'histoire des canons), du moins pour ce qui est du royaume de France. Il faut comprendre la disparition de la lance en parallèle de celle de la chevalerie qui relevait plus du folklore aux XVIe siècle qu'autre chose, étant totalement inefficace face aux armes à feux qui, dans la logique, se faisait détruire avant d'avoir pu atteindre les adversaires. Au fil du temps, les armes comme l'épée ont perdurées pour le combat rapproché mais avouez que la lance, lorsqu'on a l'ennemi à 60 cm de soit n'est pas l'arme la plus pratique, d'autant plus que les baillonettes se sont développées dans ces mêmes années et que les combats étaient plutôt des affrontements de formations face à face et non plus un joyeux "rentre dedans" comme ce fut le cas des siècles précédents.

Les spécialistes de la période vous répondrons mieux que moi mais j'espère ne pas m'être trop trompé et que cela vous aura aider.

Cordialement!


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Message Publié : 25 Sep 2011 1:22 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Les lances sont déjà présentes depuis bien longtemps dans la cavalerie lorsque les chevaliers de Guillaume la couchèrent sous leur bras. Les cavaliers celtes l'emploi, de même que les grecs ou bien évidemment les parthes et autres iranophones. Chez eux se développe également le contus et ce n'est qu'à travers l'emploi de cette lance à deux mains que la puissance de choc des unités de cavalerie lourde pouvaient s'exprimer puisque l'étrier était encore inconnu. Jusqu'à la fin du XIe siècle la lance est donc généralement employée comme dans l'infanterie ; brandie pour frapper le plus souvent de haut en bas ou encore tenu à bout de bras pour donner un coup d'estoc. Ce n'est donc, comme vous l'avez très justement dit, que dès lors où le chevalier coucha sa lance sous son bras et qu'il pris appui sur ses étrier qu'il pu devenir un tout compact, canalisant la puissance d'une charge de cheval au bout de la pointe de sa lance, et ainsi reproduire avec plus de facilité la puissance des charges antiques au contus.
Malgré tout je crois qu'il faut être un peu plus prudent concernant le XVIe siècle ; la cavalerie lourde ne disparut pas si facilement tant par tradition certes, mais aussi par réel intérêt. A Marignan la cavalerie de François Ier n'eut pas un rôle décoratif et employé de manière plus tactique après la guerre de Cent Ans elle retrouva pour un temps son utilité, par les charge de flanc par exemple. Il existe un très grand nombre de représentation de l'époque qui nous montre des scènes de bataille où l'on voit d'ailleurs fort bien les unités de cavalerie engagées ; cela flattait l'égo des aristocrates (qui n'ont certainement pas abandonné l'idéal chevaleresque ; voyez l'adoubement de François Ier, Bayard lui-même) et montrait malgré tout les réalités du combat, où les grands carrés d'infanterie jouent un rôle capital.
Pour la disparition des lances j'avoue ne pas du tout être documenté. Je sais que chez les Polonais avec leurs hussards ailés les lances sont toujours présentes (voir l'épopée de Jean Sobieski), mais pour l'Europe occidentale, je ne vois pas ce qui a pu déterminer leur abandon. Toujours est-il que malgré le développement des armes à poudres la cavalerie est toujours bien présente. Ce n'est que l'armure lourde qui est devenue obsolète. Les combattants sont donc moins lourdement équipés mais conservent avant tout une cuirasse de protection pour le buste. A Rocroi c'est la cavalerie d'Enghien qui emporte la décision, preuve de son efficacité. Néanmoins, c'est une charge à l'épée...
Est-ce que cela permettait de faucher plus facilement les unités légères dispersées dans une poursuite puisque le choc devenait de plus en plus compromis par les lourdes formations d'infanterie?

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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Message Publié : 25 Sep 2011 10:21 
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Jean Mabillon
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Inscription : 07 Sep 2008 16:55
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Merci de ces observations.

Pour ma part quelques recherches nocturnes m'ont permis de recueillir quelques éléments peu clairs hélas...

Mais en gros je crois qu'il y a eu une mutation du combat de cavalerie sous Napoléon qui a rendu à la cavalerie lourde un rôle décisif dans la bataille qu'elle avait perdu à la renaissance. Avant Napoléon et depuis la fin du XVIè siècle, la cavalerie lourde n'attaquait que d'autres unités de cavalerie ou de l'infanterie en déroute. Elle était trop vulnérable au feu : voyez Mollwitz en 1741 où l'excellente cavalerie autrichienne balaye la cavalerie prussienne puis se fait massacrer par le feu de l'infanterie prussienne qui remporte la victoire. Dans ce contexte la lance peut sembler inutile.

Sous l'empire, sans doute une meilleure coopération entre la cavalerie et l'artillerie (qui manquera à Waterloo) permet des charges contre des lignes d'infanterie ébranlées (mais non disloquées) par le feu des canons. Le capitaine d'artillerie Bonaparte tire là pleinement parti de l'efficacité du système Gribeauval.

Et la lance dans tout cela ?

Je ne vois pas très bien. Vers 1800 seuls des cavaliers légers (uhlans et cosaques) en sont armés alors que cette arme aurait pu sembler utile contre l'infanterie ??? en 1811 Napoléon réintroduit la lance dans le cavalerie de ligne en créant 9 régiments de lanciers (rattachés aux brigades de cuirassiers à raison d'1 rgt de lanciers pour 2 de cuirassiers par brigade). Là le but me semble bien de renforcer la capacité de choc face à des fantassins? mais en 1813 il crée des unités d'éclaireurs (cavaliers légers armés de la lance comme les cosaques) pour renforcer sa cavalerie légère.


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Message Publié : 25 Sep 2011 10:40 
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Hérodote
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Inscription : 22 Déc 2009 22:20
Message(s) : 3
Pédro a écrit :
Malgré tout je crois qu'il faut être un peu plus prudent concernant le XVIe siècle ; la cavalerie lourde ne disparut pas si facilement tant par tradition certes, mais aussi par réel intérêt. A Marignan la cavalerie de François Ier n'eut pas un rôle décoratif et employé de manière plus tactique après la guerre de Cent Ans elle retrouva pour un temps son utilité, par les charge de flanc par exemple. Il existe un très grand nombre de représentation de l'époque qui nous montre des scènes de bataille où l'on voit d'ailleurs fort bien les unités de cavalerie engagées ; cela flattait l'égo des aristocrates (qui n'ont certainement pas abandonné l'idéal chevaleresque ; voyez l'adoubement de François Ier, Bayard lui-même) et montrait malgré tout les réalités du combat, où les grands carrés d'infanterie jouent un rôle capital.
Pour la disparition des lances j'avoue ne pas du tout être documenté. Je sais que chez les Polonais avec leurs hussards ailés les lances sont toujours présentes (voir l'épopée de Jean Sobieski), mais pour l'Europe occidentale, je ne vois pas ce qui a pu déterminer leur abandon. Toujours est-il que malgré le développement des armes à poudres la cavalerie est toujours bien présente. Ce n'est que l'armure lourde qui est devenue obsolète. Les combattants sont donc moins lourdement équipés mais conservent avant tout une cuirasse de protection pour le buste. A Rocroi c'est la cavalerie d'Enghien qui emporte la décision, preuve de son efficacité. Néanmoins, c'est une charge à l'épée...
Est-ce que cela permettait de faucher plus facilement les unités légères dispersées dans une poursuite puisque le choc devenait de plus en plus compromis par les lourdes formations d'infanterie?


Oui, il ne faut pas enterrer la cavalerie trop vite (malgré Azincourt et Pavie), car elle joue encore un rôle déterminant. Pensez à la bataille d'Ivry, où l'infanterie d'Henri IV n'intervient même pas. Il est vrai que la gendarmerie se voit de plus en plus concurrencée par la cavalerie légère, plus adaptée à la guerre du temps, davantage faite d'escarmouches que de batailles rangées.

C'est précisément pendant les guerres de religion que les gendarmes français troquent la lance contre le pistolet, et surtout à partir des années 1580. Ils prennent modèle sur les reîtres, ces cavaliers allemands armés de pistolets à rouet. De fait, ces mercenaires étaient bien plus polyvalents que les gendarmes, efficaces tant contre la cavalerie que contre les carrés d'infanterie, dont ils éclaircissaient les rangs à distance, avant de s'élancer dans la mêlée à coups d'épée ou de masse. Le remplacement progressif de la lance par le pistolet modifie considérablement la technique d'attaque de la cavalerie. Les cavaliers d'Henri de Navarre / Henri IV ne chargent plus en haie mais en escadrons, à la manière des reîtres. On observe également une plus grande coopération entre les différentes armes. À Coutras, soutenus par l'infanterie, les cavaliers protestants infligent une cuisante défaite aux gendarmes de Joyeuse, qui sont équipés de lances et disposés en haie (l'artillerie, il est vrai, joue un rôle déterminant dans leur déroute).

À Rocroi, par contre, les cavaliers de Condé chargent directement à l'épée, sans décharger leurs pistolets au préalable. C'est Gustave-Adolphe, qui, dans sa folle chevauchée du début des années 1630, a réintroduit la charge de cavalerie l'épée à la main. En effet, la nécessité de ranger le pistolet pour pouvoir dégainer l'épée ralentissait considérablement les cavaliers, alors que le roi de Suède comptait sur la puissance de l'impact.

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Message Publié : 25 Sep 2011 11:25 
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Marc Bloch
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Il y a déjà eu un lien ouvert en avril 2006 sur " Les derniers lanciers" :

viewtopic.php?f=74&t=8143&hilit=la+lance

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Message Publié : 25 Sep 2011 11:52 
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Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 11:56
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Localisation : Limoges
Hé bien merci beaucoup Matteuca de ces éclaircissements. Je savais bien que durant les guerres de religion les cavaliers commencèrent à user du pistolet mais je me représentais mal leur tactique et la transformation induite à l'art de la guerre. C'est en effet d'une logique assez implacable.

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Message Publié : 25 Sep 2011 13:23 
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Est-ce qu'il n'y aurait pas eu un effet de mode ?

Napoléon, lorsqu'il réintroduit la lance, vient de mener campagne contre les Russes (en 1807), et a pu apprécier l'efficacité redoutable des cosaques ennemis dans les missions de cavalerie légère et la "petite guerre". Surtout, armer les Polonais pour s'en faire des auxiliaires implique aussi de faire la part belle à leurs traditions militaires, dans lesquelles la lance est d'importance.

En 1815, la France est vaincue par des puissances, Prusse et Russie, qui utilisent des lanciers, cosaques ou uhlans. Pour les décennies suivantes, ce sont donc des armées qu'on érige en modèles, à tel point que toutes les grandes puissances auront leurs lanciers (les Anglais en Crimée, les Français et les Prussiens en 1870 et jusqu'en 1914, etc etc).

Question : est-ce que la lance n'est pas l'arme la plus efficace dans des combats de rencontre entre deux partis de cavalerie ? On pense souvent à la bataille rangée et à la charge de rupture, mais cosaques autant qu'uhlans n'avaient pas vocation à combattre dans ce cadre-là après tout...

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Message Publié : 25 Sep 2011 15:22 
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Jean Mabillon
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L'adoption de la lance sous l'empire obéit à un calendrier curieux dont je vous donne ce que j'en ai retenu :
la Grande Armée se heurte aux cosaques au début de 1807. Ce sont là de durs adversaires pour la cavalerie légère française. A la suite de cette campagne néanmoins napoléon n'adopte pas la lance - pas même pour ses chevaux légers polonais qui chargeront à l'épée à Somosierra. La lance ne sera adoptée que plus tard après la campagne de 1809...et uniquement pour la cavalerie de ligne (les lanciers français sont des dragons reconvertis). Il faut attendre la campagne de Russie pour qu'on décide de former des régiments de cavalerie légère armée de la lance (les éclaireurs de la garde) pour rivaliser avec les cosaques (et nuire aux reconnaissances ennemies).

Il semble que la lance soit un facteur de supériorité dans le combat de cavalerie - mais uniquement lors du 1er choc car la lance est nuisble pour l'escrime à cheval.


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Message Publié : 03 Oct 2011 13:09 
La lance dispose d'un avantage évident dans le choc: son allonge, qui lui permet de toucher l'ennemi avant que sa propre arme n'arrive au contact.

Elle a néanmoins deux inconvénients qui vont en limiter l'usage: sa relative fragilité, car, faite en bois léger ou bambou elle se brise souvent au premier choc, laissant le cavalier sans son arme pour une nouvelle charge. Plus grave, son maniement demande beaucoup d'entraînement, ce qui cantonne son usage à des unités d'élite, souvent composées de soldats de métier.

La lance disparaitra du combat quand les cavaliers seront de plus en plus appelés à combattre à pied, ne survivant que dans quelques unités affectées à la reconnaissance, comme les Uhlans. Le "feu" prenant le pas sur le "choc".


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Message Publié : 22 Oct 2011 11:08 
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Jean Mabillon
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Inscription : 07 Sep 2008 16:55
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Chef chaudard a écrit :
La lance dispose d'un avantage évident dans le choc: son allonge, qui lui permet de toucher l'ennemi avant que sa propre arme n'arrive au contact.

Elle a néanmoins deux inconvénients qui vont en limiter l'usage: sa relative fragilité, car, faite en bois léger ou bambou elle se brise souvent au premier choc, laissant le cavalier sans son arme pour une nouvelle charge. Plus grave, son maniement demande beaucoup d'entraînement, ce qui cantonne son usage à des unités d'élite, souvent composées de soldats de métier.

La lance disparaitra du combat quand les cavaliers seront de plus en plus appelés à combattre à pied, ne survivant que dans quelques unités affectées à la reconnaissance, comme les Uhlans. Le "feu" prenant le pas sur le "choc".


merci mais alors la lance est elle plus utile pour la cavalerie lourde (cas des lanciers de Napoléon) ? ou pour la légère (cas des cosaques et des uhlans) ?


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Message Publié : 25 Oct 2011 10:41 
Avec Napoléon, la lance est cantonnée à la cavalerie légère : les charges multiples de cavalerie lourde, nécessaires pour obtenir le choc propre à désorganiser l'infanterie, s'accommodent mal de "l'arme à usage unique" qu'est la lance. D'autant plus que les cavaliers utilisent de plus en plus des armes à feu, pistolets ou carabines, sans avoir à s'encombrer d'une lance.

Les Lanciers et autres Uhlans sont de la cavalerie légère. Cuirassiers et carabiniers sont de la cavalerie lourde, les Dragons de la cavalerie de ligne.

Le débat aura lieu entre lance et sabre, avant que les progrès de l'arme à feu ne mettent tout le monde d'accord.


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Message Publié : 25 Oct 2011 15:47 
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Jean Mabillon
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Inscription : 16 Jan 2010 20:18
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Une lance perdue enfoncée sur un corps a été d'une bonne rentabilité disait de Brack un théoricien de la cavalerie des guerres de l'Empire...


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Message Publié : 25 Oct 2011 18:13 
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En fait il faut se garder de penser que la lance, comme cinq siècles avant, est une arme de choc dans la cavalerie de ce début du XIXe. C'est une arme d'escarmouche.
Pourquoi ? La baïonnette et le feu de file ôtent toute possibilité de "percer" les lignes adverses, sauf si elles sont désorganisées et incapables de faire face - ce qui est anecdotique puisque cela dépend du sort du combat plus que de la charge de cavalerie en elle-même. La seule manière d'obtenir un succès est de contourner le môle défensif et de le prendre à revers (d'où la tactique du "carré" qui permet d'éviter toute surprise de ce genre mais est très complexe à mettre en place).
Les procédés d'attaque de la cavalerie, par escadrons successifs qui se reforment au fur et à mesure derrière les autres, ont pris en compte cet état de fait qu'une ligne d'infanterie n'était pas "perçable", sauf dans des conditions extrêmement favorables ou au bout de plusieurs charges meurtrières (plus pour les cavaliers que les fantassins !). Le but est généralement de gagner du temps pour couvrir la mise en place de l'infanterie et/ou de l'artillerie, pas de rompre la ligne.
A quoi bon, donc, mettre une lance dans le cadre d'une bataille rangée puisqu'on n'escompte rien de sa puissance de choc ?

Au contraire, une lance, dans la guerre d'escarmouche dans laquelle excelle la cavalerie légère, est un atout considérable : lors de rencontres inopinées, elle permet au "lancier", par son allonge, d'avoir facilement le dessus sur un "sabreur" incapable de le menacer car tenu à distance. Alors bien sûr, on a un "pouvoir égalisateur", celui de l'arme à feu. Mais la lance est une arme économique et facile d'emploi, ne nécessitant guère que de l'habileté et l'habitude de se mouvoir à cheval (cas des Polonais utilisés tant par la France que par la Prusse, ou des Cosaques russes) quand une arme à feu coûte plus cher, a un sale caractère (s'il pleut, son utilisation peut être problématique, et si elle n'est pas entretenue de même) et nécessite, pour un cavalier, non seulement beaucoup d'habileté et de patience, mais aussi une bonne dose d'instruction (et c'est problématique d'instruire des cavaliers-nés qui n'ont parfois de la discipline que des notions abstraites ; surtout ça prend beaucoup de temps et du temps, à la guerre, on n'en a pas toujours et on préfère voir des régiments équipés de lances prêts au service immédiatement que des unités de soldats polyvalents, du type des Cavalry Regiments américains qui combattent avec leur Remington, à pied ou à cheval, aussi bien qu'avec leur sabre, disponibles au bout de plusieurs années seulement). Bref, ce n'est pas idéal pour un combat de rencontre où la célérité fait tout. La meilleure solution : la combinaison des deux - qui sera effective dans la seconde moitié du XIXe, quand la lance sera définitivement obsolète, c'est-à-dire trop tard.

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Message Publié : 26 Oct 2011 11:32 
J'étais resté sur l'impression, peut-être fausse, que le rôle de la cavalerie lourde à l'époque napoléonienne était, précisément, de percer la ligne ennemie. Je crois me souvenir que, par le choc psychologique, l'utilisation de pistolets et de sabres droits, les cuirassiers tentaient de désorganiser et affaiblir ponctuellement la ligne adverse, afin de créer une brèche et s'engouffrer dedans, pour attaquer par derrière.

La bonne tenue des carrés Britanniques à Waterloo a évité cela, mais c'était assez inhabituel, beaucoup de troupes de l'époque n'ayant pas le temps matériel de former ces carrés, et s'ils y parvenaient, le courage de tenir leur ligne face à une charge de cavalerie lourde.

Maintenant, il est vrai que la lance était réservée à la cavalerie légère, dont le rôle était plus l'éclairage, le flanquement le harcèlement ou la couverture.


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