Les sources n'existent pratiquement pas. La Bactriane et les provinces alentours (Arie, Sogdiane, etc) ont bénéficié d'une colonisation intensive de la part d'Alexandre, qui sera remise en question à sa mort, les colons se révoltent et la répression orchestré par Perdiccas est très violente. A la mort du conquérant et près ces premiers troubles passés, les satrapes de Haute Asie sont indépendants et jouent chacun leur carte, et en particulier le satrape de Bactriane, Stasanor, sort du lot et même Antigonos au sommet de sa puissance ne peut pas le déboulonner et le confirme dans sa satrapie. Après, plus rien. On sait qu'entre 310 et 301, Séleucos Ier s'impose dans ces régions, mais comment et dans quelle mesure, on en sait rien, pas de sources. Toujours est-il que les satrapes gardent une très grosse autonomie, entre autres, ils frappent leur propre monnaie.
Les sources reviennent au milieu du IIIe, avec la révolte définitive de Diodote Ier. Je dis définitive, car l'absence de sources pour les années 310-250 ne sous-entendent pas forcément qu'ils restent bien sage... Les sources occidentales transmettent quelques infos sur disons les 100 ans à tout casser qui suivent, jusqu'à la mort d'Eucratidès au milieu du IIe. Après cette date, on les perd totalement de vue car les Parthes s'interposent et coupent la Bactriane de la Méditerranée.
Je te livre ce que j'ai en stock, sans préciser les dates (parce que je ne les connais pas, et je ne suis pas sûr que l'on soit vraiment en mesure d'être très précis...), mais classé grossièrement chronologiquement.
DIODOTE Ier et II (seconde moitié du IIIe av.)
Justin, Abrégé des Histoires Philippiques, XLI, Prologue : Dans le quarante et unième volume est contenu l'histoire de la Parthie et de la Bactriane. (…) En ce qui concerne l'histoire de la Bactriane, comment fut établi l'empire par le roi Diodote: puis, malgré ses luttes défensives, des peuples scythes, les Sarauques et les Asiens, s'emparèrent de Bactres et des habitants de la Sogdiane. Justin, Abrégé des Histoires Philippiques, XLI.4.5-10 : 5 C'est également à la même époque que Diodote, préfet des mille villes bactres, fit défection et ordonna de l'appeler roi, et les peuples de tout l'Orient, ayant suivi son exemple, firent défection des Macédoniens. 6 Il y avait à cette époque un homme appelé Arsace, dont l'origine était aussi douteuse que sa valeur militaire était éprouvée. 7 Il était accoutumé à vivre de pillages et de rapines, quand il entendit le bruit de la défaite de Séleucos en Asie devant les Gaulois; débarrassé de la crainte du roi, il attaqua les Parthes avec une troupe de brigands, écrasa leur préfet Andragoras et, l'ayant supprimé, il s'empara du pouvoir sur la nation. 8 Ensuite, après un bref espace de temps, il s'empara aussi du royaume des Hyrcaniens et pourvu ainsi du pouvoir sur deux cités, il prépare une grande armée, par peur, à cette époque, de Séleucos et de Diodote , le roi de Bactriane. 9 Mais, vite affranchi de la peur par la mort de Diodote, il conclut un traité de paix avec son fils, appelé aussi Diodote , et peu après il rencontra le roi Séleucos qui venait réduire les insoumis et il fut vainqueur; 10 depuis lors, les Parthes célèbrent solennellement ce jour, comme le point de départ de leur liberté . Strabon, Géographie, XI.9.3 : Pour en revenir à Arsace, c'est bien chez ces mêmes Scythes qu'on le fait naître généralement ; quelques auteurs ont prétendu cependant qu'il était originaire de la Bactriane et que c'est parce qu'il n'avait pu tenir en Bactriane contre les progrès rapides des armes de Diodote qu'il s'était sauvé dans la Parthyée et l'avait poussée à s'insurger. Nous ne dirons rien ici sur les lois et institutions des Parthes dont nous avons parlé très longuement dans le VIe livre de nos Commentaires historiques (lequel forme en même temps le livre II des Suites à Polybe), nous craindrions de nous répéter ; nous nous bornerons à rappeler, d'après Posidonius, l'existence chez les Parthes de deux conseils distincts, appelés, l'un, le Conseil des parents et alliés ; l'autre le Conseil des SOPHI et des MAGES et dans le sein desquels doivent toujours être choisis les rois.
EUTHYDEME Ier (fin IIIe-début IIe), qui se heurte à la reconquête glorieuse d'Antiochos III, mais qui finalement reste superficielle puisque Euthydème conserve sa charge contre une simple reconnaissance de suzeraineté.
Polybe, Histoires, X. 49 : 49.1 Informé qu'Euthydème se trouvait avec ses forces près de Tapouria, et que dix mille cavaliers gardaient tous les passages dû fleuve Arios, Antiochos résolut de ne pas attaquer la place, et de courir sur les dix mille. 2 Le fleuve était à trois journées de distance ; pendant les deux premiers jours, la marche fut modérée ; mais le troisième, il donna ordre durant le souper d'être prêt au départ le lendemain, dès l'aurore, prit avec lui la cavalerie, l'infanterie légère, dix mille peltastes, et la nuit même poussa en avant à étapes forcées. 3 Il savait que la cavalerie ennemie se tenait tout le jour sur le bord du fleuve, mais que, la nuit, elle se retirait dans une ville éloignée de vingt stades au moins. 4 Il acheva durant la nuit la route qu'il avait à parcourir, grâce au terrain, qui était très favorable à la cavalerie, 5 et, avant même la lumière, il avait transporté au delà du fleuve la plus grande partie de son armée. 6 Les cavaliers bactriens, instruits par leurs éclaireurs de ce qui se passait, accoururent à la hâte, et, chemin faisant, tombèrent au milieu de l'ennemi. 7 Le roi, qui sentait l'importance de soutenir vigoureusement cette attaque, encouragea les deux mille cavaliers, qu'il avait coutume d'avoir près de lui dans les combats, à signaler leur valeur, ordonna aux autres troupes de se ranger par compagnies et par escadrons, et de prendre chacun leur place ordinaire. 8 Puis, suivi de ses deux mille chevaux d'élite, il alla au-devant des Bactriens, et leur livra bataille. 9 Ce fut Antiochos qui, en cette circonstance, combattit avec le plus de courage. 10 Le carnage fut grand. Le roi mit en fuite l'avant-garde ennemie. 11 Mais le second corps de la cavalerie bactrienne et le troisième s'élancèrent hardiment, et les Syriens, serrés de près, étaient fort maltraités, quand Panœtole, faisant avancer la cavalerie syrienne, qui déjà presque entière était rangée en bataille, recueillit le roi et ses compagnons en danger, et força les Bactriens, qui combattaient en désordre, à fuir à leur tour. 12 Poursuivis par Panœtole, les Bactriens ne s'arrêtèrent que lorsqu'ils rencontrèrent Euthydème. Ils avaient perdu beaucoup de monde. 13 Quant à la cavalerie du roi, après avoir tué bon nombre d'ennemis et fait beaucoup de prisonniers, elle se retira tranquillement et vint passer la nuit sur les bords mêmes de l'Arios. 14 Dans la mêlée, Antiochos eut un cheval tué sous lui ; frappé à la bouche, il perdit quelques dents. 15 Mais il acquit par sa conduite, en cette bataille, une grande renommée de bravoure. Euthydème, effrayé de ce désastre, se réfugia avec ses troupes à Zariaspa, en Bactriane. Polybe, Histoires, XI.34 : 34.1 Euthydème était de Magnésie comme Téléas ; il s'attacha, pour se disculper auprès de lui, à répéter qu'Antiochos avait tort de vouloir le déposséder du trône ; 2 qu'il n'avait jamais déserté la cause du roi et que, tout au contraire, il n'avait obtenu le pouvoir en Bactriane qu'en tuant les fils de ceux qui avaient trahi ce prince. 3 Il s'étendit longuement sur cette pensée et supplia Téléas de vouloir bien intervenir amicalement entre lui et Antiochos, et d'engager celui-ci à ne pas lui refuser le titre et la dignité de roi. 4 S'il ne consentait pas à sa prière, il n'y aurait sûreté ni pour l'un ni pour l'autre, 5 car sur les frontières était réunie une nuée de Nomades, les menaçant tous deux à la fois, et tout le pays passerait certainement aux mains des Barbares, sitôt qu'ils y auraient pénétré. 6 Après cette conférence il renvoya Téléas auprès d'Antiochos. 7 Le roi qui depuis longtemps aspirait à terminer cette guerre, eut à peine entendu le rapport de son ambassadeur qu'il se montra prêta accepter les propositions d'Euthydème, pour les raisons que nous avons dites. 8 Téléas fit plusieurs voyages à la cour des deux princes : enfin, Euthydème envoya son fils Démétrios afin de sanctionner le traité. 9 Le roi le reçut avec bienveillance, et sur les manières nobles, sur l'air de majesté que ce jeune homme avait montrés dans plusieurs entrevues, jugeant qu'il était digne d'un trône, il lui promit la main d'une de ses filles, puis accorda à Euthydème le nom de roi. 11 Les autres conditions furent rédigées par écrit, et l'alliance jurée, Antiochos après avoir abondamment fourni ses troupes de vivres 12 et reçu les éléphants d'Euthydème, se mit en marche. Il franchit le Caucase et entra chez les Indiens où il renoua amitié avec Sophagasme, leur roi. Il en reçut des éléphants qui portèrent à cent cinquante le nombre de ces animaux dans son armée, renouvela ses provisions et reprit sa course, laissant derrière lui Androsthène de Cyzique pour veiller au transport des sommes d'argent que le roi lui avait promises. 13 Il traversa l'Arachosie, franchit le fleuve Erymanthe et parvint en Carmanie, où, l'année étant déjà avancée, il passa l'hiver. 14 Ainsi se termina l'expédition d'Antiochos dans les provinces du nord. Par elles non-seulement il ajouta à son empire les satrapies de l'Asie Supérieure, mais encore les villes maritimes et tous les gouvernements en deçà du Taurus. 15 En un mot, il affermit son trône par la terreur que son audace et son activité inspirèrent à tous les vaincus. 16 Grâce à cette expédition, il parut vraiment digne de sa couronne, non seulement à l'Asie, mais encore à l'Europe.
DEMETRIOS, EUTHYDEME II et EUCRATIDES (première moitié du IIe)
Strabon, Géographie, XI.9.2 : 9.2. Profitant des troubles qui avaient éclaté dans toute la région trans-taurique par suite du peu d'attention que les rois de Syrie et de Médie, trop occupés ailleurs, pouvaient donner à cette portion lointaine de leurs états, Euthydème (Ier), gouverneur de la Bactriane, proclama naguère l'indépendance de cette province et de tout le pays environnant. A son tour, le Scythe Arsace, suivi d'une bande de ces Daae nomades, dits [Daae] Parni, qui habitent le long de l'Ochus, se jeta sur la Parthyée et s'en empara. Arsace et ses premiers successeurs, obligés de lutter sans cesse contre les princes à qui ils avaient enlevé cette province, n'eurent d'abord qu'une puissance faible et précaire ; mais plus tard, à force de vaincre et d'occuper de nouveaux territoires, les Arsacides acquirent une véritable prépondérance et finirent par dominer sur toute la contrée sise en deçà de l'Euphrate. Ils s'étaient emparés de même d'une partie de la Bactriane à la suite d'une attaque heureuse dirigée contre les Scythes, et précédemment contre Eucratidès ; et aujourd'hui telle est l'étendue de pays sur laquelle ils règnent, tel est le nombre des peuples qui leur sont soumis, qu'ils sont devenus en quelque sorte, par l'immensité des ressources dont ils disposent, les rivaux des Romains. Strabon, Géographie, XI.11.1-2 : 11.1. La Bactriane, dont la frontière septentrionale borde l'Arie sur une certaine longueur, dépasse de beaucoup cette contrée dans la direction de l'E. Elle a une étendue considérable et un sol propre à toutes les cultures, celle de l'olivier exceptée. Grâce à ses immenses ressources, les Grecs qui l'avaient détachée [de l'empire des Séleucides] devinrent bientôt tellement puissants qu'ils purent s'emparer de l'Ariane et de l'Inde elle-même, au dire d'Apollodore d'Artémite, et que leurs rois, Ménandre surtout (s'il est vrai qu'il ait franchi l'Hypanis et se soit avancé vers l'E. jusqu'à l'Imaos), finirent par compter plus de sujets et de tributaires que n'en avait jamais compté Alexandre, grâce aux conquêtes faites tant par Ménandre en personne que par Démétrios, fils du roi de Bactriane Euthydème. Ajoutons que, [du côté de la mer,] non contents d'occuper toute la Patalène, ils avaient pris aussi possession d'une bonne partie du littoral adjacent, à savoir des royaumes de Saraoste et de Sigerdis. En somme, Apollodore a eu raison d'appeler la Bactriane le boulevard de l'Ariane, les rois de ce pays ayant poussé leurs conquêtes jusqu'aux frontières des Sères et des Phryni. 11.2. Les rois de Bactriane avaient dans leurs états plus d'une ville importante, Bactres d'abord (ou, comme on l'appelle aussi quelquefois, Zariaspa), que traverse une rivière de même nom, tributaire de l'Oxus ; puis Adrapsa et plusieurs autres encore. Au nombre des villes principales du pays figurait aussi Eucratidie, ainsi nommée du roi [grec qui l'avait fondée]. Une fois maîtres de la Bactriane, les Grecs l'avaient, [à l'exemple des Perses,] divisée en satrapies, témoin les deux satrapies, dites d'Aspionus et de Turianus, qui leur furent enlevées par les Parthes sous le règne d'Eucratidès. Enfin, ces mêmes rois grecs ajoutèrent à leurs états la Sogdiane, province située à l'E. de la Bactriane entre l'Oxus, dont le cours sert de limite commune aux Sogdiens et aux Bactriens, et l'Iaxarte qui forme la séparation entre les Sogdiens et les Nomades. Strabon, Géographie, XV.1.3 : Prenons pour exemple Apollodore, qui, dans ses Parthiques, parle naturellement du démembrement du royaume de Syrie et de l'insurrection de la Bactriane enlevée par des chefs grecs aux descendants de Séleucos Nicator : il raconte bien comment ces mêmes chefs en vinrent par l'accroissement de leur puissance à attaquer l'Inde elle-même ; mais, pour ce qui est des notions précédemment acquises sur ce pays, nul éclaircissement à attendre de lui ; loin de là, il n'en tient nul compte et affirmera, par exemple, en contradiction formelle avec ce qu'on sait, que ces rois grecs de la Bactriane conquirent une plus grande étendue du territoire indien que n'avait fait l'armée macédonienne et qu'Eucratidas notamment y possédait jusqu'à mille villes. Il oublie qu'au rapport des anciens historiens il existait, rien que dans l'espace compris entre l'Hydaspe et l'Hypanis, jusqu'à neuf nations distinctes, lesquelles possédaient cinq mille villes toutes plus grandes que Cos Meropis, et que cette immense contrée fut conquise par Alexandre et cédée par lui à Poros. Justin, Abrégé des Histoires Philippiques, XLI.6.1-6 : 6.1 Vers la même époque, deux grands hommes commencent leur règne: Mithridate chez les Parthes, Eucratidès chez les Bactres. 2 Cependant, la Fortune, plus favorable aux Parthes, amena chez ceux-ci l'empire à son apogée sous le commandement de Mithridate . 3 Quant aux Bactres, lancés dans des guerres variées, ils ne perdirent pas seulement leur royauté mais aussi leur liberté, puisque, épuisés par les guerres contre les Sogdiens, les Arachosiens, les Dranges, les Ariens et les Indiens, ils furent à la fin écrasés, comme exsangues, par les Parthes, plus faibles qu'eux. 4 Pourtant Eucratidès fit beaucoup de guerres avec un grand courage et, alors qu'usé par celles-ci, il subissait le siège mis par Démétrios, roi des Indiens, en faisant de fréquentes sorties, il vainquit soixante mille ennemis avec trois cents soldats, et libéré ainsi au bout de quatre mois, il réduisit l'Inde en son pouvoir. 5 Pendant qu'il en revenait, il est tué en chemin par son fils, qu'il avait associé au pouvoir, et ce dernier, sans cacher le parricide, comme s'il n'avait pas tué son père, mais un ennemi, poussa son char à travers le sang répandu par son père et ordonna d'abandonner le cadavre sans sépulture. 6 Tandis que cela se passait chez les Bactres, la guerre éclate entre les Parthes et les Mèdes.
Je n'ai pas connaissance d'autres textes, mais bon, ce recensement est assez ancien, il faudrait que je le reprenne. Mais je ne me fais pas d'illusion, si je trouve quelque chose de plus, ce sera infime, faut pas s'attendre à des bouleversement à partir des textes. Je ne crois pas non plus que l'épigraphie locale soit très riche... La numismatique est intéressante, mais pose autant de problème qu'elle apporte d'indices...
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