Ishida Mitsunari, l'un des cinq bugyôs, intrigant impénitent, apparaissait derrière toutes les intrigues ayant pour but de contrecarrer l'influence de Ieyasu, voire même de le déposer. Il se rendit au château d'Osaka, auprès de Toshiie, vieux et malade, afin de lui parler du problème Ieyasu, mais Hosokawa Tadaoki, un ami, et de Ieyasu, et du clan Maeda, s'interposa. En privé, il attira l'attention de Maeda Toshinaga sur le fait que son père, Toshiie, et Ieyasu, étaient les deux hommes les plus puissants de leur génération.
Si jamais Mitsunari parvenait à se débarrasser de Ieyasu, le seul homme qui l'empêcherait encore d'atteindre au pouvoir absolu serait le vieux Toshiie, souffrant, et dont les jours étaient comptés; quand à Toshinaga lui-même, il aurait bien du mal à rester en vie avec un individu comme Mitsunari dans les environs. Il était donc évident que ses intérêts rejoignaient ceux de Ieyasu. Convaincu par Tadaoki, Maeda Toshinaga se mit à son tour à convaincre son père de ne pas abandonner Ieyasu.
Ceci n'empêcha pas les autres régents de continuer à réclamer la démission de Ieyasu, mais il les ignora tout simplement. Son refus même d'engager avec eux quelque discussion que ce soit n'améliora pas leurs relations, mais les régents ne pouvaient rien faire, sauf peut-être déclencher une guerre, alors même qu'aucune raison vraiment valable ne le justifiait à ce moment. De surcroît, aucun n'était, pris isolément, assez puissant pour tenir tête au seigneur Tokugawa, et aucun n'avait suffisamment de personnalité pour mener une coalition contre lui.
La seule option que Mitsunari entrevit fut d'assassiner Ieyasu, mais son complot échoua et, lorsque les généraux de Ieyasu en entendirent parler, plusieurs d'entre eux (Kâto Kiyomaza, Ikeda Terumesa, Asano Yukinaga, Katô Yushiaki, Hosokawa Tadaoki et Kuroda Nagamasa) décidèrent d'éliminer Mitsunari lui-même. Pour échapper à leur fureur, il dut fuir le château d'Osaka en pleine nuit, déguisé en femme, se faisant conduire dans un palanquin. Sa destination fut à la fois déconcertante et inattendue : le château de Fushimi, et Ieyasu.
_________________ "Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".
Yves Modéran
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