Il n'est pas tellement intéressant de se focaliser sur les innovations supposées pour expliquer le règne de la cavalerie, qui débute surtout à partir du XIe siècle (auparavant les unités montées sont certes puissantes et plus lourdement équipées, mais elles restent trop peu nombreuses dans les armées occidentales pour avoir un véritable poids ; il en va différemment chez les peuples dépositaires d'une tradition de cavaliers très ancrée comme chez les Sarmates, les Perses, les Huns... mais je pense que cela n'entre pas directement dans le sens de votre question). Au XIe siècle donc c'est à partir de l'emploi conjoint de l'étrier et du maintient très particulier de la lance sous l'aisselle qui assure traditionnellement le règne de la cavalerie lourde d'origine chevaleresque. C'est aller un peu vite en besogne puisque ce mouvement s'accompagne d'une transformation de la société ; l'homme libre n'est plus un homme en arme et la violence est accaparé de plus en plus par un groupe social restreint que l'on nomme la noblesse de façon conventionnelle. Si on reporte cela à l'époque carolingienne il me semble que la "conscription" demeure en partie avec des combattants encore connecté avec la pratique de la guerre comme "citoyen soldat" (j'insiste sur les guillemets). Ce n'est plus le cas après le XIe siècle, en tout cas sous cette forme. Il n'y a plus d'habitude de la formation militaire de l'homme libre et dans ce vide la chevalerie a beau jeu de régner sur les champs de bataille. Bien sûr l'excellence et la puissance du choc jouent également et le succès de la première croisade par exemple en est un vibrant exemple. Mais à trop voir la supériorité de l'homme d'arme à cheval on oublie quelque peu que l'opposition de l'infanterie du temps n'a pas grand chose à voir avec les armées antiques où les unités organisées étaient capables de s'opposer sans faiblir aux lourdes formations cuirassées des Perses par exemple, capables de charger les lignes même sans étriers (qui se sont pas une fin en soi ; apparemment l'emploi du
contus, longue lance tenue à deux main permet d'avoir une meilleur assiette à l'impact, chose qui m'a été confirmé par un membre d'une association de reconstitution historique).
Or justement, que se passe-t-il quand les armées médiévales commencent à se doter de "régiments" plus professionnels ou plus motivés, avec une conscience d'appartenance à une cause commune? La chevalerie est confronté à des problèmes considérables. Avec les libertés communales qui fleurissent dans certaines régions, les villes se dotent progressivement de milices. En Flandres la chose est très notable et c'est face à ces miliciens motivés que la puissante chevalerie française est massacrée à Courtrai. C'est face aux piétons écossais maniant de longues lances que les Anglais sont vaincus à Bannockburn. C'est une époque où les unités mercenaires apparaissent et se complexifient, devenant des acteurs majeurs des guerres, déjà sous Philippe Auguste. Ces troupes elles-aussi auront leurs fait d'arme contre la chevalerie (Brignais). Les cantons suisses procéderont eux à la manière des milices communales ; en s'associant et en proposant des armées disciplinées et motivé ils seront en mesure de s'opposer aux unités montées avec succès.
En somme je pense que l'on a dit beaucoup sur ce qui peut expliquer la domination de la cavalerie. il ne m'appartient pas ici de le nier, mais d'apporter une nuance importante, venant des expériences malheureuses et multipliées de ces combattants montés face à des groupes d'infanterie motivés, pas forcément très bien équipé ni avec une tactique complexe et qui surent en maints cas vaincre sans complexe l'élite des armées montées de leur temps.
Citer :
Elle perd de son importance avec les armes à feu justement. C'est aussi pour cela que ce ne sont plus les nobles qui font la guerre, la "piétaille" est capable de se défaire d'une nombreuse cavalerie.
Son utilisation change, on ne charge plus (généralement) de front. On l'utilise pour les attaques de flanc, pour la poursuite de l'ennemi, pour les reconnaissances, et pour rompre des lignes bien entamés.
L'arme a feu a son importance c'est sûr mais ce n'est pas central puisque les échecs de la cavalerie qui se multiplient dès le XIVe siècle le sont face à des combattants équipés d'armes beaucoup plus simple et surtout des armes blanches.
La transformation de l'emploi de la cavalerie est fondamental en effet, mais elle postule d'une profonde transformation dans les moeurs et la société. En effet au Moyen Âge le chevalier représente l'homme courageux et honnorable qui se doit de charger de front pour rompre les lignes. Il est l'homme vertueux qui arrive à vaincre par débauche de courage et non dans une acception tactique. A Crécy comme à Azincourt, à Coutrai... c'est en agissant ainsi que les cavaliers furent vaincu. La recomposition de la cavalerie noble sous Charles VII accouche de la gendarmerie montée qui devient un des élément tactique des armées et non plus le seul prééminent comme par le passé.