En fait, il n'y a qu'un seul rôle tactique évident (sur le champ de bataille), rempli par la grosse cavalerie : la supériorité sur la cavalerie adverse, et une fois celle-ci acquise tout le panel de manoeuvres destinées à perturber l'infanterie et l'artillerie ennemie.
Le rôle de la cavalerie légère se situe plus au niveau opératif (qui alors n'était pas défini, c'est-à-dire dans les actions qui précèdent ou suivent celle du champ de bataille) : l'éclairage et éventuellement la reconnaissance lors des mouvements offensifs, la couverture (notamment la flanc-garde), et toute action destinée à perturber les mêmes actions de la cavalerie adverse, plus celles de harcèlement des lignes de communication. Ce qui n'empêche pas la cavalerie légère de prendre part à la décision tactique, sur le champ de bataille, bien entendu, notamment parce qu'elle est la plus à même de procéder à la poursuite d'un ennemi vaincu.
Les dragons peuvent mieux tenir que la cavalerie légère le rôle dévolu à la grosse cavalerie. Même s'ils sont moins à même de le faire que la grosse cavalerie, ils sont loin d'être démunis contre des escadrons de cavalerie adverses, et peuvent tout à fait suppléer aux cuirassiers et carabiniers sur le champ de bataille en raison d'une puissance de choc respectable. Ce n'est toutefois pas leur fonction. De la même manière, ils sont tout à fait capables de procéder à la couverture et l'éclairage des mouvements, ainsi qu'à la poursuite d'un adversaire en retraite, mais sont moins adaptés (parce que leur instruction et leur équipement les y portent moins) que la cavalerie légère pour ce faire, et c'est normal puisque ça n'est pas leur fonction première.
Leur rôle est avant tout d'offrir un moyen d'obtenir rapidement - ce sont des cavaliers - une force capable de s'emparer d'un point par la vitesse ou la puissance de choc, et de le tenir ensuite par le feu. En déclinant cette polyvalence, ils sont mieux adaptés que les autres subdivisions à la contre-insurrection, puisqu'ils sont parfaitement en mesure de protéger un axe par l'établissement de postes fixes, d'escorter un convoi en alliant la capacité de charge à celle de mise en défense à terre, et que leur mobilité leur permet une réactivité plus importante qu'une unité d'infanterie.
Mais il ne faut pas perdre de vue que des hussards, chasseurs à cheval ou chevau-légers ont pu réussir à obtenir la supériorité sur le champ de bataille sur des dragons ou des cuirassiers adverses (les chasseurs à cheval de la Garde à Austerlitz, il me semble, combattent les Chevaliers-Gardes du Tsar et les vainquent - mais il doit y avoir les carabiniers dans les parages...) ; que les cuirassiers ont pu mener des actions de poursuite d'un ennemi vaincu ; etc, etc. J'ai de plus été étonné par le fait que les cavaliers, dans une bataille, sont souvent sacrifiés pour gagner du temps, dans une charge qui n'a aucun espoir de succès (j'entends par là que la disproportion des forces ne peut qu'amener à l'échec de la charge, avec de lourdes pertes), pour laisser le temps de mettre en place un dispositif (soit pour qu'une batterie retraite, soit pour qu'une nouvelle ligne d'infanterie soit établie - par exemple à Eylau, après la disparition du 7e Corps, avec la charge de Murat). Dans ce contexte, il importe peu que les escadrons sacrifiés appartiennent à telle ou telle subdivision...
CNE503
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