Alain.g a écrit :
Que voulez-vous dire, l'affaire du Biafra avec sa famine et ses mercenaires mandatés par Foccart et les services secrets, est celle qui a donné naissance à la théorie de l'intervention humanitaire. C'est très connu. Kouchner apparait alors avec Médecins du monde. C'est la référence avant que des Etats interviennent officiellement.
Wiki: Les opérations vers le Biafra sont coordonnées par l'ambassadeur de France au Gabon Maurice Delauney, avec à ses côtés Jean-Claude Bouillet, directeur de la compagnie aérienne Transgabon et responsable local des services de renseignement français, le SDECE, en lien avec le correspondant de Foccart à Abidjan, Jean Mauricheau-Beaupré, ancien membre du SDECE11. Les premières livraisons de munition et d'un bombardier B26 ont lieu en juillet 1967 et sont signalées par l'ambassade des États-Unis à Lagos12. Maurice Robert est alors chef des opérations du SDECE en Afrique.
À partir d'août 1968, ce sont des dizaines de tonnes par jour d'armes et de munitions qui sont acheminées au Biafra par des mercenaires et des hommes du SDECE13. "
Je n'ai pas dit que le concept n'entrainait pas des questions sur sa légitimité et son emploi souvent critiqué.
Il s'agit de rechercher les origines. On est en plein dans le sujet avec le Biafra.
J'ai l'impression (peut-être à tort), que vous confondez intervention militaire humanitaire où officiellement un Etat décide de violer la souveraineté d'un autre Etat au nom de principes humanitaires et droit d'ingérence humanitaire que ce sont arrogées certaines ONG durant cette guerre.
Et puisque vous citez wikipédia, mentionnons également ces passages, qui remettent tout à fait en cause votre vision:
"Dès le début, De Gaulle avait indiqué à son émissaire Jacques Foccart qu'il souhaitait affaiblir le « géant nigérian » 5. Foccart écrira trente ans plus tard : « De mon point de vue, le Nigéria était un pays démesuré par rapport à ceux que nous connaissions bien et qui faisait planer sur ceux-ci une ombre inquiétante »6."
"Les services de renseignement français ont compris l'avantage qu'ils peuvent tirer des images et reportages des victimes de la famine auprès des opinions publiques européennes et américaines. Ils faciliteront l'exposition médiatique du conflit."
"« La conquête de l'opinion publique » , selon les mots du délégué du Biafra à Paris, Ralph Uwechue, fait l'objet d'efforts importants18. Foccart fera à ce sujet les remarques suivantes : « Les journalistes ont découvert la grande misère des Biafrais. C'est un bon sujet. L'opinion s'émeut et le public en demande plus. Nous facilitions bien sûr le transport des reporters et des équipes de télévision par des avions militaires jusqu'à Libreville et, de là, par les résaux qui desservent le Biafra. » 19. L'agence de publicitié MarkPress, à Genève, va mener pendant 17 mois, une campagne de presse, comportant plus de 500 articles, et donnant une place centrale au thème du génocide par la faim18.
Le SDECE est directement impliqué dans cette campagne : « Ce que tout le monde ne sait pas, c'est que le terme de "génocide" appliqué à cette affaire du Biafra a été lancé par les services. Nous voulions un mot choc pour sensibiliser l'opinion. Nous aurions pu retenir celui de massacre, ou d'écrasement, mais génocide nous a paru plus "parlant". Nous avons communiqué à la presse des renseignements précis sur les pertes biafraises et avons fait en sorte qu'elle reprenne rapidement l'expression "génocide". Le Monde a été le premier, les autres ont suivi », explique le colonel Maurice Robert, responsable du SDECE durant la guerre du Biafra20."
http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Biafra Dans ces conditions, difficile de parler d'intervention militaire humanitaire. il s'agit bien plutôt d'une aide militaire menée sous couvert d'humanitaire et d'humanité (et la nuance est de taille!)
Deuxième point, concernant les ONG et l'ingérence humanitaire. Le Biafra est en effet la guerre qui a vu naître Médecins sans frontières (et non pas Médecins du Monde, aussi fondée par Kouchner, mais seulement après s'être brouillé avec MSF). Et ce qui caractérise le conflit, c'est l'apparition du concept d'ingérence humanitaire. Les acteurs humanitaires traditionnels de l'époque, à savoir les agences onusiennes et le CICR, n'agissaient que s'ils en avaient le droit. Ils pouvaient proposer leurs services à un Etat, mais si ce dernier refusait, il leur était difficile de mener des actions malgré l'interdiction. C'est pourquoi certaines ONG ont décidé d'agir sans l'accord des gouvernements, illégalement en quelque sorte. Et c'est de là que date la notion d'ingérence humanitaire (bien que son appellation semble plus tardive), mais elle a d'abord été le fruit d'initiatives privées, pas du gouvernement français.
Mais là je simplifie à outrance par manque de temps...