La fameuse bourde ayant marqué le début de la bataille de la Guérinière (19 mars 1793) ici contée par le général Boulard dans sa déposition du 22 mars devant les commissaires du district et de la commune de la Rochelle :
« [Le général Boulard a déposé] que le pont à peu près achevé, les ennemis ayant paru sur la crête de la montagne opposée et dans la grande route qui conduit à Saint-Fulgent, le général Marcé avait ordonné de suspendre les travaux, et avait fait tirer deux coups de canon du calibre de 8 sur la colonne ennemie, qui paraissait éloignée de la position de l'armée de 1 000 a 1 200 toises ; que le commissaire Niou, étant survenu, avait désapprouvé cette hostilité, disant que, s'il y avait été, il n'aurait pas souffert que l'on eût tiré, étant très persuadé, d'après ce qu'il venait d'entendre dire par diverses personnes dans la colonne, que la troupe qui était en face de l'armée de la République n'était pas celle des brigands, mais que c'était celle de la légion nantaise, qui venait se réunir à ses frères d'armes. Le déposant lui observa que, depuis deux jours qu'il était en présence des brigands, il reconnaissait parfaitement leurs vedettes ; il lui demanda cependant s'il avait des avis que cette réunion dût s'opérer. Il lui répondit que non. Cependant ledit commissaire insista dans sa croyance, d'après celle où il était d'entendre prononcer à la troupe qui était le sujet de la discussion, le cri chéri de tout bon républicain. Dans cette incertitude, quelqu'un proposa d'envoyer un officier, accompagné d'un trompette, pour aller à la reconnaissance. […] mais ils reçurent pour toute réponse un cri général de Vive le roi ! vive le clergé ! Ils revinrent Tendre compte de leur mission. Alors, on ne douta plus que ce ne fût l'armée des Brigands. D'après cela, Marcé ordonna que l'on achevât le pont, ce qui fut fait. Mais, comme depuis le commencement de cette incertitude cela avait employé à peu près deux heures, les ennemis avaient profité de ce moment pour faire couler, par leur droite et par leur gauche, des troupes cachées derrière des haies. »
Niou avait été abusé par la « Marseillaise des Vendéens » :
I Allons, armées catholiques, Le jour de gloëre est arrivé. Contre nous de la République L'étendard sanglant est levé. (bis) Ontondez-vous dans tchiés campagnes, Les cris impurs daux scélérats ?... Le venant duchque dans vous bras Prendre vous feilles et vous femmes !
Refrain Aux armes, Poitevins ! Formez vous bataillaons; Marchons, marchons, le sang daus Blieux Rougira nos seillons ! (bis)
II Quoë ! daux infâmes hérétiques Feriant la loë dans nous foyers ? Quoë ! daux muscadins de boutiques Nous écraseriant sô lûs pieds ? Et le Rodrigue abominable, Infâme suppôt dau démaon, S’installerait en la mésaon De noutre Jésus adorable !
III Tremblez pervers, et vous timides, La bourée daux deux parties ! Tremblez, vous intrigues perfides, Vant enfin recevoir lû prix ! (bis) Tot est levé pré vé cambattre, De Saint-Jean-de-Mont à Biaupréau, D'Angers à la ville d'Airvault, Nous gâs ne velant que se battre !
IV Chrétiens, vrais fails de l'Eglise, Séparez de vous ennemis La faiblesse à la paour soumise, Que voirez en pays conquis (bis) Mais tchiés citoyens sanguinaires, Mais les adhérents de Camus, Tchiés prêtres jureurs et intrus, Causes de totes nos misères !...
V O Sainte Vierge Marie, Condis, soutiens nous bras vengeurs. Contre ine sequelle ennemie Combats avec tes zélateurs ! (bis) A nous étondards la victoëre Est premise de tchiau moument ; Et le régicide expirant Voie taon triomphe et noûtre gloëre !
Le général Marcé paya de sa tête la défaite.
_________________ " Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)
|