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Message Publié : 06 Août 2013 14:10 
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Ce fil fait suite à une digression enregistrée sur celui-ci viewtopic.php?f=74&t=34500 concernant le fait de considérer Eylau comme une victoire ou un échec français.

J'ai tout d'abord émis mon scepticisme concernant le fait de considérer Eylau comme une victoire française. La discussion s'est ensuite engagée :

Charles Antoine M. a écrit :
Il me semble qu'Eylau est bel et bien une victoire. Une victoire coûteuse et non décisive (à la différence de Friedland qui suit) mais une victoire quand même.


CNE503 a écrit :
C'est à voir. Le seul point qui en fait (ferait) une victoire, c'est la définition classique qu'on en a : rester maître du champ de bataille. A part ça, aucun des critères usuels n'est rempli : objectifs non atteints (destruction de l'armée russe), pertes tellement lourdes qu'on est obligé d'arrêter la campagne pour trois bons mois, moral des ennemis "boosté" par ce qui s'apparente de toute évidence à un échec. Le sort a plutôt été du côté russe pendant la journée, les Français étant plus menacés d'effondrement que l'inverse. Avec plus de sang-froid, les Russes demeuraient en place le soir et l'Empereur aurait été bien en peine de leur contester la suprématie sur le champ de bataille le lendemain !

C'est une de mes marottes, mais autant Eylau me paraît être une défaite, ou à tout le moins un échec, français, autant une bataille comme Malplaquet devrait être considérée comme une victoire.


Charles Antoine M. a écrit :
J'allais justement prendre l'exemple de Malplaquet à l'appui. C'est une victoire à la Pyrrhus pour Marlborough (en ce sens qu'elle est très coûteuse en hommes), mais c'est une victoire car les français retraitent, même s'ils le font en bon ordre.

D'ailleurs, quand on parle des exploits de Pyrrhus, on parle bien de victoires, et non de défaites.

Mais cela dit, tout ceci n'est peut être qu'une simple question de curseur, et au final ce qui compte c'est aussi de savoir qui remporte la campagne.


CNE503 a écrit :
A Malplaquet, Villars sauve la France de l'invasion et inverse la tendance dessinée depuis 1706, faite de défaites ininterrompues en Flandres qui ont ouvert la "ceinture de fer". Même s'il évacue le champ de bataille au soir de la bataille pour se replier quelques kilomètres au sud, son armée est toujours en état de combattre, plus que celle des coalisés, et elle leur a infligé des pertes telles qu'eux en revanche sont obligés d'ajourner leurs plans. Bref, Villars a remporté une grande victoire stratégique ce jour-là, même s'il n'a pas conservé le terrain et semble avoir subi une défaite tactique.

A Eylau, Napoléon veut détruire l'armée russe pour clôturer une campagne qui, après le triomphe d'octobre-novembre 1806, s'enlise et lui coûte ses plus beaux régiments, englués dans la boue et la neige polonaise et usés par des combats d'avant-postes stériles contre les Cosaques ou les chasseurs russes. Il cherche la décision pour vider la querelle et en finir.
Or, non seulement il est loin de détruire l'armée russe, mais il y perd tout un corps d'armée, le VIIe d'Augereau, n'arrive pas à éviter la jonction du corps de Lestocq avec les troupes russes, et se retrouve personnellement menacé dans le cimetière, obligé de recourir à deux expédients pour rétablir une situation bien compromise (l'intervention rarissime de la Garde impériale, et la fameuse "charge des 80 escadrons" de Murat, procédé non moins rarissime dans les annales militaires qui lui coûte une bonne partie de sa cavalerie). Au soir, les Russes se sont repliés, mais ils ont évité la destruction, ont infligé des pertes tellement lourdes à l'armée française qu'elle est bien incapable de poursuivre la campagne et que l'Empereur lui-même est obligée de l'ajourner, le temps de se refaire. Toutes les chancelleries en font des gorges chaudes : l'invincible corse ne l'est plus.
C'est par un tour de propagande (la version du bulletin) qu'il en fait une victoire. Elle n'en a aucun autre attribut qu'avoir bivouaqué sur le champ de bataille, et c'est plutôt un beau succès défensif russe qui, comme précédemment à plusieurs reprises (Pultusk, Golymin), ont réussi à mettre en échec les plans du grand stratège.

Le terrain n'est pas un bon indicateur de victoire depuis au moins le XVIIIe siècle. Cela valait pour les Grecs antiques, au moins jusqu'à ce que les armées n'aient une cohésion suffisante pour demeurer opérationnelle dans le sillage d'une retraite. Mais lorsque ce qui est en jeu est l'invasion d'un pays ou la destruction d'une armée, se replier en infligeant de telles pertes à l'adversaire qu'il est incapable d'atteindre son objectif stratégique, cela représente l'illustration la plus aboutie de ce qu'est l'art de la guerre (et aujourd'hui, cela s'incarne dans l'approche opérative de la défense en profondeur).

Que le succès défensif russe à Eylau (ou l'échec offensif français si vous préférez) se soit révélé aussi stérile in fine que la victoire défensive autrichienne lors des journées d'Essling-Aspern en mai 1809 (puisque deux batailles rangées menées trois mois plus tard ont réglé la question sans conteste), c'est une chose*, que la première manche n'ait pas été à l'avantage de l'Empereur, c'est pour moi une réalité.

* On pourrait aussi longuement disserter sur la victoire de Borodino : succès tactique français indéniable, cette victoire enfonce un peu plus l'armée française en Moscovie. Une défaite sur le fil aurait obligé à la retraite et celle-ci se serait effectuée dans de bien meilleures conditions en septembre 1812 - avec une armée russe épuisée - qu'en novembre suivant, dans le froid, la neige, des effectifs encore plus réduits et sans ravitaillement...


CNE503

PS : désolé, je ne sais comment on déplace un fil...

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Message Publié : 08 Août 2013 16:13 
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Grégoire de Tours
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En 1709, à Malplaquet, les coalisés, deux fois plus nombreux, subissent finalement deux fois plus de pertes. Ils renoncent à avancer sur Paris. Toutefois, il faudra la victoire de Denain, remportée par Villars, pour repousser une seconde tentative d'invasion et, surtout, reprendre les places du nord de la France. Malplaquet n'est qu'un répit, même si c'est un succès à l'échelle stratégique.

La bataille d'Eylau (7-8 février 1807) n'est pas tout à fait dans le même contexte. Certes, comme vous le précisez, Napoléon 1er aime les victoire décisives, c'est à dire les victoires stratégiques. Ulm, Austerlitz, Iena-Auerstaëdt et la poursuite qui en suit sont des victoires décisives et donc stratégiques. Une victoire stratégique termine une campagne, car la stratégie c'est tout ce qui concerne un théâtre d'opération. Hors, Eylau, ce fut quoi ? Le corps du maréchal Augereau, trompé par une tempête de neige, s'égare et, présentant son flanc à l'artillerie russe, subit de lourdes pertes. Son corps n'est pas anéanti, mais il est durement endommagé (oui, car pour que le corps d'Augereau soit anéanti, il aurai fallu une perte minimum de 25 000, hors nos pertes totales pour Eylau sont de 16 000). Les russes avancent, semblent sur le point de gagner la bataille. Napoléon rétablit la situation. Une colonne de quatre milles soldats russes est anéanti dans le cimetière par les baïonnettes de la Garde française, mais aussi par les sabres de la cavalerie de ce même corps. Vient ensuite la grande charge de cavalerie du maréchal Murat : 80 escadrons de cavaliers français qui ramènent les lignes russes en arrière, les soldats russes ne trouvant refuge que dans les bois environnants. A une des ailes, le maréchal Davout gagne difficilement du terrain, stoppant même une contre-attaque prussienne, refoulant les masses d'infanterie russe. A l'autre aile, le maréchal Ney arrive en fin de bataille et refoule l'ennemi. Bref, à la fin de la bataille d'Eylau, les russes sont ramenés au centre et battus sur les ailes. L'armée russe fait une retraite. En outre, Benigsen a subi de lourdes pertes, bien plus que Napoléon. A Eylau, les pertes des français sont de 2755 tués ou mortellement blessés d'après le dictionnaire des tués ou mortellement blessés d'Eylau par le couple Quintin. Hors, à Austerlitz, les même auteurs parlent de 8000 français hors de combat dont 1400 tués ou mortellement blessés. Ainsi, on peux penser que les pertes à Eylau sont de 12 000 à 13 000 blessés, en outre des 2755 tués ou mortellement blessés. Ce qui donne un total de 16 000 français hors de combat pour Eylau. Hors, les pertes russes sont de un tiers plus fort. Eylau, fut, pour les russes, une boucherie également. Eylau est, pour moi, un succès tactique français, même si le résultat stratégique est néant. Il n'y a pas de victoire décisive à Eylau. Toutefois, les russes ont subis plus de pertes, sont donc également affaiblis, et surtout Eylau n'apporte quasiment rien aux russes du point de vue stratégique. Si le but des russes est d'éviter des victoires françaises décisives, c'est un peu maigre comme but de campagne. Les russes ne tarderont pas à s'en rendre compte, d'où la prise de risque de Benigsen à Friedland, en faisant traverser l'Alle à l'armée russe, le 14 juin 1807, erreur qui lui sera fatale.

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Bien qu’on ait du cœur à l’ouvrage, l’Art est long et le Temps est court.

Charles Baudelaire


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Message Publié : 08 Août 2013 17:12 
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1) sans la victoire de Malplaquet, la "ceinture de fer" était perforée dès 1709, et la France envahie. Il s'agit du pendant de la victoire défensive de Senneffe en 1674. S'il faut attendre Denain pour que la balance stratégique s'inverse et que la France reprenne l'offensive et annule une partie des conquêtes coalisées réalisées entre 1706 et 1708 essentiellement, ce fut bel et bien parce qu'à Malplaquet l'équilibre des forces fut rétabli (même avant le retrait anglais de la coalition en 1711).

2) la charge de cavalerie des "80 escadrons" à Eylau brise l'élan russe, absolument pas leur ligne. Il y a donc des pertes russes limitées quand les cavaliers français paient au prix fort un tel expédient. C'est folie de lancer sa cavalerie sur une ligne d'infanterie qui n'a pas été "travaillée" - on le verra à Waterloo - s'il s'agit de rompre une ligne, et ça ne peut produire que de lourdes pertes. Lorsque l'Empereur déchaîne Murat, il s'agit uniquement de gagner du temps pour reconstituer la ligne de bataille, absolument pas d'inverser le sort de la bataille en rompant la cohésion des régiments russes. C'est un succès, mais qui a coûté cher à la cavalerie française, et ne présage pas d'une victoire. Cela évite juste une défaite.

Pour le reste, je reprendrai le détail ce soir ou demain.

CNE503

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Message Publié : 08 Août 2013 18:01 
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Localisation : Myrelingues la brumeuse
CNE503 a écrit :
1
2) la charge de cavalerie des "80 escadrons" à Eylau brise l'élan russe, absolument pas leur ligne. Il y a donc des pertes russes limitées quand les cavaliers français paient au prix fort un tel expédient. C'est folie de lancer sa cavalerie sur une ligne d'infanterie qui n'a pas été "travaillée" - on le verra à Waterloo - s'il s'agit de rompre une ligne, et ça ne peut produire que de lourdes pertes. Lorsque l'Empereur déchaîne Murat, il s'agit uniquement de gagner du temps pour reconstituer la ligne de bataille, absolument pas d'inverser le sort de la bataille en rompant la cohésion des régiments russes. C'est un succès, mais qui a coûté cher à la cavalerie française, et ne présage pas d'une victoire. Cela évite juste une défaite.

CNE503


Théoriquement vous avez raison et effectivement ce fut un expédient ! mais je ne suis pas sûr que la comparaison puisse être faite avec Waterloo. A Waterloo, les anglais savaient parfaitement s'organiser en carrés pour résister aux charges de cavalerie, et surtout ils avaient une bonne visibilité qui leur a permis de faire le nécessaire en temps utile
A Eylau par contre, je ne suis pas sûr que l'armée russe ait eu la même technicité, et de plus les conditions atmosphériques étaient épouvantables. Les chutes de neige qui avaient aveuglé le corps d'Augereau, ont probablement avantagé la cavalerie Française, et les russes disposés en lignes ont vu fondre sur eux un maelström ! Mais je suis d'accord, cette charge n'eût pas suffit et heureusement le corps de Ney est arrivé à temps

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C'est l'ambition qui perd les hommes. Si Napoléon était resté officier d'artillerie, il serait encore sur le trône.

Mr Prudhomme


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Message Publié : 08 Août 2013 18:17 
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Il n'est pas nécessaire de se former en carré pour résister à une charge de cavalerie, tant que celle-ci est incapable de déborder la ligne de bataille. A Eylau, les Russes avancent en colonne initialement (et se font écraser), avant de se former en ligne et de ne pouvoir donc être plus débordés. La charge emporte l'avant-garde russe, des partis de cavalerie trop faibles pour lui résister, et se poursuit. Elle enfonce même la ligne russe hâtivement érigée en son centre et écrase quelques régiments qui n'ont pas eu le temps d'adopter un dispositif défensif adapté (en raison de la pauvre visibilité due à la neige). Mais les Russes, loin d'être emportés, reforment la ligne après son passage et infligent de lourdes pertes aux Français : 1 500 tués ou blessés perdus sur environ 10 000 hommes !

En gros, cette charge oblige surtout les Russes à arrêter leur mouvement vers l'avant, qui menace le centre anéanti de l'armée française (là où aurait dû se trouver le VIIe Corps d'Augereau), pour prendre les dispositions défensives qui s'imposent malgré tout (former plusieurs rangs, baïonnette au canon pour former un mur infranchissable aux chevaux, etc). Elle les désorganise, brise leur élan offensif et les force à engager des réserves afin de se réarticuler. Mais elle ne les écrase pas, très loin de là.

J'avais oublié de répondre à C.Douville sur le VIIe Corps : si, il est anéanti. Déjà, c'est le plus faible des corps français, puisqu'il compte moins de 20 000 hommes (de mémoire, et compte tenu des lourdes pertes subies entre octobre 1806 et février 1807, je dirais pas plus de 14 ou 15 000). Ses pertes sont catastrophiques, et les faibles éléments restants sont ventilés après la bataille dans les autres corps pour les renforcer : y a-t-il encore mention du VIIe Corps d'Augereau après le 8 février 1807 dans la campagne de Pologne ?

CNE503

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Message Publié : 09 Août 2013 8:55 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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CNE503 a écrit :
y a-t-il encore mention du VIIe Corps d'Augereau après le 8 février 1807 dans la campagne de Pologne


Le 7e corps fut dissous le 20 février. La répartition des régiments fut notifiée le 6 mars suivant.

La répartition donna ceci :

1ère division :
-16e léger : 1er corps
-14e de ligne : 4e corps

-44e de ligne : 10e corps
-105e de ligne : 4e corps


2ème division :
-7e léger : 3e corps

-24e de ligne : 1er corps
-63e de ligne : 1er corps


Brigade de cavalerie légère :
-7e chasseurs : réserve de cavalerie
-20e chasseurs : réserve de cavalerie

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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Message Publié : 09 Août 2013 8:56 
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Plutarque
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C.Douville a écrit :
[...]Toutefois, il faudra la victoire de Denain, remportée par Villars, pour repousser une seconde tentative d'invasion et, surtout, reprendre les places du nord de la France. Malplaquet n'est qu'un répit, même si c'est un succès à l'échelle stratégique.

Entièrement d'accord
Malplaquet est pour la France une défaite tactique, mais on peut la considérer comme une victoire stratégique, nécessitant de transformer l'essai.

C.Douville a écrit :
[...]Eylau est, pour moi, un succès tactique français, même si le résultat stratégique est néant. Il n'y a pas de victoire décisive à Eylau. Toutefois, les russes ont subis plus de pertes, sont donc également affaiblis, et surtout Eylau n'apporte quasiment rien aux russes du point de vue stratégique. ...


Idem.
Pour reprendre une image sportive, disons que si c'était un match de tennis, il y aurait 40A et avantage à la France

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« A mon avis, les généraux qui meurent à la guerre commettent une faute professionnelle. »
Henri JEANSON

« Je ne considère pas Napoléon comme un personnage supérieur par l’esprit, le jugement ou la valeur ; c’est un personnage de second plan. »
Hudson LOWE (1769-1844), comique britannique méconnu


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Message Publié : 09 Août 2013 15:53 
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Encore une fois, il faut définir ce qu'est une victoire ou une défaite.

Si c'est le simple fait de se maintenir sur le champ de bataille, alors 1) cela occulte un ensemble d'éléments qui me semblent pourtant très (plus ?) pertinents pour juger à qui appartient la journée ; 2) cela rend forcément inopérant la notion de défense élastique ou dans la profondeur, quand le principe est d'échanger du terrain contre du temps et des hommes.

Pour moi cela ne saurait donc être le cas. Ergo, la seule raison qui fait d'Eylau une victoire française, le maintien sur le champ de bataille le soir, et la seule raison qui fait de Malplaquet une défaite française, le fait que Villars retire l'armée au soir, ne sont pas suffisantes.
On peut bien entendu l'étendre à d'autres batailles (Antietam Creek en 1862 par exemple).

On doit donc creuser plus profondément. Un critère pertinent est celui des pertes, en valeurs absolue et/ou relative. Un autre est celui des objectifs fixés par le général en début de journée (ont-ils été atteints ?). Un troisième est l'impact sur le cours de la campagne (le sort de cette bataille a-t-il influencé positivement ou négativement le cours de la campagne ?).

Pour Malplaquet :
- les pertes coalisées sont très nettement supérieures aux françaises (wikipedia donne 6 000 tués et blessés français pour 20 à 25 000 coalisés, pour des armées respectivement fortes de 80 000 et de 110 000 hommes, soit 7,5% pour les premiers, et 20% environ pour les seconds). Le simple fait qu'une armée aussi visiblement inférieure en nombre et en puissance de feu (60 canons contre 100) arrive à infliger des pertes si significativement supérieures est déjà une indication claire : les Français se sont battus comme des lions.
- les objectifs respectifs : côté français, on veut repousser l'invasion et on se contentera de ça, au vu de l'appel désespéré de Louis XIV à son peuple ; côté coalisé, on veut justement percer la "ceinture de fer" et commencer les choses sérieuses après plusieurs années à se disperser en Flandres. Bref, les Français atteignent leur objectif, les Coalisés non.
- le cours de la campagne : l'invasion coalisée est tout bonnement interrompue.
Bref, à part le terrain, que des critères positivement en faveur d'une victoire française. D'ailleurs, Villars ne s'y trompe pas quand il dit "Si Dieu nous fait la grâce de perdre encore une pareille bataille, Votre Majesté peut compter que ses ennemis sont détruits".

Pour Eylau :
- les pertes françaises représentent plus de 30 000 hommes selon A. Pigeard (un peu plus de 5 000 tués, de 24 000 blessés et de 1 000 prisonniers) sur 65 000, soit 46% ! Pour les Russes, on a 27 à 29 000 tués, blessés ou prisonniers sur 68 à 70 000 hommes, soit 41%.
- les objectifs respectifs : côté français, c'est l'échec puisque l'armée russe n'est ni détruite ni mise hors d'état de nuire alors qu'il s'agissait de clôturer au plus tôt une campagne qui avait déjà duré beaucoup trop longtemps. Côté russe, il s'agissait de se replier vers Königsberg, donc de conserver sa liberté de manoeuvre, et de survivre. C'est chose faite au soir.
- le cours de la campagne : à part qu'elle a retardé le règlement du sort de la campagne de trois mois, cette bataille n'a eu que peu d'impact immédiat sur le cours de la guerre. L'armée française tout comme l'armée russe ont dû se refaire avant de reprendre leurs opérations. Le prestige de Napoléon a été atteint dans les chancelleries qui se sont prises du fol espoir que le Corse serait vaincu. A part ça, une bataille qui n'a pas joué un grand rôle sur le cours de la campagne.
En conclusion : les pertes tout comme les objectifs sont en faveur des Russes, le rôle de la bataille dans le cadre plus vaste de la campagne est suffisamment mineur pour être ignoré. Tout comme à Malplaquet, ceux qui retirent plus de bénéfices immédiats du combat sont bien les Russes. L'Empereur ne s'y trompe pas, qui mène une action de propagande d'une ampleur inusitée en demeurant sur le champ de bataille et en s'y faisant peindre, et en travestissant clairement la vérité dans le bulletin de la Grande Armée - ça c'est usuel, mais la proclamation aussi répétée et péremptoire qu'il s'agit d'une victoire montre bien qu'on n'en est pas si sûr !

CNE503

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Message Publié : 11 Août 2013 2:24 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 11 Oct 2012 21:58
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je proposerais un critère d'après moi aussi très important: la perception qu'ont les contemporains de l'évènement. Une batailler considérée comme gagnée ou perdue peut tout aussi bien galvaniser une population ou au contraire la plonger dans l'abattement. Ce critère est bien sûr beaucoup plus subjectif mais les batailles décisives étant rares, il joue dans bien des cas.


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Message Publié : 11 Août 2013 9:43 
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Oui mais encore une fois, dans le cas d'Eylau, même ce critère est disputé ! Les Français, sous l'influence du Bulletin, pensent avoir gagné, mais les autres peuples européens croient à une défaite française...

CNE503

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Message Publié : 11 Août 2013 15:00 
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Eginhard
Eginhard

Inscription : 27 Août 2012 15:49
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CNE503 a écrit :
Pour Eylau :
- les pertes françaises représentent plus de 30 000 hommes selon A. Pigeard (un peu plus de 5 000 tués, de 24 000 blessés et de 1 000 prisonniers) sur 65 000, soit 46% ! Pour les Russes, on a 27 à 29 000 tués, blessés ou prisonniers sur 68 à 70 000 hommes, soit 41%.


Malheureusement ces chiffres ne sont jamais les même et c'est la première fois que je vois des chiffres défavorables aux français.
En voulant vérifier les chiffres de Pigeard, je me retrouve sur un article de Christophe Bourachot qui site Pigeard :

"Selon Alain Pigeard dans son « Dictionnaire de la Grande Armée » (Tallandier, 2002, pp.667-668), les forces françaises à Eylau s’élevaient à 57 000 hommes ;les forces Russo-prussiennes à 74 000 russes et 8500 prussiens.

Les pertes du côté Français : Entre 1500 et 3000 tués ;entre 4300 et 7000 blessés.
Les Russes eurent 9000 tués et 7000 blessés."

Même en reprenant l'estimation la plus défavorable, les chiffres restent en faveur des français. Ce qui confirme tout ce que j'ai pu lire dessus.

CNE503 a écrit :
les objectifs respectifs : côté français, c'est l'échec puisque l'armée russe n'est ni détruite ni mise hors d'état de nuire alors qu'il s'agissait de clôturer au plus tôt une campagne qui avait déjà duré beaucoup trop longtemps. Côté russe, il s'agissait de se replier vers Königsberg, donc de conserver sa liberté de manoeuvre, et de survivre. C'est chose faite au soir.


Enfaite, c'est bennigsen qui a repris l'offensive alors que la décision de remettre la campagne à plus tard avait été décidée par Napoléon en répartissant ses corps d'armée. De ce point de vue la c'est un complet échec stratégique russe puisqu'ils sont passés à 2 doigts de la catastrophe et ne remplissent absolument pas leurs objectifs de destruction du corps de bernadotte.

CNE503 a écrit :
- le cours de la campagne : à part qu'elle a retardé le règlement du sort de la campagne de trois mois, cette bataille n'a eu que peu d'impact immédiat sur le cours de la guerre. L'armée française tout comme l'armée russe ont dû se refaire avant de reprendre leurs opérations. Le prestige de Napoléon a été atteint dans les chancelleries qui se sont prises du fol espoir que le Corse serait vaincu. A part ça, une bataille qui n'a pas joué un grand rôle sur le cours de la campagne.


Bennigsen a fait croire au tzar à une victoire russe, tout comme après Friedland... C'est vrai qu'après Austerlitz on est moins exigeant.

CNE503 a écrit :
L'Empereur ne s'y trompe pas, qui mène une action de propagande d'une ampleur inusitée en demeurant sur le champ de bataille et en s'y faisant peindre, et en travestissant clairement la vérité dans le bulletin de la Grande Armée - ça c'est usuel, mais la proclamation aussi répétée et péremptoire qu'il s'agit d'une victoire montre bien qu'on n'en est pas si sûr !


Le tableau ne montre pas une victoire éclatante mais plutôt l'horreur de la guerre. Ensuite le lien de cause à effet n'est pas si évident entre le fait de vouloir glorifier l'armée dans les bulletins et la pensée intime de l'Empereur concernant la bataille. C'est un communicant et il s'adresse à l'armée, à la France et à l'Europe.


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Message Publié : 11 Août 2013 15:57 
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Localisation : Bourgogne
Il me semble que c'est bien plus complexe que cela : pour des raisons internes (volonté de prouver au Tsar qu'il a raison de le préférer à Buxhöwden) et externes (le 1er Corps de Bernadotte est aventuré dans une situation périlleuse et vulnérable à une attaque brusquée qui offre des perspectives de victoire limitée intéressantes), Bennigsen passe à l'offensive le 19 janvier 1807. Après le succès défensif de Bernadotte à Mohrungen (25 janvier 1807) et le repli ordonné du 1er Corps, l'affaire est manquée, et Bennigsen rappelle son armée vers le nord.
Napoléon décide alors de contre-attaquer le 1er février, espérant couper Bennigsen de sa ligne d'opérations vers Königsberg. Mais l'armée russe lui échappe, comme à Pultusk, et il ne la rencontre que parce qu'elle décide de combattre le 7 février. A ce moment de la campagne, le but de Bennigsen est simple : réussir à se replier dans la profondeur, sous la sécurité des murs de Königsberg, et infliger le plus de pertes possibles à l'armée française.

Le véritable succès français, c'est Mohrungen ; le véritable échec, d'ailleurs, c'est de ne pas avoir réussi à prendre Bennigsen de vitesse à compter du 1er février et de lui imposer une bataille à front renversé qu'il aurait perdu de toute évidence. Mais ça n'en fait pas moins d'Eylau une bataille très disputée où les Français ont plus perdu que les Russes.

Pour les pertes, je n'ai pas été chercher bien loin puisque c'est directement issu de l'article français sur Eylau, citant Pigeard et reprenant ce que j'en avais retenu de l'excellent livre de F. Naulet sur la bataille (dont je recommande la lecture avec chaleur, tout comme celle de ses livres sur Friedland et Wagram). Soyons un instant sérieux : le 7e Corps est dissous tant ses pertes ont été lourdes. S'il est dissous, c'est qu'il a perdu plus de la moitié de ses hommes, ce qui représente au moins de 6 à 8 000 hommes, au minimum. Les 10 500 cavaliers de Murat ont aussi subi de très lourdes pertes, de l'ordre de 1 500 hommes. Si on rajoute le 3e Corps qui ne s'est pas ménagé à l'aile droite et a perdu beaucoup de monde dans des attaques soutenues meurtrières, ou le 4e de Soult et la Garde qui ont encaissé de dures attaques au centre, il est évident qu'on est bien plus proche des 20 000 voire des 30 000 que des 10 000.
L'état de l'armée est tellement déplorable après le 8 février que Napoléon rétrograde, abandonnant de fait toute idée de détruire l'armée russe qu'il poursuivait avec le plus bel élan la veille encore...
Objectivement, les Français ont échoué dans leurs projets, les Russes non (enfin, le 31 janvier si, le 8 février non). Quant aux pertes, l'armée française est sur les rotules, c'est une évidence - et c'est d'ailleurs significatif, car même après Wagram qui est pourtant une bataille très disputée, elle réussira à organiser la poursuite jusqu'à Znaim.

Pour les commentaires du Bulletin, c'est une oeuvre de propagande, comme depuis le début, mais Napoléon a recours à des ficelles qu'il n'avait jamais utilisées jusque là. Cela prouve bien qu'une telle "victoire" l'embarrasse. Les chancelleries européennes en font des gorges chaudes, mais pas parce que Bennigsen clame la victoire - l'ont-elles fait après Austerlitz alors que Koutousov osait se proclamer vainqueur ? - parce que le doute est là tant la bataille est meurtrière, tant l'armée française est affaiblie et tant les signes ne sont pas en faveur de l'Empereur.

Question annexe : à Mohrungen, Bernadotte abandonne le terrain à Kamensky. Est-il vaincu, selon la catégorisation "classique" des victoires et des défaites ?

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Message Publié : 11 Août 2013 16:57 
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Eginhard
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Concernant les pertes (avec une petite explication de la provenance de vos chiffres) :

"Pertes françaises : de 1 500 à 3 000 tués et 4 300 à 7 000 blessés, selon les sources. Roguet indique 1 900 tués et 5 700 blessés ; il ajoute que tous les morts furent enterrés dans la journée du 10 février. Enfin, d'après une note de Berthier, sans date et citée par von Lettow (IV/112), les pertes françaises se seraient élevées à 29 634 hommes, dont 237 officiers et 4 893 hommes tués, 784 officiers et 23 589 hommes blessés et 1 152 prisonniers. Bennigsen indique également 5 aigles prises, dont celle du 44e. Le 7e corps d'Augereau à lui seul aura 929 tués et 4 271 blessés.

Pertes russes : Dans ses Mémoires, Bennigsen (T.1 p. 224) indique " 9 000 hommes de tués et 7 000 hommes de blessés ; dans ce nombre 700 officiers et 9 généraux blessés". D'après le major Both (Eylau, 27) "l'armée russe perdit 7 000 morts ; 5 000 hommes blessés dangereusement restèrent sur le champ de bataille ; 14 900 furent transportés à Könisgberg, dont la plupart moururent par suite du froid qu'il faisait. Il y eut 9 généraux blessés et 6 pièces de canon tou à fait démontées. Les Prussiens perdirant 900 hommes ou blessés et un seul canon démonté". Le Journal des opérations du 4e corps indique également la prise de 16 drapeaux, 24 canons, beaucoup de caissons."

Comme je le pense, les pertes russes furent plus sensibles que celles des français.

CNE503 a écrit :
Napoléon décide alors de contre-attaquer le 1er février, espérant couper Bennigsen de sa ligne d'opérations vers Königsberg. Mais l'armée russe lui échappe, comme à Pultusk, et il ne la rencontre que parce qu'elle décide de combattre le 7 février. A ce moment de la campagne, le but de Bennigsen est simple : réussir à se replier dans la profondeur, sous la sécurité des murs de Königsberg, et infliger le plus de pertes possibles à l'armée française.


Conclusion : échec stratégique complet du mouvement offensif, l'armée russe s'échappe grâce à la prise d'un courrier qui l'informe de la manœuvre de l'Empereur, repli sur Königsberg avec très lourdes pertes.
La bataille d'Eylau s'inscrit dans ce contexte, il y a donc un statu quo sans conséquence stratégique pour les 2 armées.

CNE503 a écrit :
Objectivement, les Français ont échoué dans leurs projets, les Russes non (enfin, le 31 janvier si, le 8 février non). Quant aux pertes, l'armée française est sur les rotules, c'est une évidence - et c'est d'ailleurs significatif, car même après Wagram qui est pourtant une bataille très disputée, elle réussira à organiser la poursuite jusqu'à Znaim.


Avec un objectif aussi "fumeux" que "provoquer le plus de perte à l'ennemi possible" on ne peut jamais être vraiment perdant sauf catastrophe. Alors oui à l'époque des Ulm, Austerlitz et Iéna ça change mais de là à parler de défaite...
Il ne faut pas oublier que les conditions météorologiques, le terrain et les réserves disponibles n'ont rien à voir entre Eylau et Wagram.

CNE503 a écrit :
Pour les commentaires du Bulletin, c'est une oeuvre de propagande, comme depuis le début, mais Napoléon a recours à des ficelles qu'il n'avait jamais utilisées jusque là. Cela prouve bien qu'une telle "victoire" l'embarrasse


Oui c'est la première fois qu'il ne remporte pas une victoire complète, l'Empereur en est bien conscient mais il me semble qu'après la campagne de russie il a bien admis l'état des choses, pas à Eylau puisqu'il était vainqueur.

CNE503 a écrit :
Les chancelleries européennes en font des gorges chaudes, mais pas parce que Bennigsen clame la victoire - l'ont-elles fait après Austerlitz alors que Koutousov osait se proclamer vainqueur ? - parce que le doute est là tant la bataille est meurtrière, tant l'armée française est affaiblie et tant les signes ne sont pas en faveur de l'Empereur.


Les chancelleries se raccrochent à chaque signe défavorables à la France après des années de désastres. Alors oui de chaque côté on exagère, la vérité se trouve souvent au milieu.


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Message Publié : 11 Août 2013 17:12 
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Inscription : 20 Déc 2008 14:01
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Pas convaincu, compte tenu de l'état avéré de l'armée au 9 février 1807 au matin et des variations importantes des sources concernant les pertes.
Que les Russes aient subi de lourdes pertes et aient échoué dans leur manoeuvre initiale : soit. Ca leur est déjà arrivé en décembre 1806 et la manoeuvre de Pultusk a été à deux doigts d'aboutir à leur défaite cinglante. Mais de fait, ils ont esquivé la contre-offensive française et repoussé en bataille rangée pour la première fois le Corse invincible, lui infligeant de telles pertes et lui faisant assez peur pour qu'il engage sa Garde (la fois précédent, cavalerie exclue, c'était à... Marengo) et soit obligé d'utiliser un expédient très coûteux en vies pour rétablir la situation (la charge des "80 escadrons"). Il est même obligé de dissoudre un de ses "sept torrents", qui plus est celui qui avait le moins donné pendant les étapes précédentes de la campagne !

Que la bataille soit estimée "inconclusive" pour reprendre un terme anglais à la mode, si on veut. Mais en faire une victoire française, je le répète, à part le fait de se maintenir sur le champ de bataille, il n'y a pas beaucoup d'arguments qui militent en ce sens...

Lisez Naulet, on en parlera sur ces bases-là, ça vaudra mieux.

CNE503

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Message Publié : 11 Août 2013 17:26 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 11 Oct 2012 21:58
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Puisque jusque la il n'a ete question que de terrain conserve ou perdu et de statistiques au sujet des pertes, quelqu'un peut-il me donner son avis sur Bevezier, La Hougue et Pearl Harbour?


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