Je n'ai jamais compris l'utilité d'un service militaire long. Il a évidemment un coût important en pertes de production.
En France :
1905 : deux ans.
1913 : trois ans.
1923 : un an et demi.
1928 : un an.
1935 : deux ans.
Est-ce qu'il n'aurait pas mieux valu un service d'un an, ou même de six mois, et davantage de dépenses en matériel ?

Si l'on compte que la vie active est de quarante ans, et que les femmes travaillent, et que la productivité d'un jeune est sensiblement égale à celle d'un travailleur moyen, le maintien sous les drapeaux d'une classe entière pendant un an diminue la production de la moitié d'un quarantième, soit 1,25%.
L'intégralité de cette somme ne peut pas être récupérée par l'Etat sans appauvrir la population, car il faut que les jeunes subviennent à leurs besoins. Cela dit, si 1% était récupéré, et si les dépenses militaires représentaient 4% du Pib, cela aurait permis un accroissement de 25% de celles-ci. De plus, une partie des dépenses militaires sont consacrées à nourrir et à encadrer les conscrits. L'accroissement des dépenses de matériel aurait donc pu être supérieur à 25%.

Le nombre de soldats entrainés et immédiatement disponibles est plus important et offre une meilleure couverture pour la mobilisation générale

La loi d'août 1913, faisant passer la durée du service militaire à 3 ans permet la création de 10 régiments d'infanterie supplémentaires, soit un corps d'armée.
L'armée d'active, à la veille du conflit se compose de 880 000 hommes (à peu près comme l'Allemagne).
Cette loi fut âprement discutée puis finalement votée. N'oublions pas qu'en 1911, la guerre fut évitée de justesse. Face à l'impérialisme allemand, la France devait réagir. Le nombre d'hommes alignés était considéré comme un facteur extrêmement important. L'Etat-major français, suivant les préceptes du colonel de Grandmaison, était resté dans une optique d'attaques en masse, avec charges à la baïonnette.

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"Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu à toutes les femmes...."
Extrait de "La Chanson de Craonne"

@Sir Peter a écrit : "Le nombre de soldats entrainés et immédiatement disponibles est plus important et offre une meilleure couverture pour la mobilisation générale"

C'est ça que je ne comprends pas. Les réservistes, ils n'étaient pas immédiatement opérationnels ? Et, la mobilisation se faisant en quelques jours, quel besoin d'une importante couverture ?

Parce que les considérations économiques sont absolument étrangères à ces lois, qui n'ont pour seul objet que de donner à la France une armée capable de vaincre en cas de conflit avec l'Allemagne.

Or, à cette époque, une guerre est avant tout une affaire de nombres. Le pays qui a l'armée la plus fortement constituée se met dans les meilleures dispositions pour vaincre (d'où l'importance d'un système d'alliances complémentaire en 1914 ; et de la mobilisation de l'empire en 1914 comme en 1939).

CNE503

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"Sicut Aquila"/"Ils s'instruisent pour vaincre"/"Par l'exemple, le coeur et la raison"/"Labor Omnia Vincit"/"Ensemble en paix comme au combat"/"Si Vis Pacem Para Bellum"/"Passe toujours !"

Il faut ajouter que l'état-major français ne croit pas à l'efficacité des régiments de réservistes, au point de refuser - au début - de croire que les Allemands ont engagé leurs réserves en première ligne.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)

Justement, si 1914 avait montré l'efficacité des régiments de réservistes, pourquoi, en 1935, avoir fait passer le service militaire à deux ans, plutôt, par exemple, qu'avoir augmenté les défenses d'aviation, ou avoir accru l'efficacité des réserves en faisant effectuer des périodes ?

Je pense que le passage à 2 ans en 1935 correspond à l'arrivée de ce qu'on appelle les classes creuses : peu d'enfants nés entre 1914 et 1918. (puis déficit après guerre dû aux soldats tués.)

La France, 40 millions d'habitants, a en face d'elle une Allemagne dont la population est double. (ou va bientôt l'être) De plus La Grande-Bretagne se refuse à rétablir la conscription, ce qu'elle ne fera qu'en 1939. Et mieux vaut ne pas parler des USA.

Et puis les réserves de 1935 sont travaillées par l'antimilitarisme et le pacifisme. Certains régiments convoqués pour des périodes de réserve s'en prennent à leurs officiers, tandis que la hiérarchie militaire préfère ne pas faire de vague - pour "ne pas faire de politique" - plutôt que de mettre en cause la propagande du PCF. A cette époque le SNI, syndicat des instituteurs (un vivier d'officiers de réserve) est très officiellement pacifiste. Les régiments de réserve sont mal commandés - trop d'officiers de réserve - et ne disposent pas de priorité pour les matériels nouveaux, qui sont affectés à l'active.

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