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Message Publié : 01 Déc 2013 16:23 
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Bonjour, cette réponse de CNE503 m'a donné envie d'en savoir plus sir la naissance d'une armée permanente au service du roi, puis de la Nation

CNE503 a écrit :
@Narduccio : en fait, les premières compagnies d'ordonnance remontent à 1445, mais les bandes picardes n'en sont pas. Les compagnies d'ordonnance sont des unités de cavalerie, pour partie lourde autour des gens d'armes issus de la chevalerie, pour partie légère autour des archers montés qui font partie de leur suite. Quant aux bandes picardes, il s'agit d'un essai mené par Louis XI, au lendemain de la défaite de Guinegatte, au cours de laquelle ses francs-archers (dont l'institution remonte à 1448) se sont piètrement comportés. Le monarque décide de regrouper au camp du pont-de-l'Arche 14 000 volontaires des territoires régnicoles, qu'il encadre par 6 000 vétérans suisses soldés. Il crée ainsi les "bandes de Picardie", ultérieurement étendues à la Champagne à l'est du royaume et au Piémont dans son midi. Ces bandes se maintiendront jusqu'à l'institution des premiers régiments, apparus dans les années 1560.


Donc, j'aimerais en savoir un peu plus et merci de votre future participation.

Comment on est passé de l'armée médiévale à une armée permanente ?

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Message Publié : 01 Déc 2013 18:12 
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Localisation : Bourgogne
Charles VII, dans le sillage de la première reconquête de son royaume (1429-1436), a voulu réorganiser en profondeur l'armée féodale. Celle-ci n'était en effet absolument plus adaptée aux besoins militaires du royaume, comme l'avait prouvée son incapacité à faire face à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons à partir de 1407, et surtout à empêcher l'invasion anglaise à compter de 1415.
Il s'est heurté à des difficultés budgétaires et politiques, illustrées par la Praguerie de 1440, qui l'empêchèrent d'initier ce grand projet avant 1444. Cette année-là, il nettoie ses armées des "écorcheurs" qui y pullulent, en les regroupant et en les envoyant combattre les Suisses sous son fils le dauphin Louis (bataille de Saint-Jacques-sur-la-Birse) et assiéger Metz.
L'année suivante, il publie la fameuse ordonnance de Montils, qui crée les compagnies de la grande ordonnance. Celles-ci, qui regroupent des gens d'armes soldés par le roi et leur équipage militaire (cinq soldats supplémentaires), lui offrent une cavalerie déliée des vieilles relations contractuelles féodales, plus disciplinée, facilement mobilisable, mieux équipée et loyale. Il licencie par ailleurs les éléments superfétatoires, ce qui ne va pas sans difficultés.
C'est l'apparition d'une armée permanente, moderne, de taille respectable, qui va s'imposer pendant cinquante ans sur les champs de bataille européens.

Par ailleurs, il crée en 1448 la milice des francs-archers, première tentative de se doter d'une infanterie nationale d'un bon niveau, sur le modèle de l'archerie anglaise.

Ces deux institutions sont au coeur de la seconde reconquête, en 1450-1453, avec l'artillerie des frères Bureau. Elles montrent cependant leurs limites lors des guerres pour l'héritage bourguignon, en 1477-1480, puis lors des guerres d'Italie. Les francs-archers et les compagnies d'ordonnance disparaissent entre 1479 (Guinegatte) et 1525 (Pavie), plus ou moins. A partir des guerres italiennes, le mercenariat reprend toute sa place dans le dispositif militaire de la monarchie française, en dépit d'efforts méritoires, comme la création des bandes dont on parlait sur chaque frontière militaire du royaume, dans les années 1480-1490, ou la réforme de 1534 de François Ier, visant à se doter de légions de recrutement régional, qui permettrait de disposer de 42 000 fantassins français équipés et disciplinés. Les légions, en dépit de quelques succès, ne survivent guère au Valois, et disparaissent dans les années 1550. Elles ne valaient de toute manière pas les Tercios espagnols, qui dominent les champs de bataille européens à partir des années 1530. Seules les bandes demeurent, mais disparaissent dans le sillage des guerres de religion (même si ce sont les "vieilles bandes françaises" qui vainquent à Dreux en 1562).

Elles sont remplacées, à la toute fin des années 1550 ou au tout début des années 1560 (entre 1558 et 1562), par la structure des régiments, peu stabilisée et anarchique initialement, notamment en raison des désordres intérieurs de la France, mais pérennisée sous Henri IV, et rationalisée et étendue à partir de 1635.
Cette structure, qui concrétise l'apparition d'une infanterie nationale, démontre sa supériorité sur les Tercios espagnols à Rocroi, en 1643. C'est le début d'un demi-siècle de supériorité militaire française sur les champs de bataille.

Il y a de très bons ouvrages sur gallica qui parlent de ça, notamment l'Histoire de la Milice françoise, du révérend père Daniel (1727) ou les institutions militaires de la France d'E. Boutaric (1863), que je recommande - même s'ils sont un peu contradictoires concernant les francs-archers et leur disparition.

Voilà, en très bref.

CNE503

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Message Publié : 01 Déc 2013 18:54 
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Inscription : 20 Déc 2008 14:01
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Localisation : Bourgogne
J'ai négligé de parler de la petite ordonnance, ou des troupes de morte-paye, chargées de la garde des places fortes, qui fournit un complément très utile à la grande ordonnance, à moindre frais, et qui complète le dispositif militaire de cette seconde moitié du XVe siècle.

CNE503

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Message Publié : 01 Déc 2013 19:30 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 05 Oct 2005 20:39
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Localisation : Lyon-Vénissieux
Merci CNE503 de cet exposé très complet. Un plaisir ! ;)

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Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
Epitaphe trouvée dans un cimetière des Alpes

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Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
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