Je prends tous les matins un café au bar avec un ancien de 78 ans. Petit homme trapu, râleur et toujours alerte... Il m'a raconté dans le temps qu'il fut mercenaire au Congo Belge (ou si vous voulez "Affreux au Katanga" 1960-1965). Il y a côtoyé l'Horreur. Puis il fut instructeur de je ne sais quelle force armée, rebelle ou légale. Il a été également militaire. Je pense que c'est avant sa période congolaise.
L'autre jour, je lui ai rendu un petit service de déménagement. Nous avons pris un café ensuite dans notre repaire. Et il me raconta qu'il voulut entrer dans l'Armée de l'Air; mais que finalement, il fut versé dans les commandos. Et à ce titre, intégré un peu plus tard chez les soldats qui n'existaient pas. Autrement dit, les hommes chargés de missions de "ménage".
Basé en Corse, nul ne savait où lui et ses collègues étaient. Pas de nom et de prénom. Pas de passé.
Une opération en Algérie. But : liquider un élément du FLN qui aimait s'attaquer aux gosses et aux femmes. Les commandos, une quinzaine, sont embarqués sur un navire. Sur eux, pas un signe de leur identité, grade, affectation. Le navire arrive de nuit au large des côtes algériennes. Les gars montent dans un hélicoptère au bruit étouffé. Ils sont transportés à quelques kilomètres du village où se trouve leur cible. Ils atterrissent dans une cuvette qui atténue les bruits.
Ils marchent, silencieux. Ils arrivent au village; l'investissent sans bruit. Quelques uns d'entre-eux se rendent à la maison où l'indicateur a repéré le gars. Il y entre. La fouille. Rien. Ils vont pour repartir quand ma connaissance repère un léger espace entre le mur et l'évier. Il fait signe à ses copains de revenir. Il tire l'évier à lui et l'évier pivote sans bruit. Au sol, une trappe. Ils ouvrent la trappe et balancent une grenade. L'opération est terminée. Les soldats qui n'existaient pas ont rempli leur mission.
J'ai lu que le père de Marie-Ségolène Royal a été le troisième agent de l'expédition du Rainbow Warrior. Il n'a pas été pris. Sans doute un soldat inexistant des années 80.

Son frère,pas son père......Son père était déjà général,il me semble......

Votre anecdote fait penser à une opération du Service Action ou plus vraisemblablement du 11ème Choc. Avec l'âge , j'ai appris à être très prudent avec les souvenirs d'anciens combattants. La mémoire et très infidèle quant aux noms, lieux et dates. En plus chez certains, on a tendance à en rajouter une couche pour se faire valoir sous un jour glorieux. Mais je ne connais pas votre interlocuteur et peut être que je suis pessimiste.

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" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "

Tous les pays ont des services secrets qui accomplissent des missions de ce type.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Au moment où j'étais militaire,il y avait les commandos spéciaux de l'air initialement basés à la BA de La Réghaïä,ils furent transférés à Solenzara en Corse,il me semble,ils étaient spécialisés aussi dans des missions très spéciales.......

Il y a eu beaucoup de "soldats qui n'existaient pas", notamment certains commandos mixtes de la guerre d'Algérie, mais pas forcément pour des missions spéciales ou peu morales : pour des raisons administratives ou de besoins en effectifs, l'armée effectuant des missions non totalement autorisées par le gouvernement. Un exemple : certains des des marins qui participèrent aux essais nucléaires en Polynésie ont un livret militaire indiquant qu'ils n'ont pas quitté Toulon.

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"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.

Soldats ,sans gloire et sans reconnaissances officielles , à part entre eux .Le principe même des services secrets, que les acteurs soient volontaires ou appelés .

Dans un livre, Paul Barril ( Du GIGN) disait au sujet d'une mission à La mecque -"Nous ni sommes jamais allés, .......et nous retournerons pas ."

Pas facile d'écrire l'Histoire avec des non-dit ou des on-dit.

Il y eu en ce domaine bien des façons de créer des soldats invisibles. Le meilleur exemple est peut-être celui du "commando Georges", sous les ordres du colonel Bigeard. Encadré par quelques officiers d'active (qui furent plus tard très officiellement rapatriés en France), les membres de ce commando étaient des combattants FLN ralliés qui signaient un engagement de 3 mois comme harkis (et en fait servirent bien plus longtemps).
Au départ des troupes françaises, ils furent bien sûr abandonnés sur place et la plupart massacrés. Inutile de dire que l'armée n'a jamais payé de pension à leurs veuves.
http://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2004-1-page-95.htm#citation

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On trouve un exposé, très intéressant, de l'intervention du GIGN dans les lieux sacrés de la Mecque, dans http://fr.wikipedia.org/wiki/Prise_de_la_Grande_Mosqu%C3%A9e_de_La_Mecque. Des circonstances exceptionnelles entrées dans l'histoire ... secrète, de nos services d'action.

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La différence est que les gens du GIGN figuraient dans les effectifs officiels de l'armée et émargeaient au budget de la France, tandis que ceux du commando Georges étaient inconnus du service des effectifs et leur paye assurée par des actes de piraterie de leur hiérarchie.

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Exact, mais les missions étaient ordonnées par une autorité officielle et financées probablement par l'enveloppe habituelle des services sur les fonds secrets gérés à Matignon.

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Dans le cas du commando Georges, le gouvernement faisait semblant de ne rien savoir et les fonds nécessaires à la paye étaient tout bonnement issus de ce que le commando "récupérait" lui-même à la faveur des opérations ("les fonds saisis à l'adversaire" dit pudiquement l'article que j'ai cité), tant dans les maquis FLN démantelés que dans les maisons ou mechtas fouillées, ou même sur les prisonniers et les morts.
C'est justement parce que Paris ne voulait rien payer (mais se félicitait éventuellement des résultats) que l'armée eut recours à cette structure parallèle. Bien, que la plus connue, ce ne fut pas la seule.

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Le chef du commando a été amplement décoré et félicité, ce qui montre à mon avis que les actions étaient connues et je ne serais pas étonné que Bigeard pour agir ait reçu des dotations financières majorées et qu'il ait rendu compte de tout verbalement.
Je me méfie des opérations soi-disant officiellement inconnues de la hiérarchie.

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Georges Grillot, fondateur et chef du commando a été le seul général décoré de la médaille militaire (Bigeard ne l'a jamais eue). Vu l'époque, que j'ai vécue sur place, cela m'étonnerait qu'il y ait eu des dotations financières occultes à des fins militaires (ce qui n'exclut pas certains trafics juteux). La République était assez pingre pour ne faire aux harkis que des contrats d'un mois renouvelables.

http://fronac.unblog.fr/2008/05/30/qui-sont-les-harkis/

Par contre, il était assez facile de détourner du matériel ou des vêtements et les services de l'intendance ne pouvaient vérifier tous les bordereaux.

Le commando Georges (ici entourant Bigeard) n'avait donc rien d'une "troupe de gueux".

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Cet homme là à toute sa tête; j'en suis à 99% convaincu.