C'est vrai que chez les celtes et germains de l'antiquité, l'épée est l'arme noble par excellence. Elle demande un grand savoir faire d'un point de vue métallurgique, ainsi qu'une plus grande quantité de matière (surtout chez les Celtes, où le foureau est en métal). C'est donc un objet coûteux que seule une élite peut se payer (le glaive romain est plus court), ce qui a probablement contribué à en faire une arme si prestigieuse. Elle est donc autant un symbole de statut sociale qu'économique. Ceci dit, il faut garder à l'esprit que les épées que nous avons conservées, et celles qui sont évoquées,; fictives ou non, par les textes, sont celles de l'élite justement, et qu'il y a certainement eu un ensemble d'épées de moindre qualité qui n'ont pas laissées de traces (c'est le même problème pour le sabre japonais: on a une image d'une arme quasi parfaite, mais il ne s'agit que de celles de l'élite, la plupart des sabres japonais n'avaient rien d'extraordinaire).
Il y a la dimension symbolique aussi: l'épée a toujours eu une connotation magique. C'est un symbole phallique, lié à la fertilité (un des attributs du dieu scandinave Freyr est son épée). Elle peut posséder des propriétés magiques et apotropaïques (cf les fourreaux gaulois décorés). Avec l'avènement du Christianisme, elle devient un symbole de justice (l'épée de justice est un attribut royal) et sa forme en croix (à l'époque) en fait l'arme toute trouvée du chevalier chrétien. Dans le rituel de l'adoubement, elle est, avec les éperons un élément clef. A la base, cette dimension symbolique est probablement liée à la dimension économique et à sa valeur en tant qu'objet. Les premières épées, en bronze, devaient être considérées comme des objets extraordinaires, rares, mythiques, et donc forcément magiques.
A savoir que la plupart des masses et armes d'hast en dehors de la lance et ses dérivés n'apparaissent que tardivement. Seule la hache est couramment utilisée.
CE qui est d'autant plus étonnant qu'une arme tranchante (comme l'étaient la plupart des épées au Haut Moyen Age et jusqu'à la fin du XIIIème) a un effet quasi nul sur une cotte de mailles.
Une épée du XIIème siècle pèse entre 1 et 1,5 kg (environ.... chez les Celtes, on avait même des épées de moins d'un Kg). Une fois en main, c'est un objet très maniable, rapide, et redoutable contre un ennemi non protégé. En revanche, elle devient très peu utile contre une protection telle que la cotte de maille, l'armure lamellaire ou d'écailles. Reste la technique: viser les parties non protégées, faire tomber son adversaire au sol afin de le neutraliser..... etc.
En revanche, la lance, et qui plus est la lance de cavalerie maniée par un chevalier lancée au grand galop, peut percer aisément une cotte de maille, ou en tous cas causer des dégâts en-dessous. C'est, bien plus que l'épée, l'arme de choc de la période romane.
Les projectiles, flèches, carreaux d'arbalètes, ou même javelots, peuvent aussi blesser un adversaire revêtu d'une cotte de mailles.
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