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Message Publié : 17 Juil 2015 12:32 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Localisation : Nanterre
Lord Foxhole a écrit :
Narduccio a écrit :
Un seigneur suzerain ne pouvait pas confisquer le fief (en totalité ou en partie) d'un vassal qui se serait mal comporté ?
En toute logique, le lien féodal est un lien de service ou de versement de taxes contre protection. Si un vassal et un suzerain sont au combat en même temps, si l'un abandonne l'autre, cela constitue une rupture évidente du serment de loyauté. Mais comme il ne devait pas y avoir de véritable cour pour constater la rupture de ce droit, c'est effectivement en fonction de leur puissance respective que le suzerain pouvait se permettre de retirer son fief ou vassal, ou que celui-ci pouvait lui refuser son assistance et ses taxes.

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


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Message Publié : 17 Juil 2015 15:25 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 28 Déc 2011 12:34
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Localisation : St Valery/Somme
Il y a pas mal d'exemple ou des "nobles" rompent le combat au cri de "rançon! rançon!" pour rappeller à leur aggresseur qu'on ne tue pas un noble et qu'il peut monayer largement sa libération.

Jules Cesar avec les pirates : il est enlevé par des pirates de Cilicie qui réclament une rançon de vingt talents d'or. César déclare en valoir cinquante, et promet de revenir exécuter les pirates après sa libération, ce qu'il fait effectivement.

Au moyen-age le système éllaboré des rançons va financer la plupart des guerres.

Une exception notable à la bataille d'Azincourt Henry V Pris de la peur d'être attaqué à revers, donne ordre de massacrer les prisonniers "sinon les seigneurs" (selon Georges Chastellain). Mais les archers refusent non pour des raisons morales mais parce qu'un tel acte supprime toute possibilité de demander rançon des prisonniers. Henry V menace de pendre quiconque refusera d'obéir à ses ordres et charge un écuyer et 20 archers de tuer les prisonniers.

L'exécution des soldats est un problème économique, dés qu'on a de l'argent on peut s'entendre. sauf évidemment quand on a poussé le bouchon un peu trop loin.

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Lietz her heidine man. Obar seo lidan.
Thiot urancono. Manon sundiono.
(Il permit que les païens traversassent la mer, Pour rappeler aux Francs leurs péchés)


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Message Publié : 14 Oct 2015 13:26 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Localisation : Haute-Vienne
Dans la Guerre des Gaules, César prétend que lorsque les gaulois appelaient à un rassemblement dans le but de faire la guerre, le dernier arrivé était supplicié et exécuté.... Ceci dit, ça reste des propos de César: il ne dit rien de façon gratuite, et il faut toujours avoir un oeil critique sur son texte.

Punir ceux qui fuient le combat est d'une logique imparable: demander à des masses d'êtres humains de se battre, de risquer leurs vies ou leur intégrité, dans des conditions parfois absurdes et souvent terribles, pour des raisons parfois également absurdes ou ne concernant pas directement les combattants ("la guerre, ce sont des gens qui se battent et ne se connaissent pas pour le compte de gens qui ne se battent pas mais se connaissent), c'est parfois peu évident, et la discipline était très rude dans la plupart des armées de l'antiquité à nos jours. Même dans des cultures guerrières qui exaltent le guerrier et la mort au combat (Japon féodal, Celtes....etc), les combattants, même aguerris, restent des hommes. Un élan de panique, un traumatisme aura vite fait de lui faire perdre ses moyens et de lui faire tourner les talons.

Dans l'antiquité, la bataille se gagne de cette manière: on exerce une pression constante sur l'ennemi jusqu'à le faire céder psychologiquement (le gros des pertes a lieue dans la poursuite de l'ennemi en déroute, non dans le combat en lui-même). Impressionner l'ennemi, par des parures guerrières, un tumulte, des provocations et des cris de guerre, était extrêmement important, et une bataille pouvait se jouer avant même d'avoir commencé (les Celtes étaient spécialistes de ce genre de guerre psychologique).

La guerre est avant tout une affaire psychologique. La peur de la mort, l'instinct de survie est si profondément ancrée en chaque être humain (en chaque être vivant même) que pour faire la guerre, et exposer des tas d'êtres humains à des situations très dangereuses et traumatisantes, il faut inhiber chez eux cet instinct de survie. Pour cela deux solutions:

- Enrober la guerre dans un mysticisme et une dialectique du héros, de la mort au combat qui ouvre la porte du paradis dans l'au-delà (les champs elyséens par exemple), qui rend immortel par le souvenir que ça laissera, ou de manière plus rationnelle récemment, de la défense de la mère patrie dont l'importance est mise au-dessus de l'individu (on reste dans le domaine du sacré). On a d’innombrables exemples de société guerrière pour lesquelles la guerre est une activité quasiment religieuses (cela peut avoir des inconvénient: un mauvais présage peut ternir la détermination d'une troupe, la défaite étant vécue comme un désaveu des dieux eux-mêmes).

Certaines (Celtes, Japon) sont même allé jusqu'à encourager le suicide, parfois sans même que ça apporte un avantage à son propre camp (les attaque "banzai" des japonais comme à Guadalcanal). La période industrielle (dont l'illustration la plus flagrante est 14-18) mettra à mal cet enrobage de la guerre dans une dialectique sacrée du héros, de la gloire etc. Là, le nombre de victimes, qui les rend totalement anonymes, la puissance d'armes nouvelles, qui interdisent de plus en plus l'exploit personnel et la prise de risque, et l'absurdité d'une guerre mécanique et froide vide l'idéal du héro de son sens, même si ça a été encore largement utilisé pendant la Grande Guerre. Pourtant, il était encore très présent durant les guerres napoléoniennes.

- deuxième solution, celle dont il est question ici: instaurer une discipline de fer et des punitions très graves qui rendent la peur du combat moins importante que celle des représailles en cas de défaillance. Toutes les armées du monde ont connues cette justice de guerre expéditive. Ceci dit, elle implique tout de même une certaine organisation centrale et la notion d'un enjeu allant au-delà de l'intérêt privé. Au Moyen Age, la discipline dans l'ost féodal est inexistante. C'est l'exploit personnel et la protection d'intérêt privés qui est recherché par la noblesse. Qu'une guerre s'enlise, soit trop lointaine, et on ne compte pas le nombre de défections des vassaux. Je ne connais pas non plus de sanctions imposées à des nobles en cas de manquement à ce niveau (si ce n'est sociale en cas de lâcheté, et encore!).

La fuite, en outre, n'est pas forcément perçue comme une lâcheté. On a d'innombrables exemples de chevaliers ou nobles tournant les talons dès que l'engagement devient défavorable. Le fait est également que les guerres médiévales sont des conflits privés, qui ne menacent pas, dans l'entrelacs des pouvoirs féodaux, l'intégrité d'un territoire, d'une société ou d'une civilisation, sauf rares cas (les Croisades, où une discipline inhabituelle s'instaure dans les armées croisées comme dans les armées musulmanes, et la Guerre de Cent Ans, où apparaissent les premiers soubresauts d'un sentiment d'appartenance nationale et qui signe la mort de la guerre féodale et de l'exploit personnel....). Les puissants avaient d'ailleurs énormément recours à des mercenaires, bien plus fiables tant qu'on avait de quoi les payer. D'autres armées, à d'autres époques, ont pratiqué une discipline de fer très dure, comme la décimation dans les légions romaines (et apparemment chez les Mongols d'après Hugues de Hador). La marine, où des centaines d'hommes s'entassent sur des navires où règnent des conditions très dures et où les combats sont très violents et sanglants, a imposée très tôt une discipline cruelle à bord (pourtant, le risque de fuite est limité...).

En outre, cette discipline se renforce à mesure qu'un conflit se durcit. L'URSS de 42 ne faisait pas le moindre cadeau à ses soldats, pas plus que l'Allemagne de 44/45 ou que la France de 1916......

Quoiqu'on en pense d'un point de vue moral et social, il est froidement logique que ce genre de mesures exceptionnelles soient prises en temps de guerre. Même en ayant modelé l'esprit d'une population (autour de ce mysticisme de la guerre que j'évoquais plus haut), le gros des combattants n'est pas directement intéressé dans une guerre, sauf rares cas (les guerres civiles souvent, qui sont d'ailleurs souvent les plus dures).

Souvent, ils ne sont même pas volontaires pour la faire, et auraient largement préféré rester chez eux que d'aller faire la guerre au nom d'idées et d'intérêts qu'ils comprennent mal (que ce soit le paysan arverne en 52 avant JC, le guerrier mongol "de base " du XIIIème ou le paysan conscrit de 14-18). Non seulement, on les envoie loin de chez eux, dans des conditions de vie rarement agréables, mais en plus on leur demande de risquer leurs vies, de tuer, et de supporter toutes les horreurs de la guerre. Sans la menace de sanctions radicales, une armée en temps de guerre ne tiendrait pas plus de quelques semaines.

La guerre est un état que l'on a du mal à nous imaginer, où le droit individuel fondamental à la vie tout comme l'interdiction fondamentale de tuer sont abolis. En outre, nous restons des mammifères soumis à un certain nombre d'instincts, notamment lié à la préservation de sa vie et de son intégrité physique et morale.

J'avais lu un très intéressant article sur la psychologie des militaires/guerriers en situation de combat, rédigé par des médecins militaires, et fournissant de très nombreux exemples de situations réelles. Dans un combat, il a été prouvé que très très peu de combattants gardent une pensée froide et rationnelle. Dans un échange de tirs, apparemment, très peu de soldats cherchent réellement à viser l'ennemi, mais se contentent de tirer dans la direction de sa position. L'instinct de survie et de conservation restent des priorité absolues, même chez les combattants les plus aguerris, qu'ils en soient conscients ou non. La peur est une de nos émotions les plus fortes, elle peut très facilement prendre le pas sur la conscience.

Même sans parler de la guerre, une situation de panique fait parfois prendre des décisions aux mieux intentionnés d'entre nous qui surprennent l'intéressé lui-même. Actuellement, et toujours d'après cet article, elle est considérée comme normale par le personnel militaire, car essentielle pour justement se préserver (un soldat mort n'est plus utile à qui que ce soit....). Ceci dit, c'est un attitude récente où la guerre, comme le reste, a été ultra rationalisée. Avant, on pouvait chercher la mort au combat, et toute attitude de peur ou de panique pouvait être considérée comme de la lâcheté.... C'est aussi pour cela que la justice militaire s'est allégée depuis un demi siècle (en Occident tout du moins, et il faut dire que nous n'avons pas connu de conflits majeurs comme les guerres mondiales, où c'est l'intégrité de tout un Etat et de toute une société qui sont menacées).


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Message Publié : 14 Oct 2015 18:14 
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Hérodote
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Inscription : 12 Oct 2015 12:42
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Dans l'histoire des soldats immédiatement punis pour leur couardise, le roi de France a ordonné le massacre des arbalétriers génois qui fuyaient à la bataille de Crecy. Ce n'est pas une exécution à proprement parler, mais le résultat fut le même pour les mercenaires piétinés par l'ost français.

Pour ce qui est de la décimation romaine, je me suis toujours demandé à quel degré cette pratique avait été systématisée et quelle était la part de fantasme dans cette affaire. A-t-on des sources qui témoignent de cette pratique ? De sa fréquence ? Des témoins oculaires, s'entend, pas des historiens romains qui l'évoquent pour les premiers temps de la République.

Je ne dis pas qu'une punition aussi radicale n'ait jamais été mise en œuvre, je crois qu'il y a bien quelques témoignages indirects, mais j'ai peine à croire qu'il s'agissait d'une sanction habituelle de l'arsenal répressif des cadres militaires romains. Une sorte de "rumeur urbaine" qui circulait dans les légions ?

Je peux imaginer qu'un légionnaire qui rompt sa formation, mettant la vie de ses camarades en péril, soit sévèrement puni, et même exécuté, mais tout un manipule décimé ? Il me semble que cela devait être tout à fait exceptionnel - il suffisait sans doute de faire une décimation par siècle pour que les légionnaires en parlent au coin du feu pour effrayer les recrues pendant les cent années suivantes.

Et pour qu'on en parle encore aujourd'hui comme une pratique, sinon commune, en tout cas en n'insistant pas assez sur son caractère probablement tout à fait exceptionnel.


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