Bonjour,
Il faudrait déjà établir des critères pour pouvoir comparer les "chefs militaires". Et donc définir ce qu'est un "chef militaire"
Alexandre, Napoléon et Gengis Khan étaient aussi chefs "d'Etat", en tout cas dirigeants de leurs peuples. Ca implique qu'ils devaient gérer leur pays, choisir les hommes pour le seconder, gérer la diplomatie (ô combien essentielle ! les remarques sur l'échec de Napoléon sont pertinentes), l'économie, etc.
Les deux autres étaient des exécutants avec plus ou moins de liberté.
On pourrait compter les points : nombre de batailles où ils commandaient, et compter les victoires, défaites et matchs nuls. Sachant qu'une défaite ou victoire sur le champ de bataille n'a de sens que dans un cadre plus large, celui d'une campagne voire d'une guerre.
C'est bien beau pour un chef militaire de faire une campagne avec que des victoires, mais si à la fin, ses ennemis gagnent... ben ce n'est pas un bon chef militaire ! Exemple au hasard : Napoléon et la campagne de France de 1814.
Est-ce qu'on tient compte de la fin ? Dans ce cas, Napoléon, Manstein et Hannibal sont hors-jeu vu qu'ils ont perdu.
Est-ce qu'on tient compte de l'après, i.e. la pérennité des victoires, donc ont-elles servi à quelque chose ? Dans ce cas, on peut discuter pour Alexandre (l'empire ne lui a pas survécu mais l'influence de son épopée est réelle), Napoléon (responsable de la carte de l'Europe actuelle), Gengis Khan (il a posé les bases pour ses successeurs, mais l'empire a fini par voler en éclat).
Hannibal, ça a abouti à l'anéantissement de sa ville 70 ans après Cannes, donc plutôt moyen...
Quant à Manstein, vu comme le bougre a su réécrire l'histoire militaire de la 2eGM en Europe, comme ses petits camarades généraux allemands, le bilan n'est pas si négatif pour lui
Sans oublier la durée de la carrière : Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV, fut un très bon chef militaire. Sauf que sa carrière fut très courte, juste le temps de montrer ses capacités et de rendre son royal frère jaloux...
Si Alexandre était mort à 80 ans, nul doute qu'il aurait fini par tomber sur plus coriace que lui.
Et enfin les adversaires. Il est facile de vaincre quand on est le plus fort (encore que... comme disait l'autre en 40 "heureusement qu'on était les plus forts, sinon, qu'est-ce qu'on aurait pris !")(à moins que ça ne vienne d'Astérix ?
)
A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire... (
damned, faudra que je la replace, celle-là !) Par contre, quelle gloire pour celui qui devait perdre et qui réussit à vaincre !
Je terminerais par un exemple totalement au hasard
: Napoléon.
Certes, il avait du talent voire du génie. Mais déjà, il a bénéficié de tout le travail intellectuel effectué à la fin du XVIIIe siècle autour de l'art de la guerre : invention de la division, la réorganisation de l'artillerie (Gribeauval)... Son talent fut de savoir user de ces nouveaux moyens. Surtout face à des adversaires raisonnant de façon "périmée" face aux bouleversements de la Révolution and co.
Sauf que "à force de nous faire battre par lui, nous allons apprendre à le vaincre" (citation Pierre le Grand à propos des pilées qu'il prenait face à Charles XII, de mémoire, mais c'est l'idée). Les ennemis de Napoléon ont appris de lui comment le battre, même si souvent, ça consistait à ne pas l'affronter mais à attaquer ses généraux !
C'est "petit", mesquin
, mais le but, c'est de vaincre, non ? Ca fait partie du jeu - et le fait que Napoléon ai manqué de subordonnés capables de se débrouiller seuls (en partie à cause de Napoléon lui-même) est un défaut chez un chef militaire qui plus est chef politique.