Quelques Amazones en Vendée. L’une des plus célèbres, Renée Bordereau, écrivit ses Mémoires. A lire aussi, et toujours sur la Vendée : « Le temps des amazones », de Rouillé.
Napoléon en rencontra une lors de sa traversée du bocage en août 1808 : Mlle Regrenil.
Elle naquit au village de la Tanchère en la paroisse de Sainte-Florence. La Révolution la cueillit alors qu’elle était novice au couvent des Ursulines à Luçon. Elle quitta l’établissement pour rejoindre un bocage déjà poudrière.
Quand les campagnes explosèrent, Mlle Regrenil ne tarda pas, habillée en homme, à rejoindre les insurgés au camp tout proche de l’Oie où les gars de Royrand tentaient tant bien que mal de s’organiser.
Montée sur le cheval d’un hussard qu’elle avait elle-même terrassé, elle fit montre bien des fois du plus grand courage. Ainsi, aux heures bien sombres de la campagne d’outre-Loire, à Dol, on la vit caracoler au milieu des fuyards et les ramener au feu.
Quand Napoléon passa en Vendée, il rendit un vibrant hommage à tous les anciens combattants présents aux Quatre-Chemins en embrassant, lui et Joséphine et au milieu des vivats, l’amazone.
Le frère de cette dernière, maire de Sainte-Florence, était aussi là. L’accueil pour lui fut glacial :
"-Et vous, monsieur, qui saluez si bas, qui êtes-vous ?
-Sire, je suis le maire de Sainte-Florence et le frère de Mlle Regrenil.
-Que faisiez-vous, pendant que votre soeur se battait si bien ?
-Sire, moi, j'étais neutre.
-Neutre ? Alors vous n'étiez qu'un lâche et un Jean-foutre !"
A la Restauration, elle reçut une pension de 300 francs et un fusil d’honneur.
Sous le règne de Louis-Philippe, un capitaine se présenta à la Tanchère afin de récupérer l’arme. Mlle Regrenil, fougueuse comme aux premiers jours, préféra briser le fusil aux pieds de l’officier en s’écriant :
« Si je n’étais pas si vieille, je vous l’aurais présenté par le petit bout ! »
Elle avait près de 59 ans.
Elle s’éteignit en 1847.
Une réflexion napoléonienne (Gourgaud, Journal de Sainte-Hélène)
« On a vu des femmes faire la guerre comme soldats, alors, elles sont courageuses, susceptibles de beaucoup d'exaltation, et capables de commettre des atrocités inouïes. »