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 Sujet du message : L'art opératif
Message Publié : 10 Juin 2018 21:33 
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Marc Bloch
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Jean Lopez dans sa biographie de Joukov consacre un long développement aux "opérations dans la profondeur " et à "l'art opératif", sorte de combinaison complexe d'opérations se situant entre la tactique et la stratégie et substituant l'enchainement régulier d'opérations cohérentes au culte de la bataille décisive par encerclement privilégié par les Allemands depuis Clausewitz. N'étant pas un expert, je suis peut être maladroit dans l'expression.

Un point me tracasse : et si, tout simplement, l'état-major soviétique n'avait fait que tirer les conséquences de la dimension géographique de l URSS, rendant la bataille décisive par encerclement impossible et imposant le recours à plusieurs opérations successives ?


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 Sujet du message : Re: L'art opératif
Message Publié : 12 Juin 2018 12:43 
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Pierre de L'Estoile
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Ca nous ramène à l'adage : "la géographie, ça sert d'abord à faire la guerre !" :wink:

L'Allemagne, enserrée entre plusieurs front et sans ressources naturelles, pense une guerre courte et économe basée sur l'encerclement. L'URSS, étalée et abondamment pourvue en ressources et en hommes, pense dans la profondeur, et surtout à faire le plus mal possible. Si les assauts sont meurtriers pour son infanterie, les pertes des Allemands en retraite sont au moins équivalentes aux siennes (et eux, ne peuvent les combler).

Rappelons également que passé les premiers temps, le blitzkrieg perd son efficacité : avec des adversaires qui ne se défendent plus systématiquement en ligne et savent former des hérissons, il devient beaucoup plus difficile d'avancer les chars à outrance en laissant des poches de résistance derrière.

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 Sujet du message : Re: L'art opératif
Message Publié : 12 Juin 2018 12:56 
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L'art opératif soviétique naît dans les années 1920 avec les écrits de théoriciens comme Svetchine ou Triandafilov, avant d'être perfectionné dans les années 1930. En 1941, elle entre en guerre avec cette conception de la guerre. C'est uniquement parce que l'Armée rouge est totalement dépassée par la vigueur de l'attaque surprise allemande qu'elle ne peut la mettre en oeuvre.
Mais elle n'en change en fait guère, se contentant d'incorporer les éléments qu'elle apprend péniblement au rude contact des Allemands à son corpus doctrinal.

Donc non, ce ne sont pas sous les contraintes de la "grande guerre patriotique" que l'URSS développe une conception opérative de la guerre. C'est antérieur.

Par ailleurs, si en France on reconnaît aujourd'hui classiquement trois niveaux (tactique pour le champ de bataille, jusqu'au niveau du corps d'armée, opératif pour les manoeuvres globales interarmées, jusqu'au niveau du théâtre d'opérations, stratégique pour l'articulation politico-militaire au niveau mondial), d'autres armées ont une autre grille de lecture. Les Américains, par exemple, en ont jusqu'à sept (avec, de mémoire, au-dessus du stratégique qui est chez eux le théâtre d'opérations, le "grand-stratégique"). Il faut donc manipuler ces notions avec une infinie précaution, puisqu'elles sont élastiques.

CEN EdG

PS : Jean Lopez se contente de recopier largement l'excellentissime colonel Glantz, un soviétologue américain qui a tout redécouvert sur l'art de la guerre soviétique des années 1930 et 1940. Préférant l'original à la copie...

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 Sujet du message : Re: L'art opératif
Message Publié : 17 Juin 2018 18:59 
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Plutarque
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Cette présentation d'ouvrage m'avait parue très intéressante à l'époque : https://web.archive.org/web/20160325003111/http://historicoblog3.blogspot.fr/2012/02/quest-ce-que-lart-operatif-1-les.html

avec l'originalité de remonter à Napoléon et parler de la guerre de Sécession pour parler d'art opératif...

En fait, je me demande si on ne pourrait pas inverser le raisonnement : l'Allemagne, ne pouvant pas gagner une guerre longue, est la seule à ne pas se pencher sur l'art opératif/l'enchaînement d'opérations, puisqu'elle ne peut gagner ses guerres qu'en une opération décisive... ?


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 Sujet du message : Re: L'art opératif
Message Publié : 18 Juin 2018 10:03 
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Pierre de L'Estoile
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Rob1 a écrit :
avec l'originalité de remonter à Napoléon et parler de la guerre de Sécession pour parler d'art opératif...
Merci pour le lien. Il a l'avantage de m'aider à distinguer les deux concepts.
D'une part il y a l'art opératif, vu comme l'art de déplacer ses armées pour livrer les batailles dans de bonnes conditions et détruire le dispositif ennemi. On peut faire remonter à Napoléon et même au-delà (Hannibal ?) même s'il se confond alors avec la stratégie.

D'autre part, il y l'art opératif appliqué par les Soviétiques, qui se traduit surtout par leur appétence pour les opérations en profondeur. Cela les distingue de la recherche systématique de l'encerclement par les Allemands, ou des opérations coordonnées interarmes à gains relativement limités planifiées par les Alliés. Parmi ses derniers, il semble que seul Patton pense la profondeur.

Citer :
En fait, je me demande si on ne pourrait pas inverser le raisonnement : l'Allemagne, ne pouvant pas gagner une guerre longue, est la seule à ne pas se pencher sur l'art opératif/l'enchaînement d'opérations, puisqu'elle ne peut gagner ses guerres qu'en une opération décisive... ?
Cela dépend peut-être des rapports entre l'état-major et le pouvoir politique. Quand le politique demande comment gagner rapidement des guerres avec des moyens limités, il est difficile d'annoncer qu'on table sur des opérations longues qui vont détruire progressivement l'ennemi.

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 Sujet du message : Re: L'art opératif
Message Publié : 18 Juin 2018 10:42 
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Le problème, c'est que les opérations en profondeur soviétiques débouchent naturellement... sur des encerclements. Eh oui, pénétrez en deux ou trois endroits le dispositif linéaire ennemi, exploitez dans la profondeur opérationnelle (c'est-à-dire au-delà de la profondeur tactique qui est d'une douzaine de kilomètres), et à un moment donné, quand vous vous arrêterez (pour recompléter ou attendre les troupes du deuxième échelon qui doivent vous relever et consolider votre couloir de pénétration), vous n'aurez plus que comme alternative : a) de changer votre axe de progression pour rejoindre une autre "pointe" et ainsi encercler les ennemis pris entre vos deux "pointes" ; b) d continuer sur votre axe initial jusqu'à être obligé à l'arrêt complet et de laisser ainsi à l'ennemi la possibilité de retraiter et de se rétablir sur une nouvelle ligne défensive.

Ainsi, les Soviétiques, en 1942-1945, procèdent-ils à de très vastes encerclements ("Uranus" à Stalingrad mais aussi les opérations subséquentes "Etoile" et "Galop" ; la poche "Hube" à Kamenets-Podolski, Tcherkassy, "Bagration", etc., etc. - et c'était déjà leur intention, par exemple, à Kharkov en mai 1942). Si vous voulez des résultats opérationnels durables, vous êtes forcés d'affaiblir les forces armées adverses afin de leur ôter l'initiative (la capacité de se regrouper pour contre-attaquer). Pour cela, l'encerclement est le meilleur - le seul ? - moyen immédiatement utilisable.

A mon sens, on aurait tort d'opposer la méthode allemande des "Kesselschlachten" à celle soviétique des opérations dans la profondeur. Déjà parce que les batailles d'encerclement allemandes nécessitent une pénétration dans la profondeur opérationnelle de l'adversaire (c'est ainsi qu'ils procèdent en France en mai 1940 et je ne parle même pas de l'URSS en 1941-1942 : la pénétration de 350 kilomètres en trois jours du LVI. Armeekorps (motorisiert) de Manstein jusqu'à la Dvina est éloquente à ce titre, et que dire de la bataille de Kiev ou de la double bataille d'encerclement de Viazma-Briansk ?) ; ensuite parce que celles des Soviétiques se terminent le plus souvent, quand elles sont couronnées de succès, par l'encerclement de leurs ennemis.

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 Sujet du message : Re: L'art opératif
Message Publié : 18 Juin 2018 12:05 
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Et surtout, j'insiste sur l'élasticité de ces concepts : Jomini décrivait sept niveaux d'analyse (tactique, stratégique, logistique, et je n'ai plus les autres) par exemple. Les Américains aujourd'hui en ont aussi sept (dont le grand-stratégique, avec les niveaux tactique, opératif et stratégique, je n'ai plus les autres). Au XVIIIe et XIXe, on ne distinguait guère autre chose que la stratégie et la tactique, mais ce n'est pas pour cela qu'intuitivement on n'agissait pas dans le domaine opératif. Napoléon, par exemple, était un génie tactique (par ses préparations minutieuses initiales, son coup d'oeil et sa capacité à agir sur le cours d'une bataille) et un expert opératif (par sa capacité à s'assurer de la supériorité sur un théâtre d'opérations et la cohérence des différentes actions tactiques, ce qui débouche sur ce qu'on a appelé ses "manoeuvres") mais s'est révélé in fine un piètre stratège (sauf qu'à l'époque, vu qu'on confondait échelon stratégique et "opératique", on vantait ses qualités dans ce domaine !). Il n'en a jamais eu conscience et s'en moquait bien, surtout que la révolution dans la pensée militaire apportée par Clausewitz ou Jomini est directement inspirée de ses décisions de chef militaire (ces deux penseurs étant moins des penseurs, surtout le second, que des analystes et des commentateurs de la geste napoléonienne qu'ils ont vécu de l'intérieur).
Autre rappel, si les termes existent depuis longtemps, ce n'est qu'à la fin du XVIIe et dans la première moitié du XVIIIe que l'on les redécouvre et se les réapproprie (il me semble que pour la stratégie, c'est aussi tard que les années 1770-1780, par Henry H. Lloyd, un officier gallois).

La plasticité des échelons fait que ce n'est pas parce que les Allemands, en 1939-1941, n'en définissent pas un troisième, qu'ils sont totalement ineptes dans le domaine. J'aurais plutôt tendance, pour ma part, à les voir comme des tacticiens remarquables, des "opératiciens" de valeur (obtenant des victoires opératives de très grande ampleur : Minsk-Bialystok, Ouman, Kiev, Viazma-Briansk, mer d'Azov, etc.), mais de piètres stratèges (car pensant que les effets tactiques suffisent à obtenir des effets opératifs et que ceux-ci suffiront à la décision stratégique - ce qui est faux bien entendu mais explique pourquoi, alors que les Allemands ont battu sans interruption les Soviétiques pendant cinq mois, ils ne les ont jamais vaincu et l'ont payé de leur défaite en 1945).

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 Sujet du message : Re: L'art opératif
Message Publié : 18 Juin 2018 22:50 
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Pierre de L'Estoile
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Merci pour ces précisions. C'est effectivement beaucoup plus clair comme cela !

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 Sujet du message : Re: L'art opératif
Message Publié : 19 Juin 2018 6:03 
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Marc Bloch
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À l'exposition " Napoleon Stratège " des Invalides, on explique que le mot "stratège" est grec ancien (Athènes) mais que le mot "stratégie" ne serait apparu que vers 1820 justement pour expliquer les opérations napoléoniennes !


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 Sujet du message : Re: L'art opératif
Message Publié : 19 Juin 2018 6:24 
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Il me semblait que c'était Lloyd qui ne reprenait dans les années 1770, mais c'est peut-être celui de tactique. Il faudrait que je vérifie. Souvenirs de cours de la "Spéciale", il y a douze ans maintenant !

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 Sujet du message : Re: L'art opératif
Message Publié : 07 Sep 2020 14:25 
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Jean Froissart
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Je suis heureux de trouver ce sujet sur l'art opératif.

Titre : L’art opératif soviétique et ses enseignements dans les opérations contemporaines
Auteur(s) : Commandant Carlo CONTE (Italie), et Chefs de bataillon Baptiste THOMAS et Quentin WATRIN
"L’art opératif a été théorisé dans les années 1930 en Union soviétique en s’appuyant sur les enseignements à la fois de la Première Guerre mondiale et de la guerre civile russe. Il se définit comme une discipline de l’art de la guerre qui vise à traduire la stratégie en opérations, lesquelles se décomposent en actions tactiques. Cette réflexion doctrinale a permis efficacement aux Soviétiques de dépasser le blocage de la manœuvre tactique constaté lors de la Première Guerre mondiale. Désormais, et alors que les nations occidentales peinent à transformer leurs succès tactiques en victoires stratégiques, sa relecture ne resterait-t-elle pas vertueuse pour les opérations contemporaines ?
Les Soviétiques ont développé avec l’art opératif une réflexion doctrinale pertinente et novatrice dont certains enseignements intemporels et pragmatiques peuvent utilement être appliqués ou adaptés aux opérations contemporaines.

Présenter dans quelle mesure l’art opératif reste pertinent impose de définir d’abord les notions clefs de cette doctrine soviétique, puis d’en montrer les applications contemporaines diverses, avant d’en appréhender les richesses et axes de développement.

Le cœur de l’art opératif
L’art opératif est le fruit d’un bouillonnement intellectuel au sein de l’Armée rouge de 1926 à 1936 autour de nombreux officiers, au premier rang desquels se trouvent Svietchine, Triandafilov, Isserson ou Toukhatchevski. Il se présente comme une nouvelle discipline guerrière dont les notions fondamentales sont la création d’un choc opératif, la nécessité de penser l’ennemi en tant que système et la conduite d’opérations séquentielles et dans la profondeur.

La recherche du choc opératif doit primer celle de la bataille décisive ; cette idée est à la fois primordiale et novatrice dans l’art opératif. Espérer une victoire stratégique en une seule action tactique est devenue une erreur. En effet, la puissance du matériel rendue possible par la révolution industrielle, le volume des armées de conscription et l’immensité des fronts sur lesquels elles se déploient ne permettent plus l’enchaînement classique du tryptique percée, encerclement et destruction que prévoyait encore le plan Schlieffen de percée allemande en 1914. Or, à défaut d’une bataille unique d’anéantissement devenue irréalisable, la focalisation sur la destruction, souvent considérée à tort comme une finalité, conduit à des affrontements figés dont la décision — quand elle peut encore survenir — ne résulte que de l’attrition réciproque. Fustigeant cette primauté stérile de la destruction tactique, les Soviétiques insistent au contraire sur le besoin de viser la désorganisation de l’ennemi et sa complète désarticulation ; c’est le sens de l’udar, ou choc opératif.

Porter un choc opératif à l’ennemi nécessite de le penser comme un système. Apport clef de l’art opératif, la notion de système décrit l’ensemble des éléments constitutifs de l’ennemi qui interagissent entre eux de façon complexe en vue d’atteindre un même but. Ces éléments ne sont pas dénombrables et sont extrêmement variés : les différentes unités de combat, les échelons de commandement, les capacités logistiques et industrielles, le pouvoir politique, l’aménagement du terrain, etc. Neutraliser les seules unités tactiques n’est pas pertinent car elles peuvent assez aisément être régénérées. Pour sidérer l’ennemi, le choc opératif doit au contraire entamer la cohérence même du système adverse et viser sa paralysie en dissociant et neutralisant ses différents éléments. Le système perd alors toute synergie et s’effondre. Pour cela, le tronçonnage du système ennemi doit se faire à la fois dans une dimension horizontale — séparer physiquement les unités les unes des autres — et verticale — détruire le lien entre l’avant du front et l’arrière.

Pour réussir ce choc opératif malgré, à la fois, la complexité des systèmes adverses et la profondeur du champ de bataille, préoccupation géographique naturelle pour les Soviétiques, des opérations séquentielles et dans la profondeur s’imposent. Varfolomeev décrit en 1936 avec une grande clarté le principe de séquence : «La victoire s’obtient par une série entière d’opérations chaînées entre elles, se développant consécutivement l’une après l’autre, logiquement liées entre elles, unies par un but final commun, chacun atteignant des buts limités, intermédiaires». La profondeur de chacune de ces opérations est nécessaire pour permettre à la séquence opérationnelle de percer dans un premier temps le dispositif ennemi, puis d’exploiter aussi loin que possible malgré l’immensité des théâtres d’affrontement.

Historiquement, l’art opératif diffère donc singulièrement de la recherche exclusive de la destruction — héritée en partie d’une incompréhension de la pensée clausewitzienne — et introduit la notion de choc sur le système adverse. Aujourd’hui, toutefois, l’art opératif fait l’objet d’interprétations ou d’applications variées dans la pensée occidentale qu’il importe de présenter."
https://www.penseemiliterre.fr/l-art-op ... 13077.html

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"L'Angleterre attend que chaque homme fasse son devoir" (message de l'amiral Nelson à Trafalgar)


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