Nous sommes actuellement le 01 Mai 2024 0:23

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 116 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8  Suivant
Auteur Message
Message Publié : 03 Fév 2019 21:36 
Hors-ligne
Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 16 Jan 2010 19:18
Message(s) : 2953
Les séances avaient lieu le dimanche matin Tir et parcours ,plutôt type cross ...ça se passait autour du stand de tir 300 m parfaitement réglementaire mais abandonné...plus de régiment de garnison depuis 1940...la grande caserne remplie de munitions,de canons,d'armes avait sauté vers début juin 1945...Il ne restait plus qu'un bureau militaire situé dans un bâtiment militaire annexe....Les cours d'instruction avaient lieu le jeudi après midi dans une salle d'école.....Les classements et résultats ou performances étaient publiés dans la presse locale.....


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 03 Fév 2019 22:47 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
Message(s) : 2239
Parigino a écrit :
Mon seul petit regret d’avoir été réformé fut de ne pas pouvoir demander à être affecté dans la Marine. J’adore la mer, les gros bateaux, les voyages, et cela m’aurait probablement convenu. Et pas de parcours du combattant !!! En outre, la tenue de marin français est très seyante. Vos témoignages ne font qu’aviver mon regret.
Vous n'aviez visiblement pas grande envie de faire un service militaire. Aussi, ne regrettez pas trop. Tout d'abord, le nombre des appelés embarqués n'étaient pas très nombreux. Vous auriez eu au moins autant de chance d'être affecté à terre que sur un bateau. Ensuite, les marins n'ont certes pas besoin d'être très sportifs mais le service à la mer n'est pas de tout repos. Le régime normal est le quart par tiers, c'est à dire qu'on ne dort que quatre heures deux nuits sur trois et les conditions de vie sont assez spartiates. Enfin, les voyages ne sont pas assurés. On passe plus de temps en exercices dans le golfe de Gascogne qu'à visiter des pays étrangers. Oubliez Pierre Loti. Mais vous pouvez regarder le film Le Crabe-Tambour. Je suis persuadé que vous avez obtenu plus de satisfaction à figurer à l'opéra que vous n'en auriez eu en servant à bord d'un bâtiment de guerre. Quant à la tenue … 95% du temps, la tenue qu'on porte est une tenue de travail.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 03 Fév 2019 22:50 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 27 Mai 2018 10:04
Message(s) : 1103
Loïc a écrit :
En effet l'Armée de Terre est historiquement et en terme d'organisation celle qui absorbe le plus d'effectifs au contraire de la Marine et l'Armée Nationale qui n'en réclament qu'une portion moindre

cela dit je peux vous assurer que par exemple pour faire partie des 10% de petits privilégiés qui faisaient leur service militaire dans l'Armée de l'Air, à l'image de la Marine, loin des parcours du combattant et autres servitudes physiques à crapahuter en manœuvre il ne fallait pas du tout obligatoirement un piston...

si vous vouliez être assuré d'intégrer la Marine ou l'Armée de l'Air voire la Gendarmerie il valait mieux faire une préparation sinon s'abandonner au hasard mais avec ~80% de probabilité d'intégrer l'Armée de Terre et 20% les autres branches


Une bonne note aux 3 jours pouvait s'avérer plus utile qu'un piston


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 04 Fév 2019 6:56 
Hors-ligne
Polybe
Polybe

Inscription : 04 Oct 2018 23:34
Message(s) : 62
Localisation : Washington, D.C., États-Unis
Barbetorte a écrit :
Parigino a écrit :
Mon seul petit regret d’avoir été réformé fut de ne pas pouvoir demander à être affecté dans la Marine. J’adore la mer, les gros bateaux, les voyages, et cela m’aurait probablement convenu. Et pas de parcours du combattant !!! En outre, la tenue de marin français est très seyante. Vos témoignages ne font qu’aviver mon regret.
Vous n'aviez visiblement pas grande envie de faire un service militaire. Aussi, ne regrettez pas trop. Tout d'abord, le nombre des appelés embarqués n'étaient pas très nombreux. Vous auriez eu au moins autant de chance d'être affecté à terre que sur un bateau. Ensuite, les marins n'ont certes pas besoin d'être très sportifs mais le service à la mer n'est pas de tout repos. Le régime normal est le quart par tiers, c'est à dire qu'on ne dort que quatre heures deux nuits sur trois et les conditions de vie sont assez spartiates. Enfin, les voyages ne sont pas assurés. On passe plus de temps en exercices dans le golfe de Gascogne qu'à visiter des pays étrangers. Oubliez Pierre Loti. Mais vous pouvez regarder le film Le Crabe-Tambour. Je suis persuadé que vous avez obtenu plus de satisfaction à figurer à l'opéra que vous n'en auriez eu en servant à bord d'un bâtiment de guerre. Quant à la tenue … 95% du temps, la tenue qu'on porte est une tenue de travail.


Vous avez tout à fait raison, Barbetorte. J’ai vécu sur scène des heures très riches, inoubliables, que ce soit en civil ou en “militaire” lol lol lol , et côtoyé des chanteurs et musiciens de renommée mondiale, que je n’aurais jamais eu l’occasion de rencontrer autrement. Quant aux voyages, ma carrière professionnelle, la vraie, m’a permis de sillonner le globe en long et en large, et ce de nombreuses fois, et de vivre dans plusieurs pays différents ! Dans la vie, on ne peut pas tout avoir, n’est-ce pas ? Il n’empêche que de temps en temps on ne peut s’empêcher de regarder par-dessus le mur de son jardin, histoire de voir si l’herbe n’est pas plus verte dans celui du voisin ! :wink: :wink: :wink:


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 04 Fév 2019 9:43 
Hors-ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 25 Juil 2009 21:18
Message(s) : 1550
Localisation : Vienne (86)
Léonard59 a écrit :
Loïc a écrit :
En effet l'Armée de Terre est historiquement et en terme d'organisation celle qui absorbe le plus d'effectifs au contraire de la Marine et l'Armée Nationale qui n'en réclament qu'une portion moindre

cela dit je peux vous assurer que par exemple pour faire partie des 10% de petits privilégiés qui faisaient leur service militaire dans l'Armée de l'Air, à l'image de la Marine, loin des parcours du combattant et autres servitudes physiques à crapahuter en manœuvre il ne fallait pas du tout obligatoirement un piston...

si vous vouliez être assuré d'intégrer la Marine ou l'Armée de l'Air voire la Gendarmerie il valait mieux faire une préparation sinon s'abandonner au hasard mais avec ~80% de probabilité d'intégrer l'Armée de Terre et 20% les autres branches


Une bonne note aux 3 jours pouvait s'avérer plus utile qu'un piston


Faire une préparation militaire ne garantissait en aucun cas d'un lieu d'affectation car, entre la PM et l'incorporation, des casernements ou des bases pouvaient fermer.
Ce qui fut le cas dans le cadre du plan armée 2000 où de nombreux sites furent fermés.

A titre personnel ayant cherché à être incorporé sur Limoges la fermeture, entre temps, de la seule base aérienne (Base entrepôt de Romanet) a failli ailleurs. Cognac ou Evreux.

La seule solution était d'obtenir une affectation au sein d'un site inter arme à vocation administrative, le CS4 fut la solution grâce a un gros coup de pouce.
Quant aux notes obtenues lors des 3 jours conjuguées à celles obtenues lors de la PMS elle ne m'ont, à titre personnel, pas été plus utiles qu'un piston car elles ont failli m'envoyer à Evreux pour effectuer les EOR alors que je n'en avais pas fait la demande.

_________________
> Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.
( Jean Jaurès )


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 04 Fév 2019 13:36 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 27 Mai 2018 10:04
Message(s) : 1103
Dans mon cas, sans piston, je me suis retrouvé dans l'Armée de l'Air. Où on a essayé de faire en sorte que je sois volontaire pour les EOR. C'est drôle, mais après mon refus des EOR, j'ai eu une mauvaise note pour le bataillon des sous-officiers. Alors que les questions m'avaient semble très simple ...

Après, j'aurais peut-être du accepter les EOR ... Mais, ce qui est fait et fait ;)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 04 Fév 2019 17:31 
Hors-ligne
Marc Bloch
Marc Bloch
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 09 Août 2006 6:30
Message(s) : 4160
Localisation : Allemagne
Les souvenirs du Parcours du combattant ayant été déclinés à tous les temps et à tous les modes, on pourrait peut-être maintenant passer au saut en parachute :?:

_________________
" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 04 Fév 2019 20:38 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9065
Faget a écrit :
Les souvenirs du Parcours du combattant ayant été déclinés à tous les temps et à tous les modes, on pourrait peut-être maintenant passer au saut en parachute :?:

Et pourquoi pas ?

J'ai un oncle, qui était séminariste lorsqu'il a été appelé au 8e RPC. Il a combattu en Algérie en 56.
Il me racontait qu'au cours du premier saut, alors que le "stick" n'en mène pas large, le sergent avise un appelé :"Montrez-moi votre parachute ? Elle m'a l'air bizarre, cette sangle." il fait signe au lieutenant qui examine la sangle, fait une moue et conclut :"Non, ça va. Je pense que ça devrait tenir."
La sangle était évidemment parfaite. "C'était un peu salaud", commentait mon oncle."J'aurais pas aimé."

(J'ai tendance à penser que les voisins du malheureux ont compris le truc - elle n'avait rien, cette sangle - et ont dû le rassurer, mais sans certitude.)

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 04 Fév 2019 23:13 
Hors-ligne
Polybe
Polybe

Inscription : 04 Oct 2018 23:34
Message(s) : 62
Localisation : Washington, D.C., États-Unis
Pierma a écrit :
Faget a écrit :
Les souvenirs du Parcours du combattant ayant été déclinés à tous les temps et à tous les modes, on pourrait peut-être maintenant passer au saut en parachute :?:

Et pourquoi pas ?

J'ai un oncle, qui était séminariste lorsqu'il a été appelé au 8e RPC. Il a combattu en Algérie en 56.
Il me racontait qu'au cours du premier saut, alors que le "stick" n'en mène pas large, le sergent avise un appelé :"Montrez-moi votre parachute ? Elle m'a l'air bizarre, cette sangle." il fait signe au lieutenant qui examine la sangle, fait une moue et conclut :"Non, ça va. Je pense que ça devrait tenir."
La sangle était évidemment parfaite. "C'était un peu salaud", commentait mon oncle."J'aurais pas aimé."

(J'ai tendance à penser que les voisins du malheureux ont compris le truc - elle n'avait rien, cette sangle - et ont dû le rassurer, mais sans certitude.)


On envoyait donc les séminaristes au combat ? Je ne le savais pas.

Les parachutistes étaient-ils tous volontaires, ou bien obligeait-on les appelés à sauter en parachute ?

Plutôt sadiques, le sergent et le lieutenant. Ce sont des types comme eux qui ont rendu l’armée si impopulaire à l’époque de la conscription. Heureusement, les choses ont bien changé depuis (enfin, c’est ce que j’entends dire).


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 04 Fév 2019 23:52 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
Message(s) : 2239
Parigino a écrit :
On envoyait donc les séminaristes au combat ? Je ne le savais pas.
La loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat faisait des religieux des citoyens comme les autres, soumis aux mêmes obligations militaires. C'est ainsi que le père carmélite Louis de la Trinité, Thierry d'Argenlieu pour l'état civil, lieutenant de vaisseau de réserve, fut mobilisé en 1939. Il rejoignit le général de Gaulle et poursuivit une carrière militaire qu'il acheva comme haut commissaire et commandant en chef pour l'Indochine avec le grade d'amiral avant de retourner dans son carmel en 1947.

Parigino a écrit :
Les parachutistes étaient-ils tous volontaires, ou bien obligeait-on les appelés à sauter en parachute ?
Les appelés servant dans les régiments de parachutistes étaient volontaires.

Parigino a écrit :
Plutôt sadiques, le sergent et le lieutenant. Ce sont des types comme eux qui ont rendu l’armée si impopulaire à l’époque de la conscription. Heureusement, les choses ont bien changé depuis (enfin, c’est ce que j’entends dire).
Ce qui a rendu l'armée impopulaire est surtout la guerre d'Algérie, la pratique de la torture et le putsch de 1961.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Fév 2019 0:13 
Hors-ligne
Polybe
Polybe

Inscription : 04 Oct 2018 23:34
Message(s) : 62
Localisation : Washington, D.C., États-Unis
Barbetorte a écrit :
Parigino a écrit :
On envoyait donc les séminaristes au combat ? Je ne le savais pas.
La loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat faisait des religieux des citoyens comme les autres, soumis aux mêmes obligations militaires. C'est ainsi que le père carmélite Louis de la Trinité, Thierry d'Argenlieu pour l'état civil, lieutenant de vaisseau de réserve, fut mobilisé en 1939. Il rejoignit le général de Gaulle et poursuivit une carrière militaire qu'il acheva comme haut commissaire et commandant en chef pour l'Indochine avec le grade d'amiral avant de retourner dans son carmel en 1947.

Parigino a écrit :
Les parachutistes étaient-ils tous volontaires, ou bien obligeait-on les appelés à sauter en parachute ?
Les appelés servant dans les régiments de parachutistes étaient volontaires.

Parigino a écrit :
Plutôt sadiques, le sergent et le lieutenant. Ce sont des types comme eux qui ont rendu l’armée si impopulaire à l’époque de la conscription. Heureusement, les choses ont bien changé depuis (enfin, c’est ce que j’entends dire).
Ce qui a rendu l'armée impopulaire est surtout la guerre d'Algérie, la pratique de la torture et le putsch de 1961.


Merci pour vos réponses, Barbetorte. J’avais en effet oublié la guerre d’Algérie ! J’étais très jeune au moment de ces événements, ce qui explique mon étourderie. Je me souviens de la fusillade la rue d’Isly, des « corvées de bois » . . . heures sombres, terribles que j’espère nous ne reverrons jamais.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Fév 2019 0:27 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9065
Parigino a écrit :
Les parachutistes étaient-ils tous volontaires, ou bien obligeait-on les appelés à sauter en parachute ?

Mon oncle n'était pas volontaire ("Quand j'ai reçu ma feuille de route je me suis dit : wouhaille ! Les bérets rouges !") mais je pense qu'aux trois jours ils choisissaient pour ces unités les plus solides et les plus fiables. (je veux dire que les refus de saut devaient être rares. - Personne ne tenait à passer pour un "dégonflé" - Je ne pense pas qu'ils donnaient lieu à des sanctions très sévères. On mutait l'appelé vers un régiment de secteur, voila tout.)

Edit : Barbetorte ne doit pas être loin de la vérité lorsqu'il précise qu'ils étaient volontaires. Les parachutistes exerçaient une véritable fascination et les volontaires ne devaient pas manquer. Mais je ne pense pas que mon oncle m'ait menti. Ce n'était pas le genre.

Ils ont donc fait partie des appelés qui ont combattu. Mais à ce propos il racontait :
on arrive un soir dans un poste tenu par des appelés, où on se pose pour manger avant de repartir.
- Mais... mais vous sortez la nuit ?
- Oui.
- Et vous n'avez pas peur ?
- Non. Pourquoi devrait-on avoir peur ?
"Quelques temps après on a appris que leur poste avait été attaqué par surprise et qu'il n'y avait que quelques survivants."

Gilles Perrault, qui est passé l'année suivante dans le même 8e RPC, (et qui lui était volontaire) raconte dans ses mémoires :
"Un jour on a vu arriver un volontaire, sorti d'un régiment de secteur, qui avait demandé à être muté chez nous. Il avait été un des rares survivants de sa section, surprise en train de batifoler dans un ruisseau, histoire de se rafraichir, après avoir posé tous les fusils en faisceau. Il pensait qu'il serait plus en sécurité avec nous. Il avait raison."

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Fév 2019 2:05 
Hors-ligne
Polybe
Polybe

Inscription : 04 Oct 2018 23:34
Message(s) : 62
Localisation : Washington, D.C., États-Unis
Pierma a écrit :
Parigino a écrit :
Les parachutistes étaient-ils tous volontaires, ou bien obligeait-on les appelés à sauter en parachute ?

Mon oncle n'était pas volontaire ("Quand j'ai reçu ma feuille de route je me suis dit : wouhaille ! Les bérets rouges !") mais je pense qu'aux trois jours ils choisissaient pour ces unités les plus solides et les plus fiables. (je veux dire que les refus de saut devaient être rares. - Personne ne tenait à passer pour un "dégonflé" - Je ne pense pas qu'ils donnaient lieu à des sanctions très sévères. On mutait l'appelé vers un régiment de secteur, voila tout.)

Edit : Barbetorte ne doit pas être loin de la vérité lorsqu'il précise qu'ils étaient volontaires. Les parachutistes exerçaient une véritable fascination et les volontaires ne devaient pas manquer. Mais je ne pense pas que mon oncle m'ait menti. Ce n'était pas le genre.

Ils ont donc fait partie des appelés qui ont combattu. Mais à ce propos il racontait :
on arrive un soir dans un poste tenu par des appelés, où on se pose pour manger avant de repartir.
- Mais... mais vous sortez la nuit ?
- Oui.
- Et vous n'avez pas peur ?
- Non. Pourquoi devrait-on avoir peur ?
"Quelques temps après on a appris que leur poste avait été attaqué par surprise et qu'il n'y avait que quelques survivants."

Gilles Perrault, qui est passé l'année suivante dans le même 8e RPC, (et qui lui était volontaire) raconte dans ses mémoires :
"Un jour on a vu arriver un volontaire, sorti d'un régiment de secteur, qui avait demandé à être muté chez nous. Il avait été un des rares survivants de sa section, surprise en train de batifoler dans un ruisseau, histoire de se rafraichir, après avoir posé tous les fusils en faisceau. Il pensait qu'il serait plus en sécurité avec nous. Il avait raison."


Merci de ce passionnant témoignage, Pierma. Pouvez-vous préciser à l’ignare que je suis ce qu’est (était ?) un « régiment de secteur » ? J’ai cherché sur Internet mais n’ai rien trouvé. Un régiment n’était-il pas localisé, par définition, dans un secteur déterminé ?

Par ailleurs, suivant votre conseil, j’ai crée un nouveau sujet intitulé « Les armées françaises vues de l’étranger », avec 2 messages.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Fév 2019 11:56 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9065
Parigino a écrit :
Pouvez-vous préciser à l’ignare que je suis ce qu’est (était ?) un « régiment de secteur » ? J’ai cherché sur Internet mais n’ai rien trouvé. Un régiment n’était-il pas localisé, par définition, dans un secteur déterminé ?

Pour faire simple, il y avait en Algérie des troupes classées en deux catégories, les régiments de secteur (qui très logiquement assuraient la protection d'un secteur) et les troupes d'intervention, qui étaient à la disposition de l'état-major. Ces troupes d'intervention comprenaient les meilleurs régiments : paras, légion, et peut-être les chasseurs alpins, je n'en suis pas sûr.
Un régiment d'intervention disposait d'une base arrière, ses quartiers lorsqu'il était au repos, mais il était souvent en opération dans un secteur ou une bande de rebelles avait été localisée. Ce genre d'opération groupait fréquemment plusieurs régiments, et on demandait alors aux régiments de secteur d'y participer, typiquement pour bloquer une voie de fuite ou pour ratisser une zone précise.
Les régiments d'interventions ont été sollicités en nombre à divers reprises, par exemple sur la frontière tunisienne par laquelle entraient, en 56, les "katibas" (groupes) du FLN - entraînées en Tunisie et destinées à toute l'Algérie - ce qui a donné lieu à de véritables batailles rangées, très violentes, contre des intrusions en masse pouvant atteindre un millier de combattants, jusqu'à ce que la "ligne Morice" soit totalement électrifiée en haute tension et minée, ce qui a bien dû prendre deux ans.

Si les régiments d'intervention, composés de volontaires très entraînés et de professionnels (la Légion, typiquement) étaient très actifs, généralement bien commandés, et disposaient en priorité des hélicos - qui ont commencé à arriver au compte-goutte en 56, je crois, puis se sont généralisés - en revanche les régiments de secteur, qui ne comptaient que des appelés, avaient à la fois un travail et un bilan plus mitigé.
On leur confiait la garde statique de points précis (ouvrages d'art, villages clés, surveillance des routes...) et ils effectuaient des "ratissages" dans leur secteur, avec des résultats très moyens. (En fait tout dépendait de la personnalité du colonel commandant de secteur, ou parfois, à l'échelon au dessus, du général commandant de région : certains de ces régiments n'ont jamais vu un fellagah, d'autres ont réussi à atteindre une certaine efficacité.) Cette vision est un peu caricaturale, mais enfin pour beaucoup d'appelés l'Algérie a été un lieu d'ennui et de patrouilles routinières, ou de crapahutages épuisants à la recherche d'un ennemi insaisissable. Ce qui ne les empêchait pas d'avoir des pertes. Toutefois leurs capacités se sont améliorées peu à peu au cours de la guerre.
C'est l'embuscade de Palestro, en 56, où 20 appelés ont été tués, qui a révélé à la métropole stupéfiée qu'il y avait des groupes armés partout en Algérie (là c'était en Kabylie) - alors que la propagande officielle ne parlait que de "quelques bandes rebelles" - et que les appelés se trouvaient impliqués dans une vraie guerre. Cela dit ce n'était pas la première embuscade de ce genre.

Evidemment cette distinction entre troupes de secteur/troupes d'intervention était spécifique à cette guerre et n'a pas été renouvelée.

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 05 Fév 2019 17:57 
Hors-ligne
Polybe
Polybe

Inscription : 04 Oct 2018 23:34
Message(s) : 62
Localisation : Washington, D.C., États-Unis
Pierma a écrit :
Parigino a écrit :
Pouvez-vous préciser à l’ignare que je suis ce qu’est (était ?) un « régiment de secteur » ? J’ai cherché sur Internet mais n’ai rien trouvé. Un régiment n’était-il pas localisé, par définition, dans un secteur déterminé ?

Pour faire simple, il y avait en Algérie des troupes classées en deux catégories, les régiments de secteur (qui très logiquement assuraient la protection d'un secteur) et les troupes d'intervention, qui étaient à la disposition de l'état-major. Ces troupes d'intervention comprenaient les meilleurs régiments : paras, légion, et peut-être les chasseurs alpins, je n'en suis pas sûr.
Un régiment d'intervention disposait d'une base arrière, ses quartiers lorsqu'il était au repos, mais il était souvent en opération dans un secteur ou une bande de rebelles avait été localisée. Ce genre d'opération groupait fréquemment plusieurs régiments, et on demandait alors aux régiments de secteur d'y participer, typiquement pour bloquer une voie de fuite ou pour ratisser une zone précise.
Les régiments d'interventions ont été sollicités en nombre à divers reprises, par exemple sur la frontière tunisienne par laquelle entraient, en 56, les "katibas" (groupes) du FLN - entraînées en Tunisie et destinées à toute l'Algérie - ce qui a donné lieu à de véritables batailles rangées, très violentes, contre des intrusions en masse pouvant atteindre un millier de combattants, jusqu'à ce que la "ligne Morice" soit totalement électrifiée en haute tension et minée, ce qui a bien dû prendre deux ans.

Si les régiments d'intervention, composés de volontaires très entraînés et de professionnels (la Légion, typiquement) étaient très actifs, généralement bien commandés, et disposaient en priorité des hélicos - qui ont commencé à arriver au compte-goutte en 56, je crois, puis se sont généralisés - en revanche les régiments de secteur, qui ne comptaient que des appelés, avaient à la fois un travail et un bilan plus mitigé.
On leur confiait la garde statique de points précis (ouvrages d'art, villages clés, surveillance des routes...) et ils effectuaient des "ratissages" dans leur secteur, avec des résultats très moyens. (En fait tout dépendait de la personnalité du colonel commandant de secteur, ou parfois, à l'échelon au dessus, du général commandant de région : certains de ces régiments n'ont jamais vu un fellagah, d'autres ont réussi à atteindre une certaine efficacité.) Cette vision est un peu caricaturale, mais enfin pour beaucoup d'appelés l'Algérie a été un lieu d'ennui et de patrouilles routinières, ou de crapahutages épuisants à la recherche d'un ennemi insaisissable. Ce qui ne les empêchait pas d'avoir des pertes. Toutefois leurs capacités se sont améliorées peu à peu au cours de la guerre.
C'est l'embuscade de Palestro, en 56, où 20 appelés ont été tués, qui a révélé à la métropole stupéfiée qu'il y avait des groupes armés partout en Algérie (là c'était en Kabylie) - alors que la propagande officielle ne parlait que de "quelques bandes rebelles" - et que les appelés se trouvaient impliqués dans une vraie guerre. Cela dit ce n'était pas la première embuscade de ce genre.

Evidemment cette distinction entre troupes de secteur/troupes d'intervention était spécifique à cette guerre et n'a pas été renouvelée.


Merci beaucoup, Pierma, pour cette réponse très détaillée et remplie d’informations intéressantes.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 116 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 40 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB