bourbilly21 a écrit :
Pierma a écrit :
A l'inverse, une charge de cavalerie sur une infanterie qui n'a pas eu le temps de former le carré peut être un massacre….sur la campagne de France, mais il y a un terrible épisode dans ce genre..
Je pensais à Fère Champenoise, à vérifier, les héros de Pacthod formés en carré ont tenu le coup mais sans doute d'autres unités auraient craqué ?
Témoignage de Löwenstern (Mémoires) :
"La cavalerie de Korff, qui formait la tête des colonnes de l’armée de Silésie, arriva bientôt et courut à travers champs pour intercepter le chemin que prenait la colonne ennemie.
Lorsqu’elle l’eut atteinte, elle l’attaqua aussitôt mais sans résultat.
Le général Korff n’avait que 4 pièces d’artillerie volante, qui ne purent agir que faiblement et ses charges furent toutes repoussées par l’intrépidité de l’infanterie française qui vait formé plusieurs carrés et laissa approcher les dragons à bout portant et fit alors seulement un feu roulant si bien entretenu que nos dragons ne purent l’entamer.
Le général Pacthod, qui commandait cette colonne, repoussa ainsi de pied ferme, durant une heure et demie, cette cavalerie. Et, apparemment, ces attaques ne lui parurent pas dangereuses car il ne fit aucun mouvement pour se retirer sur Fère-Champenoise, qui était la route que les maréchaux avaient prise. Il avait massé son convoi d’artillerie derrière un carré considérable et appuyé sa droite au village de Villeseneux.
Mais bientôt le nombre de nos troupes s’accroissant d’heure en heure, il ne lui resta plus que la ressource de gagner Fère-Champenoise à travers champs. Le convoi, dans cette marche, fut pris et pillé. Sa retraite se fit en échiquier, chaque régiment formant un carré et 16 pièces de canon, placées dans les intervalles sur le front et les flancs de ces carrés, résistèrent à notre cavalerie par un feu sagement dirigé.
Le général Pacthod espérait gagner Fère-Champenoise, lorsque le comte Paul Palhen vint s’établir sur ses derrières avec 2 régiments de chasseurs à cheval et le plaça dans l’alternative de se faire jour ou de se rendre.
Un carré ennemi se forma en colonne d’attaque, se jeta sur les régiments du comte Pahlen et les força à rétrograder. Mais ce succès ne fut que de courte durée. Le comte Pahlen profita d’un moment où l’ennemi s’était débandé, se jeta dessus, l’enfonça et le sabra.
Le général Pacthod, voyant l’impossiblité de gagner Fère-Champenoise précipita alors sa marche vers les marais de Saint-Gond.
La division de hussards du général Wassiltchikoff arriva sur ces entrefaites. Elle fit plusieurs charges qui ne lui réussirent point. Le carré, car ce n’en n’était plus qu’un maintenant, écarta continuellement par un feu roulant les efforts de la cavalerie, qui s’épuisa en vaine charges contre cette intrépide infanterie.
[...]
Au moment où ces charges s’exécutaient et se répétaient à l’infini, nous vîmes tout à coup, sur les hauteurs qui dominaient ces plaines immenses, un groupe de cavalerie [...]Le colonel Markoff, qui, avec ses pièces, nous avait si maltraité, descendit des hauteurs sur ordre du Tsar avec sa batterie et commença un feu d’enfer sur la colonne de Pacthod qui, sans tirer un coup de feu, dirigeait toujours sa marche vers les marais de Saint-Gond.
Deux pièces de canon du général Korff s’étaient placées dans la direction que la colonne française devait prendre et quoiqu’elles tirassent avec de la mitraille, la colonne ennemie marcha dessus et les força de quitter leur position.
Mais bientôt, le Tsar arriva lui-même, suivi du maréchal Schwarzenberg et du maréchal Wrede. Un enthousiasme général se communiqua aux chefs et aux troupes. Les chasseurs à cheval de Siéversk commandés par le colonel Denisoff, les hussards d’Alexandria par le colonel Lisoffski furent les premiers qui entamèrent la colonne du général Pacthod. Les autres régiments arrivèrent et chargèrent successivement.
La colonne fut entièrement dispersée et sabrée. Pas un homme n’échappa.
[...]
La journée de Fère-Champenoise était une des plus brillantes de la campagne. Seule la cavalerie russe avait eu la gloire de ce double combat. L’ennemi s’était battu en désespéré et le général Pacthod eut les suffrages de toute l’armée pour la manière héroïque dont il s’était conduit. Notre cavalerie avait fait des charges réitérées, qui ne réussirent pas d’abord ; mais la présence du Tsar l’électrisa à un tel point que rein ne put l’arrêter et à la fin, elle entra dans les carrés comme dans du fromage ;
Le maréchal Wrede, qui se trouvait dans la suite du Tsar, se mit à la tête d’un de nos régiments de chasseurs à cheval et le sabre à la main, chargea avec les nôtres comme un simple cavalier.
Cette journée résolut le problème si longtemps disputé que l’infanterie, si elle n’est pas protégée par le terrain, ne peut pas à la longue résister à une bonne et nombreuse cavalerie. La nôtre, quoiqu’on l’eût épuisée inconsidérément par des charges mal combinées et mal conduites, parvint malgré cela à entamer les carrés ennemis et à les exterminer. Les cuirassiers, qui essentiellement sont plus propres à enfoncer les masses, ne prirent guère part au combat que livra le général Pacthod. Ils seraient probablement parvenus plus tôt à un résultat satisfaisant."