Pierma a écrit :
Oui, Chesapeake c'est rien moins que la victoire navale qui assure l'indépendance des Etats-Unis ! La Royale, si elle n'avait fait que ça, ce ne serait déjà pas négligeable.
Victoire française que les Anglais nous font payer l'année suivante dans les Antilles...
Après avoir participé aux combats de Grenade et Savannah en 1779, le comte de Grasse se distingue lors des combats au large de la Dominique en 1780. En mai 1781, à la tête d'une grande escadre, il enlève le blocus anglais devant Fort-Royal en Martinique, prend l'île britannique de Tobago et appareille pour Saint-Domingue à l'été suivant.
Appelé à l'aide par le général Rochambeau (débarqué en juillet 1781 à Rhode Island, avec 6000 soldats français, à la rescousse des Américains de George Washington), le comte de Grasse fait route vers Yorktown, où le général britannique Cornwallis est retranché avec 8000 soldats réguliers et 9000 Américains "loyalistes". Dans la baie de Chesapeake, la flotte française est rattrapée par les navires anglais des amiraux Hood et Graves... et remporte la victoire.
Soumis au blocus naval, privé de renfort et sous les coups répétés de ses adversaires (2500 marins de la flotte du comte de Grasse débarqués, plus du matériel de siège emmené par l'escadre du comte de Barras en septembre suivant), Cornwallis finit par capituler en octobre 1781, abandonnant 8000 prisonniers et 214 canons. Début novembre, de Grasse repart donc pour les Antilles, afin d'y passer l'hiver et de continuer la guerre (terminée en Amérique mais poursuivie dans les Antilles, en Méditerranée et dans l'Océan indien).
L'escadre du comte de Grasse prend l'île de Saint-Christophe en février 1782, mais elle manque d'hommes et de ravitaillement - le convoi de renfort, parti de Brest en décembre 1781, a été attaqué et dispersé. Le chef militaire est par ailleurs de plus en plus contesté par ses officiers, tandis que les Anglais reprennent confiance avec l'arrivée de l'amiral Rodney et d'une flotte de vaisseaux de ligne neufs, construits en Angleterre.
Début avril 1782, l'escadre française reçoit un double ordre : prendre la Jamaïque, la plus riche des îles anglaises des Antilles, mais aussi escorter la flotte marchande espagnole de Saint-Domingue en partance vers Nantes et Bordeaux (protégée par une douzaine de vaisseaux de l'amiral espagnol don Solano). Les Anglais repèrent le lourd convoi le 9 avril, mais après une première escarmouche se retirent. Plusieurs avaries et faute de navigation privent alors la flotte française de ses vaisseaux de guerre, au large des Saintes, un ensemble d'îlots situé entre la Dominique et la Guadeloupe.
La victoire anglaise est totale mais dramatique : 2000 morts, 7000 blessés, 8000 prisonniers, 5 navires capturés (3 couleront). Le 19 avril, lors de la bataille du canal de la Mona, près de Porto Rico, les Anglais s'emparent de 4 vaisseaux rescapés. Le comte de Grasse, fait prisonnier par les Anglais, est de retour en France à l'automne suivant mais subit un conseil de guerre, qui l'acquitte certes mais le fait tomber en disgrâce royale en 1784. Ses seconds, Bougainville et Vaudreuil, qu'il a accusés de défection pendant la bataille des Saintes, ont en effet la faveur de l'opinion et la bataille perdue a généré un grand élan patriotique (Louis XVI promet la construction de 10 vaisseaux d'ici fin 1782, les deux frères du roi financent même chacun un vaisseau).