De même, à l'époque napoléonienne, on utilise la (demi) colonne pour l'assaut, l'effet de masse pour rompre les rangs adverses.
Ceci dit, il existait diverses manières de tirer en ligne, voici quelques variantes.
Aux 16e et 17e, les mousquetaires formaient des files de 8 à 12. Le premier tirait puis se mettait en queue pour recharger. Les files étaient relativement espacées pour permettre le passage du tireur. Au contraire, au 18e, les hommes sont au coude à coude, le soldat occupait 55 à 66 centimètres de front.
Au début du 18e, les Français, rangés sur quatre ou cinq hommes de profondeurs, tiraient rang par rang. Pour que ceux de derrières puissent tirer, les premiers rangs mettaient genou en terre. On imagine la gymnastique.
Une autre méthode consiste à faire tirer les trois rangs en même temps, de préférence à bout portant. Il fallait des troupes disciplinées qui retiennent leur feu jusqu'au moment propice. En effet, un soldat a tendance à tirer pour se protéger ou pour tromper sa peur. Si l'un désobéit, il tend à entraîner les autres. Ainsi une ligne peut se retrouver désarmée au moment crucial et par conséquent... fusillée à bout portant pendant qu'elle recharge.
A la même époque, les Suédois de Charles XII pratiquaient une tactique offensive brutale. Les fantassins avançaient sur quatre rangs, baïonnettes. A 50 mètres de l'adversaire, il marquaient une pose. Les deux premiers rangs s'agenouillaient, les 3e et 4e faisaient feu ensembles. Ensuite, ils avançaient à 20/30 mètres. Les deux premiers rangs tiraient debouts, puis les fils de vikings chargeaient en hurlant. Par la suite, les Suédois ont adopté le tir par peletons et la formation sur trois rangs, mais ils ont toujours apprécié l'effet de choc, à tel point qu'ils réintroduirent l'usage de la pique pour une partie de l'infanterie.
Les Prussiens de Frédéric II avaient une tactique semblables qui laissait un plus de place au feu. La ligne avançait à 180 pas. Puis, elle tirait une salve, rechargeait et avancait de 30 pas, ainsi de suite six fois. La dernière décharge était tirée à 30 pas. Ce qui présente plusieurs avantages : on pouvait utiliser le feu pendant l'offensive, on reformait les rangs à chaque halte, le soldat qui bouge, recharge et tire est distrait en partie de sa peur.
La technique la plus efficace est le tir par pelotons. Elle était pratiquée dès le début 18e par les britanniques et les néerlandais. Ensuite, les Prussiens l'adoptèrent pendant la guerre de succession d'Espagne, puis d'autres armées ou unités. Elle nécessitait des troupes bien entraînées et disciplinées.
La ligne sur trois rangs étaient divisées en peletons sur un ou deux rangs répartis sur la ligne sans qu'ils soient mitoyens. Ces pelotons étaient divisés en quatre groupes. On faisait tirer un groupe de peletons à la fois, puis on recommençait avec le premier. Ainsi on obtenait un feu roulant et régulier. Si un homme déchargeait deux fois en une minute, ce qui est raisonnable (4/5 à l'entraînement et sans voisin agité), la ligne donnait huit salves par minute, une toutes les 7/8 secondes. ce feu presque continu s'est révélé maintes fois efficace. Souvent un régiment anglais et un français s'affrontait dans une sorte de duel, les britanniques gagnaient presque à tout coup avec un rapport de perte de 1 à 2, 3, ou 4.
Il était très difficile de maintenir l'ordre de feu dans l'action. Aussi, la méthode tend à disparaître pendant les guerres de la révolution et de l'Empire à cause du nombre de novices. On tirait tous ensemble ou par ligne au début de l'engagement, puis en feu à volonté, dans le désordre. De plus, le troisième rang perdait de son efficacité. Les maladroits blessaient leur petits camarades (tympans éclatés, projections de poudre incandescentes, coups; voire carrément une balle dans le dos pour les plus gauches). Le 3e rang servait donc à maintenir le cohésion et à remplacer les pertes.
Les anglais se rangeait sur deux rangs et conservaient le tir en peletons. Cela tenait à leur situation géographique et au fait qu'il avait une armée professionnelle. la jeune recrue ne quittait pas l'Angleterre sans avoir reçu un an de formation. Au contraire, le conscrit français appprenait souvent à tirer pendant les haltes de la marche qui le menait à sa future unité.
De fait, le tir anglais était souvent le plus meurtrier. On a souvent prétendu qu'ils avaient un meilleur fusil. C'est faux. Le "Brown Bess" était encore un peu plus imprécis que son équivalent français. Il tirait une balle plus lourde (32 gr contre 27). Certains estimaient que le poids avait de l'importance, j'en doute fort, qu'un homme reçoive un balle britannique ou française, il s'en retrouvait allongé, souvent de manière définitive.
Frédéric
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