Bonjour,
J'ai peut-être quelques éléments pour compléter ce qui à déjà été dis sur un sujet vraiment passionnant!
Citer :
La dialectique ami / ennemi, la catégorie fondamentale du politique selon Carl Schmitt et Julien Freund.
Pour le général Lucien Poirier, la dialectique ami/ennemi n’est pas suffisante pour rendre compte de ce qu’il nomme le « spectre des états de conflit ». Il définit ainsi trois outils conceptuels permettant de se figurer l’état d’hostilité entre deux ou plusieurs acteurs politiques : la dialectique Même/Autre, l’état de conflit et le statut adversaire/partenaire.
La première fait référence à l’identité des acteurs. Contrairement au statut ami/ennemi, qui est une incidence (Ex : la France et l’Angleterre, à la limite, la France et les USA), la notion du Même et de l’Autre fait référence à une distinction identité/altérité par définition irréductible. L’évaluation de cette identité ou altérité fondamentale, toujours selon Poirier, est fonction de ce qu’il appel « l’idée de l’homme », autrement dit la conception qu’a chacun des acteurs de la valeur et du sacré. A titre d’exemple on peut citer la guerre Germano-soviétique (1941-45), peut-être certaines guerres coloniales et les premières guerres israélo-arabes (1948, 1956 et 1967). Le Même et l’Autre sont ainsi les deux bornes du « spectre des états de conflit » et définissent l’intensité de celui-ci suivant que les acteurs soient « plus Même », ou « plus Autre ». A partir de là se greffe les contingences, soit le statut adversaire/partenaire. Celui-ci est fonction des intérêts des acteurs qui, à un moment donné, peuvent être convergents ou divergents soit être « positifs » lorsqu’ils tendent l’un vers l’autre ou « négatifs » lorsqu’il s’éloignent. En somme, la dialectique Même/Autre défini les deux bornes du spectre des états de conflits et au sein de ces deux bornes s’ajoute une autre dialectique, contingente cette fois, celle d’adversaire/partenaire.
Voir, pour donner une source en ligne :
http://www.stratisc.org/strat_054_Poirier_tdm.html et particulièrement la partie « Guerres limitée et non limitée dans la Grèce ancienne »
Citer :
Dans la notion d'ennemi,il y a deux notions distinctes :
a) la notion de menace,ce qui implique le renforcement du groupe,la cohésion du groupe,et la mise en veilleuse des tensions internes du groupe,et l'absence de remise en question de la pyramide décisionelle de ce groupe .
b) la notion de proie à conquérir ,soit de façon intéressée (on serait mieux "avec") ,soit de façon vitale ("c'est eux ou nous") .
et
Citer :
Je dirais qu'il y en a une troisième et bien plus efficaces que les 2 que vous nommez: la peur.
Thomas Lindemann (
http://www.stratisc.org/strat72_Lindemann.html ) donne quelques pistes pour évaluer la constitution des dialectiques Même/Autre et Adversaire/Partenaire :
1) La distribution de la puissance sur l’échiquier international, soit la recherche d’une garantie de pérennité ou d’un équilibre de la puissance.
2) L’identification à un groupe, soit la discrimination des groupes extérieurs.
3) L’expérience historique, soit la perception de la nature et de la motivation d’un acteur en fonction de données empirique.
4) Le rôle de l’armée dans une société, soit l’évaluation de la menace en fonction de la place occupée par l’outil militaire dans l’activité de la société (organisations paramilitaires, implication des administrés dans l’institution militaire etc…) et, l’on pourrait ajouter, l’estimation du rôle de la guerre chez un acteur politique dans les relations humaines (L’Allemagne de 1871 à 1945, Israël et la France napoléonienne furent ainsi très friandes de l’outil guerre et considérait celle-ci non seulement comme normale mais aussi désirable).
5) L’identité politique d’un Etat, perception que l’on peut résumer par l’axiome voulant que les démocraties ne se fassent pas la guerre entre elles.
Enfin, Martin van Creveld, dans son
The Transformation of War, donne la justice comme la motivation fondamentale de l’entrée en guerre. La logique de l’auteur est difficile à saisir au premier abord, on peut la résumer comme suit :
1) Un soldat ne risquera pas sa vie s’il n’est pas convaincu que la guerre et la tuerie conséquente n’est pas justifiée d’un point de vu moral.
2) Un soldat ne tuera pas s’il n’est pas convaincu que la guerre et la tuerie conséquente n’est pas justifiée d’un point de vu moral.
3) Forcer un soldat à tuer et à mourir sans une justification morale entraîne la désintégration de l’armée et à terme, soit une impossibilité à gagner la guerre, soit une défaite.
Van Creveld s’intéresse donc à l’élément premier de la guerre, le soldat, et à ce qui forge sa détermination à l’emporter sur l’ennemi. Si l’on prend cette réflexion « à l’envers », l’on peut dire que la guerre (soit un conflit armé entre deux organisations politiques) et l’entrée en guerre est motivée par la justice. Le caractère juste va toucher à la cause, à l’enjeu et aux objectifs dans la guerre. Pour faire le lien avec la question de départ, il est possible de dire qu’un acteur est défini comme ennemi à partir du moment ou il est concevable pour le soldat de mourir en cherchant à tuer son adversaire, la possibilité de la mort étant en soi une donnée nécessaire pour permettre une action visant à tuer. Ainsi, la justice est la donnée à partir de laquelle va être décidé l’entrée en guerre et permettre à la guerre d’être menée.
Voir les liens suivants pour une synthèse de la pensée de l’auteur sur la notion de justice dans la guerre :
http://college.hmco.com/history/readers ... 00_war.htm
http://www.abc.net.au/foreign/stories/s511530.htm
Gaston Bouthoul n'aurait-il pas quelque chose à dire sur le sujet? Je ne possède pas ces ouvrages et ne connait strictement rien à ces thèse. Je sais juste qu'il s'est intéressé de près à la guerre considére comme un phénomène social, ce qui devrait techniquement collé pas mal avec notre sujet.
Cordialement,
Thomas[/u]