He bien, il faut croire que les croyances religieuses piquent une certaine forme de sensibilité sociale (vive Foucault). La question, alors, se pose en ces termes "quelle sensibilité sociale (et de quelle classe sociale) est piquée par la religion et travaille alors à la critique de celle-ci ?".
I. On peut sans doute y voir le travail d'un mouvement libéral (corollaire : d'une liberté intellectuelle). Ce constat est d'autant plus clair que les "philosophes" religieux se font rare (la seule réponse correcte à "la mort de Dieu" annoncée par Nietzsche me semble être "l'éclipse de Dieu" dite par Buber, suite de quoi Onfray s'acharne <encore> sur ceux qui prétendent ressusciter la dépouille de Dieu montrée du doigt par Friedrich) mais que le commun pousse dans un terreau religieux, supporté par le tuteur de la religion. Au nom d'une liberté intellectuelle, de nouvelles règles sont érigées, qui, tout en étant obscurs, sous-tendent toute la philosophie (1ère règle de la philo "on peut discuter de tout, et aller à tout, sans se soucier des conséquences morales", 2ème règle "on ne doit pas parler de la 1ère règle"). C'est la sensibilité libérale, la force obscur et vague qui s'exerce à travers l'appareil disciplinaire philosophique.
II. Ensuite, je pense qu'il n'est pas vain de souligner combien l'angoisse du non-sens et de l'absurde semblent caractéristiques de la pensée contemporaine, cf. Tillich. En attestent les travaux de Nietzsche (qu'est-ce que la mort de Dieu sinon la perte du sens), ça sonnera comme sonne une castration chez Freud ("la croyance est une névrose obsessionnelle"), l'absurde sera mis en mot chez Camus, parfois chez Kafka et chez Kurt Vonnegut (auteur américain encore vivant dont j'apprécie particulièrement le roman "Abattoir 5"). Cette angoisse (du non sens et de l'absurde) sous-tend aussi (en plus de "l'esprit libéral") la sensibilité sociale qui s'attaque aux croyances religieuses.
III. La philosophie des Lumières, puisque tu pars de là, pré-sentait les forces et les valeurs qui étaient pour elles à venir (et qui sont pour nous actuelles).
_________________ « Suffering also has its worth. Through sorrow, pride is driven out, and pity felt for those who wander in samsara; Evil is avoided, goodness seems delightful. »
Shantideva
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