Bien que certains aient pu croire un temps que cet ouvrage fût le fameux mémoire que Spinoza écrivit pour défendre sa liberté de philosopher, aucun historien aujourd'hui ne croit que le Traité des trois imposteurs est de Spinoza, tant en raison du contenu que des conditions dans lesquelles il nous est parvenu. Pour ce qui est du contenu, certes le propos est outré par rapport au TTP, mais qui plus est, le TTP confère à la religion une utilité morale alors que le T3I est carrément anti-religieux. Ce livre passait sous le manteau fin XVIIème, début XVIIIème, avec pour préface la Vie de Spinoza du médecin Lucas. D'ailleurs, le traité n'était pas attribué à Spinoza mais à l'Esprit de Spinoza. Miam dira si ma mémoire me joue des tours, mais il me semble qu'on en trouve un exemplaire à la spinozahuis de Rinjsburg.

Quatrième de couverture

Le traité des trois imposteurs

C'est au XIIIe siècle, en plein conflit entre le pape et l'empereur, que Rome commence à faire circuler une rumeur infamante à propos de Frédéric II Hohenstaufen : soupçonné d'indifférentisme, voir d'athéisme, celui-ci serait l'auteur d'un livre sulfureux, Le Traité des trois imposteurs. Tout est dans le titre, blasphème suprême censé dénoncer à la fois Moïse, Jésus et Mahomet comme vils affabulateurs brandissant la menace de la colère divine et de ses châtiments éternels pour mieux asseoir leur tyrannie.

Or, de ce supposé pamphlet n'existe précisément que le titre ! Durant un demi-millénaire, les auteurs les plus divers seront successivement soupçonnés d'avoir rédigé ce livre que nul n'a jamais vu, mais qui alimente les fantasmes des inquisiteurs comme des libres-penseurs. Le Traité des trois imposteurs finira par exister pour de bon au XVIIIe siècle, empruntant alors son contenu aux polémistes anti-chrétiens de l'Antiquité comme à Spinoza.

À travers l'étrange biographie d'un livre fantôme, c'est toute l'histoire de l'athéisme, du blasphème et de la libre pensée qui se dessine en filigrane de cette étude érudite au ton enlevé.

Le débat me semble, pour cette raison, dépassé.