Escalibure a écrit :
Le mot péché est un mot magique pour l'Eglise, toute religion confondue, qui lui permet de justifier beaucoup de choses.
Le fanatisme religieux est un racisme pour moi.
Pour moi, c'est le racisme qui est un mot magique. Tout ce qui est vraiment pas gentil du tout est du racisme.
Si vous me demandez comment je juge la façon dont l'Eglise a accepté, justifié et parfois participé à l'esclavage des Indiens ou des Noirs (si tant est que le juger soit vraiment historique), je trouve cela odieux. Est-ce du racisme, je n'en suis pas sûr.
Je trouve effectivement qu'il y a une parenté avec le racisme dans la question de la malédiction de Cham : le péché d'un ancêtre est une mâcule sur tous les descendants d'une même couleur, mâcule ineffaçable qui justifie des pratiques inhumaines. Or le péché, depuis Adam et Eve, concerne tous les hommes. Et il est rachetable par la foi et la confession.
Ceci dit, même si des prélats et des théologiens, qui étaient des hommes de leur temps, soumis aux préjugés et aux théories en vogue, ont pu avoir des pensées de type raciste, je pense que l'Eglise n'aurait jamais pu se dire ouvertement raciste. Et ce même aux temps où le racisme était en vogue et pas du tout un gros mot. Parce que, je me répète mais je le crois sincèrement, le racisme est une vision de l'homme contraire à celle proposée dans la Bible.
Je ne cherche pas à défendre le christianisme, étant complètement agnostique. Mais je pense que tout n'est pas toujours tout noir dans la religion, et que même ce qui est peu reluisant n'est pas forcément du racisme.
Le message biblique n'est pas incarné que par les Eglises. Il concerne tous les croyants. C'est pourquoi je pense qu'il a pu être une des bases de l'antiracisme, même si cet antiracisme n'a pas été porté par les Eglises.
D'ailleurs, le racisme au XIXe siècle se nourrira de découvertes scientifiques comme la théorie de l'évolution : c'est le darwinisme social (que Darwin n'a jamais cautionné). Cette vision d'une évolution différente de l'espèce humaine selon les races est au coeur de la mythologie raciste. Or l'Eglise est fondamentalement anti-darwinienne (ce n'est pas à proprement parler une qualité! mais cela l'empêchera sûrement d'être raciste).
Enfin, sur le racisme de Voltaire (personnage effectivement ambigu). Il y a justement une dimension anticléricale dans son racisme. Je n'ai plus la citation exacte, mais il disait en gros : quand vous voyez ces pygmées avec une peau de mouton sur la tête, comment croire qu'ils sont issus du même ancêtre que nous. Sous-entendu : Adam et Eve, quelle blague, la Bible c'est du n'importe quoi.
Citer :
Le mythe du bon sauvage dans la lutte de l'antiracisme : qu'en pensez-vous. C'est assez idéalisé mais cela faisait fi de tout préjugés.
Il est vrai que la proximité du sauvage avec la nature est une qualité dans cette littérature. Mais je demande si, au XIXe siècle, une telle conception n'a pas pu influencer sur l'idée du Noir plus proche de l'animalité et donc inférieur dans la chaîne de l'évolution (darwinisme social).