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Message Publié : 14 Sep 2007 9:39 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
Message(s) : 2720
Localisation : Centre
Syndrome de Stockholm?
Je ne sais si la description du syndrome de Stockholm implique aussi un rééel et profond attachement affectif de la part des geôliers ou kidnappeurs; c'est à voir. En tout cas, il y avait de la réciprocité dans ces attachements maître/esclaves.
Certains maîtres, en particulier à la fin de leur vie, dépendaient en tout de leurs esclaves, et trouvaient en eux un dévouement inconditionnel qu'il ne trouvaient pas auprès de leur famille. Certains hommes vivaient maritalement pendant de longues années avec des concubines noires auxquelles ils étaient profondément attachés, ainsi qu'aux enfants qu'elles leur donnaient. Des propriétaires d'esclaves récompensaient le dévouement de certains esclaves en prévoyant dans leur testament des clauses d'affranchissement après leur mort, qui n'étaient d'ailleurs pas toujours respectées. Des esclaves étaient le bras droit de leur maitre et si étroitement associés à la vie de famille qu'ils étaient enterrés auprès d'eux dans le cimetière familial de la plantation ou autour de l'église. Des lettres et journaux intimes évoquent le chagrin de maîtres à la mort de tel ou tel esclave--en particulier les nannies, les mammas qui élevaient tous les enfants d'une famille--Je cite de mémoire l'un de ces textes--''nous venons de perdre notre esclave X, le meilleur homme que j'aie jamais connu''...
De plus, il me semble que le syndrôme de Stockholm, à ma connaissance, concerne des situations essentiellement individuelles, quoiqu'elles puissent aussi renvoyer à des rapports socio-politiques plus vastes.
Ce qui me gêne un peu dans l'emploi de cette catégorie, c'est le fait qu'il tendrait sans doute à occulter l'aspect systémique et inévitable de ces rapports affectifs ambigüs et complexes entre maîtres et esclaves, dans la société sudiste en particulier.
En effet, contrairement à d'autres sociétés esclavagistes, comme celles des Antilles et d'Amérique du Sud, où les contacts esclaves/maîtres étaient moins importants--ne serait-ce que parce que le ratio esclaves/maîtres sur les plantations était beaucoup plus faible qu'aux EU--les contacts maîtres/esclaves étaient nombreux et constants dans le Sud, et certains esclaves--les esclaves de maison, popularisé par le type fameux du Sambo--passaient plus de temps en contact avec des blancs qu'avec des noirs et étaient dans un rapport de très grande intimité avec eux.

Dans le Sud, il y avait donc parfois de l'attachement, voire de l'amour entre esclaves et maitres mais dans le contexte d'une immense et irréductible inégalité, présentée comme divinement instituée et profondément gravée dans les esprits; ce qui devait constituer un facteur de confusion psychologique et identitaire majeure pour les noirs.


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Message Publié : 14 Sep 2007 10:17 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
Message(s) : 2720
Localisation : Centre
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Citer :
EU--les contacts maîtres/esclaves étaient nombreux et constants dans le Sud,


Cela dit, en moyenne évidemment.
Car le ratio blancs/noirs variait selon les plantations, la région, le type de culture, l'époque...
Il pouvait y avoir des plantations où le propriétaire absent confiait la gestion de la plantation à un ''overseer'' qui parfois--rarement--pouvait être un esclave particulièrement fiable et compètent. Les plantations étant souvent très isolées et autarciques, les esclaves de cette plantation pouvaient travailler pendant des jours voire des semaines sans avoir de rapports avec des blancs--mais c'était un cas exceptionnel.


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Message Publié : 14 Sep 2007 10:58 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 13 Jan 2007 20:12
Message(s) : 576
Localisation : Région parisienne
L'ambiguïté de ces rapports maître-esclave est très bien montré dans le roman Autant en emporte le vent (je parle bien du roman, pas du film), et on voit même Scarlett O'Hara, l'héroïne, s'offusquer du racisme des "yankees" (les américains blancs du nord), qui traitent les Noirs comme des moins que rien, en même temps qu'elle s'offusque qu'on puisse donner le droit de vote à ces mêmes Noirs.
Le regard est profondément paternalisme et infantilisant, ce qui est une autre formede racisme, mais qui prend des apparences d'humanisme : Scarlett est très sincèrement aimée de ses esclaves, et elle les aime sincèrement en retour, mais l'émancipation est inconcevable pour les uns comme pour les autres.

_________________
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Message Publié : 15 Sep 2007 8:50 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
Message(s) : 2720
Localisation : Centre
Citer :
Le regard est profondément paternalisme et infantilisant, ce qui est une autre formede racisme, mais qui prend des apparences d'humanisme : Scarlett est très sincèrement aimée de ses esclaves, et elle les aime sincèrement en retour, mais l'émancipation est inconcevable pour les uns comme pour les autres.


Oui, tout à fait. Le gentleman planteur sudiste était tenu idéalement, d'assurer les besoins vitaux et la protection de ses esclaves, mais tout dans son comportement et le fonctionnement de la société sudiste était tel qu'il existait entre eux un infranchissable abime.
Contrairement à des clichés simplistes, il était trés mal vu pour un planteur de maltraiter ses esclaves, de faire preuve avec eux de cruauté gratuite ou de sadisme. Un esclave devait recevoir une bonne quantité de nourriture--la base en était la farine de maïs et lard--suffisante pour lui permettre d'assurer son travail, ne devait pas travailler si sérieusement malade, devait avoir le dimanche et souvent le samedi après-midi libre. Il fallait autant que possible ne pas vendre les membres d'une même famille à différents propriétaires et quand cela arrivait, les planteurs se justifiaient par le cas de force majeure--règlement de succession, revers de fortune, esclave vicieux et dangereux risquant de contaminer les autres par son mauvais esprit. Le fouet était un moyen de dernier recours, car les esclaves fouettés s'enfuyaient souvent.
Posséder de nombreux esclaves (apparemment) heureux et en bonne santé était une marque de standing dans la société sudiste, comme de posséder de beaux purs sangs.


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