Citer :
mais poser un jugement de valeur positif ne me semble pas franchement plus profitable.
Personne ne dit cela non plus...
On parle d'objectivité, de recontextualiser les événements et les acteurs historiques dans leurs époques, ce qui amène implicitement à nuancer les choses.
Citer :
j'aimerais bien être d'accord avec vous pour dire qu'il est inutile de clâmer haut et fort que la colonisation ne s'est pas réalisée par humanisme, mais il se trouve pourtant que c'est ce qu'affirme Monte-Cristo. Voila surtout ce à quoi je répondais, et je crois que nous étions d'accord là-dessus.
Dans ce cas, c'est différent, je croyais que vous ne faisiez allusion qu'aux propos et motivations de Ferry...
Donc, il nous faut travailler dans l'intérêt d'être plus clairs, afin d'éviter les incompréhensions !
Citer :
Disons donc simplement que personnellement, je ne partage pas l'idée
Peut-être parce que vous ne vous limitez qu'à cet échange entre ce dernier et Clemenceau à la Chambre.
Car, cette joute, sortie ainsi de son contexte national (compétition à la Chambre) et international (Revanche et conférence de Berlin), sans références historiques et épistémologiques, ne peut que diviser les acteurs en deux camps : les "méchants" colonisateurs ferrystes et les "gentils" radicaux pourfendeurs du système colonial, suivant Clemenceau. C'est un raccourci artificiel, alors que la réalité est bien plus complexe.
D'autant plus que Ferry est un des pères de l'application des principes démocratiques à la société civile entre 1881 et 1883.
Je pense qu'il était sincère dans ses déclarations, car la notion de racisme actuelle n'existait pas à l'époque ; et une grande majorité des intellectuels Européens - Hugo y compris qui suiva sa politique, comme le jeune Jaurès - pensaient que la colonisation permettait de faire avancer les peuples "en retard".
Victor Hugo défend la politique de Jules Ferry au nom des droits de l'homme ; cela n'a rien d'un paradoxe si l'on suppose que le blanc est « plus en avance » : il a alors un devoir de civiliser, d'apporter l'évolution aux peuples moins développés, comme jadis les Romains aux Gaulois ( exemple cher à Ferry).
Hugo insiste sur le fait que la colonisation ne doit être que temporaire, et que la France doit savoir s'effacer ensuite comme un tuteur qui a rempli son rôle.
En tous points Ferry reprend cette vision
humaniste - et forcément teintée de vanité - des choses.
Je pense que Ferry a ajouté un volet économique à son discours pour obtenir le soutien des milieux conservateurs du moment (monarchistes, républicains autoritaires et modérés), qui étaient hostiles à ce genre d'expédition, fort couteuse et ne "concernant" pas vraiment les intérêts des Français. N'oublions pas qu'il était fort délicat de se maintenir aux affaires à ce moment et que chaque vote comptait à la Chambre.
Il peut y avoir une dernière explication à la tonalité de cet échange : Ferry venait de tomber par un vote de défiance de la Chambre et souhaitait "reprendre la main", justifier sa politique, prouver qu'il avait raison et que sa chute allait avoir des conséquences néfastes, etc.