J'ai l'impression que vous partez sur des raisonnements et une vision de l'Histoire un peu biaisés.
Yongle a écrit :
Bonjour à tous,
- je parle de l'Occident mais un parallèle avec l'Orient et sûrement possible -
depuis l'Antiquité, les relations entre les hommes sont souvent flanquées d'esclavage de servage.
C'est un peu une tautologie de le dire, notre époque où tout être humain, de par sa nature même d'être humain étant considéré comme un individu libre (en droit), est plutôt l'exception au regard des siècles. Cependant, il faut bien comprendre qu'en effet ce que vous appelez la liberté n'est que la version actuelle de ce mot, dans une définition née plus ou moins à la fin du XVIIIe s. en effet. Et dites-vous que l'esclavage à l'antique recouvre des réalités très différentes, tout comme le statut d'homme libre. Si l'homme libre est en effet valorisé chez les Grecs par exemple, et que politiquement tout citoyen peut participer à un fonctionnement démocratique, ce n'est qu'un des pans de la liberté. En cela, certains esclaves bien placés, comme les pédagogues, pouvaient avoir un rang social bien plus enviable... et je pense que participer directement, par le vote, à la vie de la cité, ne leur importait guère. Bref.
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Si l'on en revient à l'ancien régime, depuis le début de nos études, on nous invite à oublier notre univers mental contemporain pour mieux comprendre ce qui se passait dans la tête des gens de l'époque. Bien sûr, un homme baigné depuis sa plus tendre enfance dans un environnement où sa famille et ses proches sont asservis par un seigneur ne pourra, jusqu'à concevoir, la notion de liberté pour lui-même.
Tout à fait, surtout quand même au niveau des intellectuels ce concept tel que vous l'entendez n'existe tout simplement pas.
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Si l'on double cet état de fait d'une omniprésence religieuse ; et que l'on sait que la plupart des inégalités sont fondés sur cette dernière alors la conclusion est sans appel.
Cela veut dire quoi "l'on sait que"? Qui sait cela? LEs gens qui réfléchissent trop vite ou les idéologues. L'Eglise, quelle que soit l'époque où elle se situe, est un corps vivant vraiment pas monolithique. Et l'omniprésence religieuse des époques suivantes, en particulier du XVIe s. sera à la fois facteur de guerres atroces dans toute l'Europe mais aussi de progrès aussi bien au niveau des libertés (religieuses notamment dans certains pays) et de l'égalité, certains groupes d'extrémistes religieux prônant un égalitariste par la violence.
Donc attention, tout est beaucoup plus subtil que le tableau que vous brossez. Sans compter que vous mélangez beaucoup de choses en partant de l'idée de liberté et en bifurquant à celle d'égalité, ce qui n'est, à mon avis, pas la même chose.
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Cependant, malgré tout cela, je ne peux me résigner à admettre que ces gens modestes qui ont su faire preuve de tant de bon sens n'aient pu entrevoir à un certain moment les failles de ce système (par exemple sous l'inquisition).
En quoi l'Inquisition est une faille du système et en quoi favorise-t-elle plus qu'autre chose l'absence de liberté ou l'inégalité? Au contraire, malgré ses excès, l'Inquisition est historiquement le premier exemple de mise en place d'une véritable procédure judiciaire institutionnalisée. De ce point de vue, c'est une période très importante.
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Comment ces opprimés n'ont-ils pu relever le fait que les ordalies n'étaient pas la volonté de Dieu mais des hommes de Dieu ? Je pense que cette nuance a été sentie, mais que pour les raisons que tous les historiens savent, on n'en a pas la trace dans les sources.
On vous a très bien répondu sur cette question, et j'approuve la réponse qui vous a été faite.
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Alors bien sûr, je sais que la piétaille était littéralement conditionnée pour penser que les hommes du clergé et les nobles détenaient des savoirs qu'ils n'avaient pas et que pour toutes ces raisons...
Bof. Vous sous-estimez l'intelligence du petit peuple. Qui ne s'est jamais, au grand jamais, privé de critiquer et de railler les plus puissants. Simplement, les choses étaient ainsi, certains étaient fait pour régner et d'autres pour travailler durement de leurs mains. Sans compter que, toute proportion gardée, une certaine ascension sociale pouvait exister dans les sociétés d'Ancien Régime. Bien plus facilement que dans l'Antiquité.
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Mais ces petits éléments de réflexion sont un bon prétexte à débat duquel tout le monde - en tout cas moi - tirera de positif. J'oubliais, Spartacus et ses acolytes ne concevait-il pas l'idée de liberté ?
Bien à vous.
Je serais bien incapable de vous répondre pour Spartacus, mais quelle que soit l'idée que l'on se fait de la liberté, du moins au début de l'époque contemporaine, il s'agit de liberté pour le groupe que l'on représente. Après tout, les pères fondateurs de l'Amérique ont fondé leur nation sur l'idée même de liberté. Pour eux. Pas tellement pour les esclaves, les indiens, etc...
Il ne faut surtout pas supputer que l'idée de liberté, même présente, était identique à celle que l'on connaît aujourd'hui et qui se veut un objectif universel.