Barak Obamo a écrit :
Pédro a écrit :
Quand les Français et les Anglais réfléchissent à une gradation humaine en fonction des ethnies de leurs Empires, les Allemands le font avec les populations de l'Europe. Cela me semble difficile à écarter d'un revers de manche.
Notez que le "revers de manche" consiste ici systématiquement en une explication un temps soit peu développée. J'ai vu pire comme "revers de manche".Vous mettez trop systématiquement Anglais et Français dans le même sac. Le racisme anglais n'est pas uniquement porté sur l'extérieur, sur les colonisés, mais également au sein même de la société anglaise, dans laquelle s'établit des hiérarchies très strictes, et un rejet total des classes populaires par les élites, ce que l'on pourrait qualifier de "racisme social". Ce "racisme social" n'est pas aussi virulent en France. De même, la possession de colonies (africaines en l'occurrence) n'induit pas les mêmes schémas de pensée, en tout pas à l'identique. Je crois que la nuance est nécessaire.
Par ailleurs, je persiste à croire que l'absence d'empire colonial digne de ce nom n'est pas l'explication de ce racisme biologique qu'avance Poliakov. Une raison seconde, peut-être, mais j'attends que vous alliez plus loin dans votre idée, car si elle est séduisante j'en conviens
, elle manque de "ciment".
Vous avez raison ; j'ai quelque idée de ce qui s'est fait outre Manche puisque j'ai un peu creusé les questions de concours, mais du coté de la France j'avoue sans peine être bien moins à l'aise. J'ai bien en tête que les Anglais aient conscientisé le rejet des défavorisés (rôle de la mentalité libérale?) et de ses voisins immédiats (notamment les Irlandais, vécus comme une plaie) mais justement, cela me semble tout à fait répondre tant à l'athropométrie qu'à la naissance de l'eugénisme.
Dans le colonialisme comme élément amenant à une conceptualisation divergente de la pensée raciale je crois qu'elle s'est conjugué aux recherches d'alors sur les origines de l'homme et sans doute d'autres éléments qui m'échappent. Confronté aux populations africaines aux structures sociales très éclatées le regard de supériorité des occidentaux s'est exprimé rapidement notamment autour du concept de sauvage. La question tourne donc autour de la supériorité de la civilisation et de l'infériorité diamétrale des colonisés. Les "recherches" se portèrent donc sur l'étude de ces peuples pour expliquer ce qui est interprété comme un dénuement, une carence, un état de retard tel qu'il doit être trouvé dans les particularismes de ces populations. Ils vont donc réaliser des arbres généalogiques par exemple de l'espèce humaine en situant les noirs à un état intermédiaire entre singe et humain. C'est dans ce domaine que s'exprime ce racisme scientifique. Mais pour le ciment j'avoue avoir un certain manque de matériaux...
C'est terrible mais comme je le disais plus haut, je ne me suis jamais plongé dans ce domaine alors que j'en ai envi depuis déjà un bon moment... J'ai par exemple un ouvrage qui recoupe cette thématique ; Kabyles, Arabes, Français, identités coloniales de Patricia M.E. Lorcin que je n'ai toujours pas lu... Ce que je sais en tout cas autour de ce livre c'est qu'il met le doigt sur un aspect important de l'apparence physique comme facteur de définition de la hiérarchie ethnique ; ainsi le Kabyle est perçu comme plus proche de l'occidental au niveau physique, de même qu'au niveau du comportement sociétal puisqu'ils sont agriculteurs sédentaires...