dédé a écrit :
Les propos (vrais ou supposés ?) de Malraux sur le siècle qui "sera religieux ou ne sera pas" (comment un siècle peut-il ne pas être ?)
Le livre d'un ministre actuel prétendant revenir sur la loi de 1905 ?
L'enjeu religieux dans l'élection américaine ?
J'ignore tout du contexte de la citation de Malraux, mais la première fois que je l'ai entendue, je l'ai interprétée de cette façon : le monde dans lequel vivait Malraux, avec la guerre froide, courrait à sa perte. Deux grandes puissances se menaçaient mutuellement avec la capacité de rayer toute vie humaine de la Terre. Cette menace de guerre atomique semble écartée. Mais nous ne sommes guères mieux lotis, puisque aujourd'hui, les inégalités mondiales croissantes et les menaces pesant sur l'environnement mettent également en danger l'avenir de l'humanité.
Là où les idéologies et le matérialisme menacent l'homme, ce qui peut le sauver est ce qui redonnera sa place légitime à l'homme, ce qui s'opposera à la logique monétaire et aux extrémismes politiques (et maintenant religieux, mais à l'époque de Malraux c'étaient le communisme et le nazisme, des idéologies athées, qui faisaient peur), c'est la spiritualité. Spiritualité religieuse, ou humaniste (terme que je préfère car bien moins restrictif).
Peut-être que je me plante et que Malraux ne voulait pas dire cela. Peut-être avait-il prédit ce retour en force de l'extrémisme religieux auquel on assiste - et le "ou ne sera pas" reflétant la possibilité que l'humanité soit détruite dans une guerre USA URSS avant de voir arriver ce siècle.
Citer :
Doit-on, si on n'est pas croyant, être effrayé par tout ça ?
Je pense que croyant ou non-croyant, quiconque étant humaniste a de quoi être effrayé (par les extrémismes religieux) tout comme avoir de l'espoir de voir plus de tolérance entre athées et croyants.
Citer :
Peut-on aujourd'hui ne pas être croyant, sans pour autant être un parfait abruti matérialiste ?
Peut-on ne pas être croyant, mais partager certaines valeurs (notions de bien et de mal, par exemple) avec certaines religions?
Peut-on prétendre au respect de ces valeurs, dans un cadre démocratique, sans redonner (ou laisser) le pouvoir aux églises? En gros, peut-on prendre le fond, la philosophie, de certaines religion, tout en écartant vigoureusement et définitivement les églises (de toutes obédiences) du pouvoir?
C'est pour moi assez évident. Une religion est un grand tout. On y trouve une philosophie, des superstitions, un ensemble de lois, de traditions... On peut prendre la philosophie sans le reste. Regardez la déclaration des droits de l'homme. Elle est imprégnée de philosophie chrétienne, mais nulle part il n'y est mentionné une quelconque croyance dans cette religion.
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Parce que la quasi totalité de l'humanité croit à quelque chose qu'il faut bien appeler Dieu, sans jamais prouver son existence, ceux qui n'y croient pas devraient, eux, prouver sa non-existence ? c'est un comble.
L'athéisme, le vrai, n'est pas l'absence de croyance en Dieu (ce serait plutôt de l'indifférence, bien que la plupart des non croyants en Dieu se prétendent athées), mais la croyance en l'inexistence de Dieu.
Or, si la croyance en son existence se trouve une auto-justification (Dieu existe, il me demande de croire en lui sans preuve, donc j'y crois), l'athéisme ne bénéficie pas de se type de raisonnement. Rien ne justifie pour l'athée la croyance (en l'inexistence de Dieu) sans preuve. C'est donc une position bien plus précaire. Cela n'empêche pas l'existence des athées, certain ayant fait le choix de croire en l'inexistence après une longue reflexion, d'autres se trouvant des "preuves" (très bidon, ces preuves ne sont jamais que des preuves de l'inexistence du Dieu qu'il se sont imaginé, pas de n'importe quel Dieu), d'autres croyant aveuglément parce qu'on leur a dit que Dieu n'existait, alors c'est forcément vrai (ce sont les plus courant - dans une société telle que la société française, très athée, l'inexistence de Dieu est un fait tellement acquis que quand on parle religion, celui disant croire en Dieu prend immédiatement des remarques du style "C'est n'importe quoi ! Comment tu peux croire dans un truc qui existe pas !" - du moins dans les milieux que j'ai fréquenté. Je suppose que c'est l'inverse aux USA, où l'idée courante est que Dieu existe, l'athée de ce pays a donc forcément réfléchi à son athéisme alors que le croyant, lui, est sans doute souvent croyant sans y avoir réfléchi).