Ben moi, je trouve la question très mal formulée. Parce qu'on a toujours cru dans le "progrès" et qu'il y a toujours eu des opposants à ce "progrès". D'ailleurs plutôt que "le", il faudrait plutôt écrire "les". J'ai lu dernièrement la critique d'un livre qui traite de la question.
Très bien documenté. Effectivement, il ne nous reste que les traces des oppositions écrites ou dont on a une relation écrite. Et l'opposition aux progrès s'est manifestée de tous temps et dans tous les milieux. D'après l'auteur, c'est souvent une contestation sociale contre les modifications qu'elle entrainera dans la société de l'époque.
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La modernisation industrielle et technique a suscité la critique dès son origine. Loin d'être confinée à un ensemble d'hurluberlus grincheux, effrayés par toute nouveauté, cette critique a pris des formes diverses que l'historien François Jarrige nous raconte dans un livre tout à fait fascinant. Mêlant histoire des machines, analyse économique, politique, littérature et cinéma, avec une érudition sans pareille, il nous entraîne dans son récit qui démarre dès le XVIIIe siècle.
Machinisme et catastrophisme
Jean-Jacques Rousseau décrit les ravages des techniques industrielles naissantes qu'il considère comme un symbole de vanité à l'égal du luxe. En 1840, l'historien Jules Michelet dénonce ce "machinisme", le mot est de lui, déjà contesté sur le terrain par des révoltes populaires, dont celle du célèbre Ned Ludd qui aurait brisé la machine à tisser de son maître, ouvrant la voie aux émeutes de 1811-1812 en Angleterre. Ces ouvriers ne refusent pas les machines et la mécanisation, mais les nouvelles méthodes qui privilégient le travail déqualifié.
Au cours du XIXe siècle, la critique commence à porter sur les catastrophes que provoquent les machines et les nouveaux risques liés aux accidents, aux effets négatifs de l'industrialisation sur la santé et, déjà, aux dégâts qu'elle provoque sur les milieux naturels. Les machines à vapeur et le gaz d'éclairage dans les espaces urbains font débat. Charles Fourier, s'appuyant sur les dérèglements du climat, dénonce dans un texte de 1822 le "déclin de la santé du globe".
Chez les économistes, Jean de Sismondi reconnaît que le progrès technique permet de rendre le travail plus productif, mais il est également source d'un avilissement de la force de travail, d'un accroissement des risques de surproduction et des souffrances sociales. Dans la première édition parue en 1817 de ses Principes de l'économie politique, David Ricardo souligne les bienfaits des machines, dont l'introduction permet de lutter contre les rendements décroissants. Mais dans la troisième édition de 1821, il insiste sur les effets pervers de court terme qu'elles peuvent avoir sur la classe ouvrière.
A certains moments, le rapport de force semble changer. Mais, à aucune période on n'a pu durablement s'opposer au progrès. Aucune ? Peut-être la Chine ou le Japon à l'époque où ils se ferment. Et encore, les historiens modernes relativisent de plus en plus l'impact de cet immobilisme. Ces sociétés ont quand même évoluées, moins vite qu'aux époques précédentes, mais l'immobilisme total est une vue de l'esprit.
En fait, il n'y a pas un moment où serait née cette "croyance" dans le progrès, comme il n'y a pas un moment ou serait née une opposition à la toute puissance de cette croyance dans le progrès. Je sais, de nos jours de nombreuses personnes se croient obligées de prétendre que durant les 30 glorieuses on avait foi dans le progrès. Consultez des archives et vous verrez que ce progrès faisait autant peur à l'époque qu'il fait peur aujourd'hui et pour les mêmes raisons peu ou prou.