Lordblackadder a écrit :
Certes, le gros des révolutionnaires allemand a été mis au pas.
En fait, c'est avec la mise au pas de la "Rote Ruhrarmee" en avril 1920 que les tentatives de soulèvement communiste cessent en Allemagne (après avoir déjà été décisivement et brutalement réprimées entre janvier et août 1919 pour ce qui est de celles visant à instaurer des républiques soviétiques autonomes ou la sécession du Reich).
Lordblackadder a écrit :
Mais le parti communiste restera fort en Allemagne jusqu'en 1933...
Si j'analyse bien les choses, la KPD est au plus bas en 1920. Elle n'a plus la capacité à peser par des soulèvements armés ou des grèves massifs. Et électoralement, elle ne pèse rien (2,1% aux législatives de juin 1920, soit quatre députés).
Elle remonte la pente par la suite (12,6% aux législatives de mai 1924, représentant 62 députés ; 10,6% à celles de mai 1928, avec 54 députés ; 13,1% à celles de septembre 1930, avec 77 députés ; 16,9% à celles de novembre 1932, avec cent députés), mais parce qu'elle ingère l'USPD entre la fin de 1920 et 1922 ; et surtout parce qu'elle siphonne la SPD, décrédibilisée par les insuccès de Weimar, le Diktat de Versailles, le marasme puis la crise économiques...
C'est donc un procédé relativement long, tout comme celui qui voit la montée en puissance de la NSDAP, sur une dizaine d'années. Mais en 1920, quand la jeune armée polonaise lutte pour la survie de son Etat contre l'Armée rouge, les communistes allemands ont été laminés dans toute l'Allemagne et ne représentent plus qu'une force en devenir.
Lordblackadder a écrit :
Je ne sais pas si l'approche d'une armée rouge victorieuse n'aura pas eu remobiliser les troupes.
C'est possible, mais il n'y avait plus grand chose à mobiliser après les nombreux échecs enregistrés en 1919 et au début de 1920.
Lordblackadder a écrit :
Surtout qu'en 1920 la République Weimar est encore très faible.
Institutionnellement, elle est fragile du fait de sa naissance compliquée et de sa légitimité controversée. Mais elle bénéficie d'appuis bien plus solides qu'en novembre 1918, et notamment le soutien même relatif des militaires lui évite de se sentir menacée par une réaction monarchiste trop virulente (même si le putsch Kapp-Lüttwitz montre bien l'ambivalence de certains milieux militaires). Elle aurait donc pu agréger les tenants de la lutte à outrance contre l'invasion soviétique alors même que l'"ennemi intérieur" avait déjà été lourdement vaincu en 1919-1920.
Lordblackadder a écrit :
Si les Soviets avaient vaincu à Varsovie, je pense que le visage de l'Europe aurait pu être différent.
J'en suis moi aussi convaincu, mais à mon sens pas parce que l'Armée rouge n'aurait fait qu'une bouchée de l'Allemagne après avoir bivouaqué dans Varsovie... Plutôt parce que la donne géopolitique en Europe orientale aurait été profondément modifiée, avec - qui sait ? - la possibilité que les puissances de Versailles se décident à un réarmement partiel de l'Allemagne (comme en 1954-1955).
Ce n'est bien sûr qu'un avis personnel, motivé par mes nombreuses lectures sur le sujet de la réaction anti-soviétique en Allemagne en 1918-1920, et je serais heureux qu'on y apporte la contradiction.
CNE EMB