Disons que de toutes façons, il n'y a pas de plus grande prétention que de croire "penser par soi-même". C'est en tous cas l'un des enseignements de l'histoire des idées, n'est-ce pas ? ;)
Maintenant, ce que vous présentez est, je crois, plutôt ce que pense Zunkir,
au fond ;) Pour ma part, disons que j'étends cela à l'universel : Si déterminisme des idées il y a (et il faudrait aussi discuter jusqu'à quel degré, parce qu'on
peut choisir de servir tel dieu ou tel autre -mais on peut aussi les laisser choisir à notre place), je pense qu'il s'agit d'un déterminisme non pas culturaliste, ou pas seulement, mais même universaliste, disons "une sorte de" déterminisme de l'espèce.
Mais oui, rien que ça ! ;)
Par exemple, et pour y revenir, je pense donc que les "Droits-de-l'Homme" en tant que le slogan politique que pointe Zunkir, est effectivement l'énoncé d'une de ces théories dont je parle, issue de la culture occidentale.
Pourtant, à mon sens, elle n'est jamais, par ailleurs, qu'une reformulation historiquement et culturellement située, certes, mais de principes qui, eux, sont intemporels et universels. Et qui expriment simplement le fait que tout peuple a toujours préféré vivre, et préfèrera toujours vivre, autant que possible, dans des conditions de justice sociale plutôt que l'inverse. Et quiconque voudrait démontrer qu'il y a ou qu'il y a eu, des peuples qui ont voulu, souhaité, recherché d'eux-mêmes, vivre dans des conditions d'injustice et d'inégalités, celui-là aurait bien du boulot !
Par conséquent, et
dans cette acception du terme, oui, les Droits de l'Homme sont universels.
D'ailleurs, je réfléchissais au problème que posait Zunkir, qui est tout de même une vraie objection à cet énoncé, je ne le nie pas, à savoir : Au nom de quoi peut-on prétendre
imposer un droit à d'autres Etats ? Parce que les principes, c'est bien beau, et c'est même peut-être vrai, mais le
droit, c'est bien une formulation culturellement et historiquement située. Je crois que c'est bien cela, Zunkir, que vous disiez en substance, n'est-ce pas ?
Or, je pense avoir compris ce sur que quoi je butais. Votre objection se place en effet dans le cadre des relations internationales, disons les relations entre états. Or, s'il existe justement un type de droit qui pose fondamentalement problème, c'est bien le jus gentium. En fait, le débat a très longtemps tourné autour de la question : "Le jus gentium est-il un droit", pour la bonne raison qu'un droit n'existe que tant qu'il est garanti par une autorité juste, et que cette autorité n'existait tout simplement pas avant la SDN.
Or, aujourd'hui, cette autorité existe. Il est donc formellement possible d'envisager un droit international -qui, à vrai dire, est déjà en train de se constituer depuis longtemps. La question devient alors : Sur quels
principes ce droit doit-il se constituer ? Qu'est-ce qui doit orienter son élaboration ? Et les seuls principes légitimes pour envisager la constitution d'un droit international ne sont-ils pas forcément des principes universels ?
Bon, cela fait sans doute bizarre de lire l'ONU érigée en instance légitime des principes d'égalité et de justice (même moi, ça me choque limite !
) mais ce n'est pas tout à fait cela : Même l'ONU n'échappe pas à la revendication à l'égalité et à la justice. Au nom de quoi certains pays réclament-ils un siège au Conseil Permanent, si ce n'est, d'une manière ou d'une autre, au nom de ces principes ?