J'ai relu cette discussion, et quelques autres où les utopies sont évoquées. (au passage, dommage d'en avoir parlé dans un débat sur l'anarchisme, strictement rien à voir)
Il est remarquable que les intervenants d'aujourd'hui de PH fassent les mêmes objections entendues de tous temps par les utopistes.
J'essaie de résumer.
(voir l'article de François Espagne
http://cocomagnanville.over-blog.com/ar ... 53516.html)
Quelque part entre les "capitalistes" (avec tous les guillemets utiles, pour résumer) et les "marxistes" (idem), des gens (Fourrier, Buchez, Godin, Saint-Simon et Prosper Enfantin, Robert Owen en Angleterre, plus tard Marcel Barbu ou Yves Régis, François Espagne ) ont échafaudé, et pour certains expérimenté, des théories socioéconomiques assez variées, mais qui ont de solides bases communes :
a- le marché est un fait, pas une théorie. ==> les marxistes bondissent
b- le fait de construire des outils de travail est nécessaire, et puisqu'il faut bien payer les gens qui réalisent cet outil, il faut bien un financement (appelons le capital, pourquoi pas) ==> les marxistes s'étranglent
c- mais ce capital constitué collectivement par les travailleurs n'a pas à être rémunéré, d'une part, et ne doit pas donner de pouvoir, d'autre part. ==> là, ce sont les capitalistes et les lecteurs de PH qui frisent l'apoplexie. Pourtant, les statuts des Scop et autres entités de l'économie sociale appliquent deux principes qui vont dans ce sens :
- la règle "un homme (ou femme) - une voix"
- le bénéfice constitue une réserve indivisible destinée à investir. Cette réserve est collective, mais chacun n'en possède pas une partie.
d- la bonne structure (dimension) de décision économique n'est pas l'état, mais la communauté à taille humaine ==> utopie, mon brave !
Et qu'entend-on comme objections ?
Oui mais vous ne changez pas le monde, vous êtes dans le système capitaliste. Réponse : Oui, bien sûr, puisque notre "dimension" est celle de la communauté, pas celle du monde
Oui mais les problèmes de financements (puisque non rémunéré) des activités industrielles. Réponse : Oui, c'est un problème, et les coopératives essaient de mettre en place des systèmes de collecte de l'épargne populaire, peu ou pas rémunérée. Voir Godin (l'épargne des coopérateurs et de leurs proches était placée dans le phalanstère) Voir depuis 60 ans Mondragon, Voir aujourd'hui les SCIC de collecte d'épargne populaire.
Bref, c'est un système qui a délibérément, à la base, des ambitions limitées. Et la seule objection qu'on lui trouve, finalement, est qu'il ait des ambitions limitées.