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Le "libéralisme" -ou le neo-libéralisme comme dit Tonnerre -nous sommes d'accord avec la distinction à faire, mais quant à moi, je n'aime pas trop le terme "neo-libéralisme",
Il y aussi hyperlibéralisme, ou ultralibéralisme; ultra au sens d'aller outre, comme outrepasser, mot qui correspond bien à la chose ...
Il est en tout cas important de faire la distinction, car beaucoup considèrent que le néolibéralisme constitue, sous certains aspects, une attaque frontale contre les principes fondamentaux du libéralisme.
Plusieurs pères fondateurs de la pensée libérale sont parfaitement clairs à ce sujet: l'Etat existe pour protéger les droits fondamentaux des citoyens, et inversement ces droits fondamentaux ne sauraient exister sans la protection de l'Etat.
John Locke écrit que dans une société libérale, personne ne doit "nuire à la vie, à la santé, à la liberté ou aux biens d'autrui".
Donc lorsqu'un Etat affaibli et/ou corrompu laisse des industriels pollueurs empoisonner l'environnement, des compagnies manipuler artificiellement à la hausse le prix de certaines matières premières ou services, conclure des ententes frauduleuses dans ce même but, ou des HMOs facturer des couvertures médicales non fiables à des prix exhorbitants, ce n'est pas une conséquence inévitable du libéralisme, c'est en fait une claire violation de ses principes. Comme dit plus haut, ces penseurs libéraux n'ont jamais dit que la société libérale idéale devait ressembler à une caverne de voleurs.
Un autre père fondateur, John Stuart Mill, dit à peu près la même chose: "la seule raison pour laquelle le pouvoir peut être légitimement utilisé contre la volonté d'un individu est pour empêcher qu'il puisse nuire aux autres". Il dit bien "empêcher" (prevent), ce qui implique la notion de régulation préventive.
Il y a une notion centrale dans l'idéologie libérale classique, c'est que la liberté des uns doit s'arrêter où commence celle des autres; or le néolibéralisme dit au contraire que la liberté de
certains (économiquement très favorisés) ne doit pas s'arrêter où commence celle des autres.
Les théoriciens néo-libéraux qui ont voulu rendre l'Etat impuissant pour que les élites économiques aient les mains totalement libres dans leur recherche de profits ("un Etat tellement rétréci qu'on pourrait le noyer dans une baignoire") pourraient donc être appellés plus justement des antilibéraux.