Diablophil, vous avez raison. J'aurais du dire : "...la politique d'un pays démocratique doit reposer sur..." etc. Vous avez parfaitement raison de me reprendre -ici- car j'ai peché par mangue de rigueur, en passant d'un raisonnement normatif a un raisonnement sociologique.
Ca me permet toutefois de vous dire que c'est bien la raison pour laquelle on ne peut être démocrate par pragmatisme, puisque la démocratie constitue toujours un devenir.
En revanche, vous aurez sans doute noté, puisque vous avez quelques notions de philo politique que, mine de rien, j'ai paraphrasé la définition kantienne de la démocratie, celle qui fonde les catégories, toujours actuelles, de la démocratie
libérale. Au passage, a l'egard de ceux qui se disent démocrates
et libéraux, sans trop savoir de quoi ils parlent
Narduccio, je me suis dit apres coup que mon post était un peu violent. Merci de l'avoir traité avec le détachement qu'il mérite.
Toutefois, votre réponse dit "il n'y a pas de pouvoir scientifique". Je vais essayer de vous repondre aussi succintement que possible, et je pense qu'il n'est pas inapproprié de le faire ici, puisqu'il est possible que cette question sous-tende une bonne partie des controverses a propos de l'écologie -sur le plan idéologique, donc.
Je vais tenter de vous montrer que le fait que vous releviez mon hypostase est légitime : Il y a une
communauté d'acteurs scientifiques, qui ne constituent pas un groupe social homogène.
En revanche, il y a bien
UN discours scientifique.
Vous avez vous-même écrit tout récemment dans un autre topic : "Je ne m'intéresse pas au "pourquoi", je ne m'intéresse qu'au "comment"". Et disant cela, vous avez résumé tout le credo de la science contemporaine. Je ne vais pas vous ennuyer a dresser une liste des ouvrages d'épistémologie qui reprennent quasiment mot pour mot cette proposition, vous en connaissez sans doute autant que moi.
Cette proposition, a elle toute seule, cette petite phrase anodine, est un monceau de problèmes et masque d'ailleurs une histoire de débats acharnés que la science semble avoir presque tranché aujourd'hui : L'histoire des idées et des sciences le démontre, la science a progressé à partir du moment ou elle a abandonné la question du pourquoi, des causes et des finalités, pour la question du comment, la question des moyens. Ce que Diablophil, par exemple, traduit a sa maniere par le "risque".
Or, Narduccio, ainsi que je le rappelais en apparté, la question des finalités, c'est la question éthique par excellence. Ne pas se demander "pourquoi", c'est renoncer a se poser les questions
vraiment éthiques.
Mais ca tombe bien, parce qu'à la suite de cette fameuse proposition du "seul compte le comment", vient une autre proposition qui est : "Le scientifique n'est pas responsable de l'utilisation de ses découvertes". Autrement dit : Non seulement le scientifique n'a pas a interroger lui-même la finalité de ses recherches, mais de plus, il ne peut même pas en être considéré comme responsable après coup.
Le système est quand même bien huilé, non ? ;) Sur le plan idéologique, s'entend, parce que, Narduccio, ce dont je parle ici, c'est bien d'idéologie ;)
Alors, pour vous répondre, maintenant. Personnellement, j'ai déjà dit qu'il me semblait absurde de considérer que Marx était responsable des goulags, ou que le Christ et ses apotres évangélistes étaient responsables des guerres et massacres perpétrés plus ou moins en leur nom depuis 20 siècles. Donc, personnellement, soyons cohérents, j'accepte l'idée que le scientifique n'est pas responsable de sa découverte.
(Au passage, il faut préciser que les "bonnes" découvertes scientifiques, on a plutot tendance a se les arracher. Le problème se pose bien tendu surtout pour les "mauvaises", mais était-il bien nécessaire de le préciser ?)
Quoiqu'il en soit , disons donc : Le scientifique n'est pas responsable de l'utilisation de la science.
Mais : Prenons la proposition au sérieux. Si ce n'est pas le scientifique qui est responsable de la science, alors
qui ? Mmmh ? Les questions d'écologie, par exemple ? C'est qui le responsable ?
Les industries, les entreprises, le secteur privé, disons : l'économie ? Mais c'est que, comme vous le savez, pour les entreprises, les questions écologiques sont un cout ; voila qui clot à peu près le débat.
Quoique, on pourra sans doute m'objecter qu'il peut y avoir un bénéfice secondaire à se présenter comme une entreprise citoyenne et responsable. Mais vous savez comme moi ce que vaut cet argument, du moins dans quelles limites.
Le politique ? Mais les questions écologiques sont aussi des questions énergétiques ! Et des questions économiques (cf plus haut).
Euh... qui d'autre : Le Religieux ? Non. La Justice ? En cas de catastrophe éventuellement, et encore, on connait la lenteur de la justice dans ces cas, les questions administratives que cela pose, les problèmes de juridiction nationale et internationale, et j'en passe etc.etc.
Alors qui ?
Et bien il ne reste plus que la société civile. Les mêmes qui, justement, n'y connaissent rien. Et ceux qui, d'ailleurs, en peuvent le moins.
Ce que je veux dire, Narduccio, et comprenez-moi bien, ce n'est pas précisément a vous que je m'adresse, bien entendu. C'est qu'on ne peut pas dire d'un côté : "La science n'a pas a s'occuper d'éthique, on n'est pas responsable, c'est pas nous". Et de l'autre coté dire : "Mais regardez ces mouvements écologistes, ils y connaissent rien, c'est déplorable, ils font tout de travers."
Ah oui ! si la communauté scientifique voulait bien commencer a reconnaitre, et assumer,
qu'elle a une responsabilité sociale, et une
grande responsabilité, vis-a-vis de ses contemporains et des générations futures, ah oui ! tout le monde en serait bien heureux ! Parce que les technosciences ont un impact direct, constant, déterminant, dans notre vie de chaque instant !
Mais ca n'est pas le cas.
Parce que la communauté scientifique a décidé qu'elle devait, elle aussi, être dirigée par des considérations purement
utilitaristes : Seule compte la question des moyens, la question du "comment" !
Si vous m'avez lu jusque là, je vous félicite de votre patience