Luca a écrit :
Florian a écrit :
Citer :
Une religion (je sais que la plupart récusent ce terme) qui se veut sans divinité mais basée sur la morale ça me parait putôt malsain et sectaire dans le sens groupusculaire du terme.
La FM n'est pas une religion mais une société de pensée. De plus, elle ne se veut pas "sans divinité", on peut être croyant et maçon, c'est même obligatoire pour intégrer la Grande Loge Nationale de France.
alors pourquoi sont ils excommuniés? :roll:
Ayant passé 2 ans sur une thèse intitulée "les sectes chrétiennes au XVIIIè siècle" (de fait : les groupes maçonniques), je vous livre une partie de mes recherches :
La tradition maçonnique opérative et spéculative jusqu'au XlXème siècle a toujours manifesté la plus parfaite intégration dans la société et le respect le plus grand envers l'Eglise, et cela d'autant plus que les instances maçonniques opératives affirment et réaffirment au cours du temps le caractère chrétien de la vénérable Fraternité.
Le statut des tailleurs de pierre de Ratisbonne, datant de 1459 et publié en 1844, comporte 52 articles, débutant par ces termes: "Au nom du Père, du Fils, du Saint-Esprit, de la bienheureuse Vierge Marie, comme aussi de ses Bienheureux Serviteurs les
Quatre Saints couronnés, à leur mémoire éternelle"; le document se termine par cesmots: "Que leurs coeurs (des maîtres et artisans) soient émus de reconnaissance chrétienne afin de promouvoir le service divin, et de gagner ainsi le salut de leur âme."
Quant à la maçonnerie spéculative, on sait que les Constitutions Roberts de 1722commencent par une invocation à la Sainte Trinité. Les Constitutions d'Anderson, on lesait, ont une tonalité moins catholique et plus déiste; mais le maçon ne deviendra jamais un "athée stupide ou un libertin irréligieux." Dans l'édition de 1738, le sentiment religieux est plus nettement affirmé, et le mot Dieu revient à plusieurs reprises. ll n'est donc pas étonnant que, depuis la seconde moitié du XVllème siècle, la
maçonnerie attire à elle non seulement la petite noblesse et les bourgeois, mais aussi un grand nombre de prêtres et de pasteurs.
L'attitude de la maçonnerie face au pouvoir civil est également très claire; on lit dans les Old Charges de 1693: "Un maçon est un paisible sujet des puissances civiles, en quelqu'endroit qu'il réside ou travaille. Jamais il ne trempe dans les complots et
conspirations contraire à la Paix et au bien de la Nation." Pourtant, plusieurs élémentsvont faire de la Maçonnerie l'objet de surveillance étroite de la part du pouvoir politique, puis de poursuites, et enfin de condamnation formelle et renouvelée par plusieurs bullespontificales.
Tout d'abord, une confraternité unissant ses membres de façon aussi étroite dans l'entraide et la solidarité échappe de ce fait en partie au pouvoir civil, et apparaît a priori comme un danger potentiel de conspiration, quelles que soient les assurances fournies.
Par ailleurs, aussi bien le pouvoir temporel que religieux va se focaliser jusqu'à l'obsession sur le secret maçonnique: Que se disent-ils donc, que font-ils donc qui puisse exiger des membres un secret aussi absolu? On comprend bien, de l'intérieur,
que personne ne puisse fournir de réponse satisfaisante ! Deux autres éléments vont jouer un rôle important. Le premier est politique: les Stuarts réfugiés sur le continent utilisent les Loges qu'ils fondent comme ferment de conspiration contre la dynastie protestante d'Angleterre, laquelle exercera des pressions, notamment sur le Vatican, bien que les Loges jacobites soient catholiques.
Le second élément est d'ordre religieux: La Maçonnerie accueillant des hommes de toute religion, et travaillant sous le sceau du secret, elle paraît constituer pour l'Eglise Catholique un danger spirituel grave. - C'est ainsi qu'en 1737, la loge jacobite de Rome est fermée brutalement par les autorités pontificales. Et le 4 avril 1738, le pape Clément Xll, âgé de 86 ans, prononce la
bulle 'In Eminenti .' les francs-maçons sont suspectés d'hérésie et excommuniés. La bulle indique aussi un second motif, non précisé: "Et pour d'autres motifs justes et raisonnables, de Nous connus.". On ne saura jamais lesquels. Le décret du 14 janvier
1739, pris par le Cardinal Firrao au nom du pape indique Ies sanctions temporelles: peine de mort et demolition des maisons servant aux loges. Mais il ne fut pas appliqué.
En 1751, Benoit XIV, successeur de Clement Xll, renouvelle la condamnation dans la bulle Providas. De 1751 a 1902, la Maçonnerie subira ainsi dix condamnations de la part de l'Eglise Catholique. Mais le Parlement de Paris refuse d‘enregistrer la loi
promulguée par un souverain étranger; par consequent, les Macons francais ne sont pas officiellement excommunies.
De multiples conflits inter-maçonniques conduisent a la dissolution de la Grande Loge de France en décembre 1772; elle est remplacée officiellement par le Grand Orient de France le 26 juin 1773. C'est aussi vers cette epoque que les relations se tendent entre la Maconnerie et Ies autorités catholiques de France, celles-ci refusant souvent de célébrer des messes pour des Loges ou a l'occasion de fetes maconniques.
A la veille de la Revolution, le nombre des Macons est estimé a 50.000. L'égalité en Loge est reelle, mais ne favorise nullement un bouleversement social, contrairement à ce qui est parfois affirmé par Ies adversaires ou Ies sympathisants de la Maçonnerie; ces affirmations remontent d'ai||eurs aux Monarchies européennes de l’epoque, qui vont etroitement surveiller et poursuivre dans nombre de cas Ies Loges de leur pays. ll y a eu également confusion avec la secte subversive des llluminés de Baviere. La Revolution s'est préparée non pas dans Ies Loges mais dans les nombreux clubs politiques. ll est vrai que ceux-ci ont noyauté ensuite une partie de la Maçonnerie, qui sera du reste persécutée par le pouvoir dictatorial de la jeune république.
Les Loges renaitront en 1799, mais la F.°.M.°. sera totalement infeodee au Premier Empire, puis prudente sous la Monarchie retablie. En revanche, elle penchera nettement pour la seconde république en 1848, avec un engagement politique public. Puis elle redeviendra docile sous le second Empire. Le 11 janvier 1852, Napoleon Ill publie un décret selon lequel il nommera seul le futur Grand Maitre.
En 1865, le pape Pie IX ne cache plus son hostilité croissante envers la Maconnerie; il est vrai que la notion de Grand Architecte de l'Univers commence à gener beaucoup de macons du Grand Orient, préoccupés notamment d'éducation laïque; c'est un macon, Jean Macé, qui fonde en 1866 la Ligue Francaise de l'Enseignement; l'Eglise voit lui échapper une partie de la jeunesse. A partir de 1870, le Grand Orient prend pratiquement le pouvoir,avec un fort courant de pensée rationaliste et anticlérical. Cela conduira le Convent du Grand Orient de 1877 a supprimer la mention du Grand Architecte, entrainant la vive reaction des autres puissances maconniques, qui declarent le Grand Orient "irregu|ier" et cessent toutes relations.
L'opinion publique ne connaitra desormais que les F.°.M.°. athees et anticlericaux, image qui ne fera qu'aggraver le conflit avec l'Eglise Catholique.