Ce qu'il y a de vraiment sympa et amusant sur ce fil c'est qu'on a l'impression qu'un salon du XVIIIe siècle s'est déplacé dans le temps, à la quête du statut de la femme, débarque au moyen âge, s'adresse au premier paysan venu :
- Alors ? C'était pas terrible, hein, chez vous ?
- euh… bah non, regardez ça et ça par exemple…
- Ah bon ???
C'est très drôle !
Merci à JM Labat de donner un coup de main car pour ma part je commence à être débordé ! Je tape très très lentement et les questions se complexifient. Je vais décevoir Trinity mais je n'ai rien lu sur Brigitte de Suède. Et pour ses deux dernières questions, ce sont des choses que je n'ai jamais étudiées…
Il me semble cependant que les gisants de femmes ne sont pas moins remarquables que ceux de leurs époux, en tous cas je ne l'ai pas noté en visitant St-Denis. A vérifier.
Mais je voudrais revenir sur :
Trinity a écrit :
Je suis vraiment étonnée d'apprendre que c'est au XVIIe que l'épouse aura l'obligation de prendre le nom de son mari, je pensais que cette obligation était plus ancienne que cela!
Pas si étonnant que ça, Trinity, dans la mesure où la formation des noms de famille est très récente. Je m'intéresse aussi à l'onomastique (
Onoma est un mot grec à la sonorité délicieuse, c'est si joli que ce devrait être un prénom de fille. Il y a derrière la scansion du terme l'inconnu et le mystère contenu dans le "je m'apelle…" prononcé par une jolie étrangère qu'on voit pour la première fois, toute la troublante problématique de l'identité, etc…Il y a une résonance dans ce mot d'
onoma). J'avais écris un petit texte sur la formation des noms de famille, je le publierai ici un jour.
Les patronymes représentent aussi une très bonne approche pour le moyen âge et me permettent de faire l'enchaînement sur les autres questions. Un extrait provenant d'un document fiscal de Paris en 1292.
http://www.sca.org/heraldry/laurel/names/paris.html
Je ne suis pas qualifié pour commenter les documents originaux mais il me semble impossible qu'en l'occurrence, toutes les femmes citées, désignées par leur métiers, puissent être veuves (d'autant que la mention "et sa femme" n'apparaît pas comme systématique pour les hommes). Bien que l'époque soit communautaire, l'individualisation des noms est flagrante.
J'adore :
Guérin l'Englois, vendéeur de livres
Rollant qui guarde le cheval
Tyfainne la florerresse de coiffes
Bèle-Assez de Gonesse
Baille-Hart le recouvréeur
Edeline l'Enragiée …
Ou comment un document fiscal devient un poème au moyen âge !