Bonjour,
je tombe par hasard sur ce sujet de discussion, à savoir le suicide et les formes qu'il revêt. J'ai peut-être quelques pistes de réflexion tirées de Le Suicide d'Emile Durkheim déjà cité plus haut. L'ouvrage date mais les observations sont intéressantes. On pourrrait distinguer 2 types de suicide:
- le suicide égoïste. C'est un suicide qui se pratique généralement par défaut ou manque d'intégration à un groupe social donné (Etat, famille,...). On le rencontre fréquemment dans les périodes anomiques de l'histoire, quand il ne se passe rien grosso modo, que le lien social fait défaut, un phénomène que l'on peut observer aujourd'hui dans la civilisation occidentale mais aussi chez certains jeunes japonais repliés sur eux-mêmes, les otakus par exemple (à mettre en relation évidemment avec la pression de la société japonaise). C'est un peu l'histoire du vilain petit canard qui finit mal;
- le suicide altruiste. A l'inverse du suicide égoïste, celui-ci a généralement lieu lorsque l'individu est excessivement intégré à un groupe social. C'est le cas du kamikaze (japonais ou islamiste, sans pour autant confondre les deux), du membre de secte, du héros militaire, ... Dans tous ces cas, on se suicide pour une cause supra-individuelle.
En conclusion, le suicide, dans une approche bien fonctionnaliste à la E. Durkheim, serait lié au degré d'intégration à un groupe social donné. A l'époque de cette enquête sur le suicide, la religion constituait encore un ciment important du lien social, c'est pourquoi Durkheim s'est intéressé aux statistiques sur le suicide dans les différentes religions monothéistes et confessions (Islam mis à part). Les résultats furent les suivants:
- Nbre suicides chez les protestants > Nbre de suicides chez les catholiques > Nbre de suicides chez les juifs, complété par une observation statistique assez évidente mais qui renforce l'hypothèse de départ de Durkheim établissant un lien entre intégration à un groupe et suicide:
- Nbre suicides chez célibataires > Nbre suicides chez personnes mariées;
- Nbre suidides chez hommes > Nbre suicides chez femmes;
- Nbre suicides chez personnes sans enfants > Nbre suicides chez personnes avec enfants.
Por résumer, les suicides sont nettement plus nombreux (au moment de l'enquête, je précise) chez les hommes célibataires protestants sans enfants que chez les femmes juives mariées avec enfants ou une intégration plus forte (qui ne rime absolument pas avec intégrisme) défavorise cette pratique.
Que de banalités me direz-vous, et il est vrai que la montagne sociologique accouche souvent d'une souris, cependant elle essaie de la faire avec rigueur.
_________________ Qui contrôle le passé contrôle l'avenir. George Orwell
|