Cuchlainn a écrit :
Dans "La Flûte enchantée", Papageno, lorsqu'il la découvre, admire Pamina "viel weiBer noch als Kreide", "encore plus blanche que la craie". Je ne pensais pas, avant de le lire là, que ce canon-là, en vigueur depuis le Moyen Age, avait perduré aussi tard.
Oh que si, la blancheur de la peau est un canon de beauté essentiel jusqu'au début du XXe s. Cela permettait aussi de se distinguer socialement: une femme au visage blanc n'était donc pas une travailleuse obligée de sortir et de bronzer aux champs. Tant que nous en sommes à la société d'Ancien Régime, cela ne pose guère de soucis, mais quand la civilisation des loisirs se développe et que l'on commence à se rendre en vacances à la mer, à la montagne, etc, certaines développent des stratégies pour justement bronzer le moins possible.
La céruse pour se blanchir la peau, dont le danger est connu de longue date, n'a pourtant vu son usage reculer qu'à la fin du XVIIIe s, tant l'envie d'avoir un visage très blanc, voire blafard, était forte. Cf.
ce très bon article sur la céruse en cosmétique.
Il est à noter aussi que non seulement une belle femme devait avoir la peau blanche, mais qui plus est, elle devait mettre en valeur cette blancheur. Ainsi les femmes distinguées se devaient d'utiliser une vaisselle de couleur foncée, noire si possible, afin de mieux faire ressortir la pâleur de leurs mains. Les mouches et autres fards à joues n'avaient pas d'autres utilité non plus.