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Vous m'apprenez bien des choses Tonnerre!
A votre service cher Alfred!
Ionios, je vais essayer de mieux expliquer (après Alfred) ce qui me gêne dans l'emploi de ce mot homophobie appliqué à des comportements et des cultures éloignés dans le temps.
Comme l'a rappelé Alfred, les actes homosexuels n'étaient en rien objet de réprobation dans de nombreuses civilisations anciennes (grecs, romains pour n'en citer que quelques-unes); ceci à condition que la personne considérée soit le partenaire dominant et dit "actif" dans la relation.
Si c'était le cas, loin de susciter la réprobation, les actes homosexuels étaient considérés au contraire comme des preuves de virilité qui ne pouvaient que conforter dans ce sens la réputation de leur auteur.
Ce qui était réprouvé, c'était les hommes "faits" qui avaient un comportement sexuel perçu comme féminin, qui ne respectaient pas le cahier des charges de la virilité de leur culture en "servant de femmes aux hommes", comme on l'a prétendu de César ("le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris"; entre parenthèses, cette citation a-t'elle un auteur?)
Il était également toléré (au moins en Grèce, je ne sais plus à Rome) que les jeunes gens soient les partenaires "dominés/passifs" dans des relations avec un homme plus âgé, à condition que cela leur passe, et qu'ils rentrent dans la norme virile l'âge venant.
En Grèce, ces relations entre "éraste" et "éromène" étaient vues comme préparant l'adolescent au statut d'homme grâce à la formation, à la protection et aux conseils dispensés par le partenaire plus âgé.
Et donc, ce qui était condamné, ce n'est pas l'homosexualité en soi, c'est le fait que des hommes arrivés à l'âge adulte n'acceptent pas d'assumer leur rôle viril normal, qui était d'être dominant/sexuellement actif mais aussi et surtout d'être mari et père de famille: car un homme qui restait célibataire et n'avait pas d'enfants était socialement réprouvé tandis qu'un homme marié et père de famille qui avait quelques aventures avec des jeunes gens ne l'était pas.
En bref, était honteux non pas le fait d'avoir des relations sexuelles avec une personne du même sexe, mais le fait qu'un homme ayant socialement un statut de dominant se rabaisse à se comporter en dominé (toute relation sexuelle étant vue comme un rapport dominant/dominé, les partenaires sexuels "passifs" normaux étaient nécessairement des inférieurs socialement: femmes, adolescents et/ou esclaves).
Or l'homophobie de nos jours signifie qu'une personne réprouve ou même déteste TOUS les homosexuels parce c'est le fait même d'avoir des relations sexuelles avec une personne du même sexe qu'elle juge condamnable.
Comme dans ces anciennes cultures, les relations homosexuelles n'étaient pas condamnées, et la plus grande partie de ceux qui les pratiquaient non plus, l'utilisation du mot homophobie dans un contexte historique recouvre quelques chose de complètement différent de son acception actuelle et ne peut qu'occasionner malentendus, approximations et confusions.