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Message Publié : 07 Août 2010 11:33 
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papacamayo a écrit :
Il me semble que la religion chrétienne ne voit que la fonction procréatrice du sexe non ? excluant le plaisir de la chair.. car les hommes doivent vivre plutot dans la crainte et le doute plutot que l'épanouissement et la jouissance pour etre soumise à Dieu et sa religion..enfin il me semble...


Oui, mais elle reprend des notions plus anciennes et qui existaient déjà avant son évènement.

Par exemple, il y a quelqu'un qui a dit qu'aucune société ancienne ne semble avoir une vision du sexe pleinement libérée. Il semble qu'en fait, la vision du sexe libre ne se soit épanouie que dans les communautés hippies. Et maintenant que la mode est passée, on trouve de nombreux témoignages qui montrent que ce ne fut pas aussi idyllique que certains se plaisent à l'imaginer. Il se trouve qu'on n'a pas toujours envie et que celui ou celle qui se voit refuser ce type de service se sente frustré. De plus, de nombreux témoignages montrent qu'au fil du temps, les problèmes s'accumulent et que cela entraine le démantellement de ces communautés.
Et oui, le sexe n'est pas libre dans les société parce qu'il est profondément déstabilisant pour elles. Or, les sociétés dites primitives ont souvent un statut précaire. Si un groupe de 20 personnes peut survivre en s'entraidant dans un environnement difficile, tout ce qui risque de scinder le groupe doit être mis de coté et encadré par les règles sociétales strictes.
Dans une communauté hippie "sexuellement libérée", celui qui se sent trop frustré peut quitter le groupe et revenir dans la société. Quand vous êtes entouré d'éléments hostiles : animaux, conditions météorologiques, ..., vous n'avez pas le choix, soit vous trouvez un groupe qui répond mieux à vous attente et qui vous accepte, soit vous vous fondez dans la masse.

Ces contraintes sociétales pré-éxistantes se sont retrouvées incluses dans les valeurs morales des religions actuelles. Certains tabous y ont été renforcés. Par exemple, si vous prenez la religion chrétienne, faire du mariage un sacrément a été un progrès pour les femmes. Elles savaient qu'elles ne pouvaient plus être abandonnées avec leur progénitures par le père des enfants chaque fois qu'il lui prendrait l'envie d'aller voir ailleurs. C'était un progrès formidable pour l'époque. Maintenant, avec l'évolution des mœurs, on en est venu à considérer que la femme doit pouvoir quitter son mari et que celui-ci paye sa quote-part pour l'éducation des enfants. C'est un autre progrès formidable, mais qui se trouve en butte avec ce mariage-sacrement. Il fallait "sacralisé" le mariage, c'était le seul moyen à l'époque pour obtenir un statut de la femme plus favorable. Maintenant, cette sacralisation gène l'obtention d'un statut encore plus équitable.

Mais, la société continue d'évoluer et les disparités hommes-femmes tendent à disparaitre. Du coup, ce divorce "rupture d'un contrat social fort" devient trop contraignant, de même que le mariage civil qui est la continuation du contrat civil qui était à la base du mariage sacré. Et on veut une société plus libre. Mais à quel prix ?
On commence à voir chez nous des familles monoparentales multiples. Une femme avec les divers enfants des différents compagnons qu'elle a eu dans la vie. Qui parfois a du mal à subvenir à ses besoins et à ceux de ces enfants parce que tous les pères ne payent pas leur quote-part. Ou parce que les père surveillent l'utilisation de cet argent et sa non-utilisation pour un autre enfant que le leur.
Dans, ces conditions, dans certains pays, les femmes renoncent à avoir des enfants. On atteint cette fameuse société sexuellement libre, mais la situation n'est idyllique que durant les années ou la femme est sexuellement disponible. Après, elle se retrouve seule.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 18 Août 2010 19:52 
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papacamayo a écrit :
Il me semble que la religion chrétienne ne voit que la fonction procréatrice du sexe non ? excluant le plaisir de la chair.. car les hommes doivent vivre plutot dans la crainte et le doute plutot que l'épanouissement et la jouissance pour etre soumise à Dieu et sa religion..enfin il me semble...

C'est surtout que la religion chrétienne ne tient pas à encourager les gens à considérer les autres comme des objets (ici, de plaisir) interchangeables à intervalles plus ou moins réguliers. Il ne s'agit pas tant de vivre dans la crainte que de considérer l'autre avec respect et voir en lui autre chose qu'un sac de viande s'habillant en Prada.

_________________
« Il me paraît essentiel qu'il y ait des gueux ignorants. Si vous faisiez valoir comme moi une terre et si vous aviez des charrues, vous seriez bien de mon avis ; ce n'est pas le manœuvre qu'il faut instruire, c'est le bon bourgeois. »
Voltaire, 1766.


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Message Publié : 18 Août 2010 19:57 
Eneru a écrit :
C'est surtout que la religion chrétienne ne tient pas à encourager les gens à considérer les autres comme des objets (ici, de plaisir) interchangeables à intervalles plus ou moins réguliers.


Oui et c'est surtout, de même pour l'Islam, une prohibition qui s'explique par le fait que la fonction première de la relation sexuelle doit être reproductive: on ne fait pas l'amour par plaisir, on le fait par nécessité. C'est pourquoi la fellation et la sodomie sont tant décriées. Elle ont pour seule but le plaisir du partenaire, ce qui n'est ni recommandé par l'islam ni par le christianisme.


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Message Publié : 18 Août 2010 20:42 
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Mécène a écrit :
Oui et c'est surtout, de même pour l'Islam, une prohibition qui s'explique par le fait que la fonction première de la relation sexuelle doit être reproductive: on ne fait pas l'amour par plaisir, on le fait par nécessité. C'est pourquoi la fellation et la sodomie sont tant décriées. Elle ont pour seule but le plaisir du partenaire, ce qui n'est ni recommandé par l'islam ni par le christianisme.

Je mettrais plutôt la raison sur le fait qu'il faille rester maître de son corps et de ses pulsions, qui n'apportent un plaisir que passager et superficiel. La fonction plutôt reproductive (mais sans être forcément limitée à cela non plus...) du sexe en découle donc, et non l'inverse.

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« Il me paraît essentiel qu'il y ait des gueux ignorants. Si vous faisiez valoir comme moi une terre et si vous aviez des charrues, vous seriez bien de mon avis ; ce n'est pas le manœuvre qu'il faut instruire, c'est le bon bourgeois. »
Voltaire, 1766.


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Message Publié : 18 Août 2010 21:03 
Eneru a écrit :
Mécène a écrit :
Oui et c'est surtout, de même pour l'Islam, une prohibition qui s'explique par le fait que la fonction première de la relation sexuelle doit être reproductive: on ne fait pas l'amour par plaisir, on le fait par nécessité. C'est pourquoi la fellation et la sodomie sont tant décriées. Elle ont pour seule but le plaisir du partenaire, ce qui n'est ni recommandé par l'islam ni par le christianisme.

Je mettrais plutôt la raison sur le fait qu'il faille rester maître de son corps et de ses pulsions, qui n'apportent un plaisir que passager et superficiel. La fonction plutôt reproductive (mais sans être forcément limitée à cela non plus...) du sexe en découle donc, et non l'inverse.


Dans son Histoire raisonnée de la fellation Thierry Leguay rappelle que "dans le Catéchisme du concile de Trente, publié par le pape Pie V en 1566, on peut lire que la procréation est la véritable fin pour laquelle Dieu a institué le mariage dès le commencement du monde [...] De même peut-on lire, dans le Catéchisme pour adultes, publié en 1991 par les évêques de France, que la sexualité est inséparable de cette merveille qu'est la procréation".
Pour saint Augustin aussi, "l'acte conjugal, quand il a pour but la reproduction, n'est pas un péché".


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Message Publié : 18 Août 2010 21:09 
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Jean-Pierre Vernant
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Tout à fait Eneru, cette prohibition trouve son origine dans les "sectes" philosophiques gréco-romaine qui mettent en exergue la maitrise du corps, la domination des passions...

Citer :
Dans son Histoire raisonnée de la fellation Thierry Leguay rappelle que "dans le Catéchisme du concile de Trente, publié par le pape Pie V en 1566, on peut lire que la procréation est la véritable fin pour laquelle Dieu a institué le mariage dès le commencement du monde [...] De même peut-on lire, dans le Catéchisme pour adultes, publié en 1991 par les évêques de France, que la sexualité est inséparable de cette merveille qu'est la procréation".
Pour saint Augustin aussi, "l'acte conjugal, quand il a pour but la reproduction, n'est pas un péché".


Justement, c'est ce fond philosophique gréco-romain qui sert de catalyseur à la morale chrétienne. Donc quand vous citez cette notion de sexualité/procréation nous sommes déjà dans une phase postérieure.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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Message Publié : 18 Août 2010 21:36 
Pourtant, avec le christianisme, les critères de l'illicite changent: pour l'antiquité gréco-romaine, ce n'est pas tant le sexe qui est prohibé que le rôle d'un des acteurs dans la relation sexuelle: c'est davantage lié à la différenciation de l'actif et du passif. Il y a même une autre différenciation à prendre en compte, celle du sexe: le rôle sexuel de la femme est justement reproductif, quand l'homme est libre de jouir. L'interdit concerne donc d'abord les femmes.

On rougit de jouir, d'avoir du plaisir.


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Message Publié : 18 Août 2010 22:02 
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Jean-Pierre Vernant
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Cette différenciation actif/passif ne concerne pas ce rapport au sexe précis ; c'est une contrainte plus ancienne qui règlemente les relation homosexuelles rituelles structurant semble-t-il certaines sociétés Indo-européennes (et pour Bernard Sergent sans doute une majorité). Cette règle fait de l'homme sodomisé un efféminé et donc le déprécie. Mais il n'y a aucune contrainte prohibant la sexualité en général, bien au contraire ; le bon chef de famille romain peut jouir à loisir de ses esclaves mâles ou femelles (j'emploie volontairement des vocables marquant qu'ils ne sont que des choses ; res) sans entraves d'aucune sorte.
Par contre la philosophie, stoïcienne dans un premier temps, couplée à la rigueur morale ancienne de la tradition romaine, exclu du comportement idéal de ses adeptes une sexualité débridé. Ce n'est pas une volonté souhaitant concentrer l'acte vers la seule procréation, mais comme l'a dit Eneru une façon d'affirmer sa force virile qui ne cède pas à de viles pulsion du corps. Marc Aurèle en livre de multiples exemples où il rationalise diverses choses comme le sexe ou la nourriture en en extirpant tout les aspects passionnels ; il faut être un homme sobre et tempéré, maitre absolu de soi.
Pour la femme dans le monde romain, ses frasques sexuelles ne sont en rien limité tant que son époux n'en est pas trop informé. Les exemples sont assez nombreux comme la fille d'Auguste.

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Message Publié : 18 Août 2010 23:34 
Pédro a écrit :
Cette différenciation actif/passif ne concerne pas ce rapport au sexe précis ; c'est une contrainte plus ancienne qui règlemente les relation homosexuelles


Pas uniquement les rapports homosexuels, les rapports hétérosexuels y entrent aussi. Une femme n'est-elle pas passive ? :wink:

Pédro a écrit :
Ce n'est pas une volonté souhaitant concentrer l'acte vers la seule procréation, mais comme l'a dit Eneru une façon d'affirmer sa force virile qui ne cède pas à de viles pulsion du corps.


Paul Veyne a souligné le rôle de l'actif et du passif. Un mâle est par définition actif, qu'importe donc qu'il jouisse. Il n'y a pas, à ma connaissance, de gêne et de diabolisation du sexe, pour reprendre le titre du sujet, chez les hommes romains, sauf justement lorsqu'ils adoptent un comportement passif (la sodomie par exemple). Je suis totalement d'accord sur le fait qu'il convenait de montrer sa virilité, de rester virile, mais justement, l'on y déroge pas tant que l'on reste sexuellement actif. C'est pourquoi les deux sont liés.
Mais nous sommes ici sur le cas précis des Romains. Pour ce qui est du christianisme et de ses enseignements, le seul but de la relation sexuelle est bien la procréation.

Enfin, je ne crois pas que l'on ait vraiment répondu à la question. L'auteur demande pourquoi le sexe est diabolisé. C'est une question qui touche à la morale, et en tant qu'historiens, peut-être ne sommes-nous pas les plus aptes à y répondre. C'est une question peut-être plus philosophique: pourquoi - et je terminais tout à l'heure mon message sur une phrase affirmative - rougit-on de jouir ? Il ne faut pas négliger la complexité de la question en cela que nous n'avons aujourd'hui pas le même rapport, pas la même morale, face à la sexualité, que les nombreuses générations qui nous ont précédés.


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Message Publié : 19 Août 2010 0:06 
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Jean-Pierre Vernant
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Mécène a écrit :
Paul Veyne a souligné le rôle de l'actif et du passif. Un mâle est par définition actif, qu'importe donc qu'il jouisse. Il n'y a pas, à ma connaissance, de gêne et de diabolisation du sexe, pour reprendre le titre du sujet, chez les hommes romains, sauf justement lorsqu'ils adoptent un comportement passif (la sodomie par exemple). Je suis totalement d'accord sur le fait qu'il convenait de montrer sa virilité, de rester virile, mais justement, l'on y déroge pas tant que l'on reste sexuellement actif. C'est pourquoi les deux sont liés.


A intituler comment répéter ce qui vient d'être dit. Or votre conclusion est inopérante puisque moquer un comportement efféminé dans une perspective de sociétale n'a strictement rien à voir avec la limitation de la sexualité à la procréation. Se sont deux jalons distants de plusieurs siècles dans leur mise en place ; en Grèce où l'homosexualité est encore plus présente qu'à Rome les voix s'élèvent dès les premiers temps au moins de l'âge classique afin de dénoncer les comportement homosexuels déviants, c'est à dire ceux qui dévient des conventions sociales ; à chaque éraste mûr un éromène adolescent qui n'est pas juridiquement un homme, il n'y a donc pas homosexualité. Cet acte entre dans le cas d'une probation rituelle devant amener l'enfant vers l'âge adulte ; l'existence d'homme libre donc guerrier. Les premières critiques concernent avant tout ceux qui y trouvent un goût et donc sortent du cadre de la stricte application de la norme. Les dérèglements de cet ordre que les hommes de morale romains vont critiquer correspondent également à cette aspect de la sexualité déviante à leurs yeux, à savoir ce qui sort de la stricte relation dominant/dominé. Or depuis longtemps la relation homosexuelle probatoire s'est perdue à Rome et ce ne sont que des reliquat qui subsistent. L'état dominant/dominé fait bien entendu écho au statut de la femme, auquel l'homme ne peut se soumettre sans en subir l'opprobre.

Avec la relégation de la sexualité à un rôle purement héréditaire il faut attendre la fin du IIIe siècle et un raidissement des moeurs très sensible alors que l'on en est encore au paganisme. Sous l'influence combinée apparemment des religions orientales, de l'évolution de la société et des sectes philosophiques le sexe est regardé comme un élément du plaisir inutile, une soumission de l'homme à ses bas instinct qu'il convient de contrôler. Cela va dans un sens général qui recoupe également par exemple l'apparence hiératique que doivent afficher les empereurs romains, l'exigence pour les hommes respectable d'être sobre, modéré et maitre d'eux même en toute circonstance... On le remarque très bien dans les textes d'Ammien Marcellin lorsque celui-ci évalue les qualités et défaut des empereurs et des grands personnages. A chaque fois modération, chasteté, économie... reviennent parmi les qualités comme norme obligatoire dans une société. J'ajoute qu'Ammien est un païen modéré, comprendre qu'il ne fait pas étalage de sa confession et qu'il ne critique pas vertement les chrétien sur leur inclination religieuse. Or ce comportement chaste et un probable raidissement des liberté féminines sous l'influence de l'Orient (à voir la courte entrevue de Julien et Eusébie, femme de Constance II) sont des éléments de la société du IVe siècle, époque de diffusion du christianisme. En somme la morale chrétienne est une morale de son temps. Rien de très abstrait là dedans. Par la suite que les père de l'Église aient accolé à ce fond philosophique la notion de sexualité/procréation est dans une certaine logique des choses.

Par rapport à votre question sur la jouissance, lisez Marc Aurèle ; vous y trouverez le pourquoi il ne faut pas jouir... ;)

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Message Publié : 19 Août 2010 0:32 
Citer :
votre question sur la jouissance


C'est justement cela qu'il faut étudier. Pourquoi diaboliser le sexe ? D'abord, est-il diabolisé ? Oui si l'on se réfère aux diverses réponses, oui, mais un "oui mais" comme dirait Giscard (il n'est qu'à voir la faconde de certaines personnes évoquant les choses sexuelles sur des plateaux TV par exemple). Premièrement, il faut convenir que la diabolisation, donc la condamnation, est uniquement humaine car l'homme pense. On diabolise le sexe car l'on pense, c'est pourquoi, du moins si on considère que l'animal ne pense pas, que celui-ci ne met pas de barrière au plaisir. Il n'est pas de chimpanzé pour rougir de stimuler son excitation via le toucher de son sexe.
Voilà pour la lapalissade, mais lapalissade que je vais essayer d'infirmer. Peut-être que la prohibition de certaines pratiques ou même d'une discussion touchant à la sexualité viennent de l'animalité que semble représenter la sexualité. Celle-ci montre que nous avons un point commun avec l'animal, l'instinct sexuel. Il se peut donc que la diabolisation parte d'une volonté de l'homme de se différencier de l'animal. Pourtant, nous l'avons vu avec le christianisme et Saint Augustin, on y trouve nulle prohibition de l'acte sexuel dans sa fonction procréatrice, cela s'explique surtout par la nécessité de survie de l'espèce: c'est par la reproduction que le genre humain subsiste. La reproduction étant essentielle. Passons aux autres actes, sodomie, fellation, cunnilinctus, etc. Si la reproduction est essentielle, la sodomie l'en détourne, de même que la fellation: ils ne sont pas nécessaires à la survie du genre humain. Justement, en montrant que l'homme peut contrôler sa pulsion sexuelle, en montrant qu'il ne cède pas à ces perversités, il montre qu'il se différencie de l'animal qui ne peut lutter contre son instinct.


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Message Publié : 19 Août 2010 1:36 
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Mais là dessus l'histoire est encore opérante ; la question des pratiques sexuelles dans le monde romain apporte quelques réponses. La question de la fellation est la plus abjecte pour un Romain parce qu'elle entre pleinement dans cette perspective dominant/dominé. Celui ou celle qui s'en acquitte est véritablement en dessous de toute morale et ne mérite en rien le respect. La sodomie est dans le même cas. Mais à Rome, avant le IIIe siècle et à l'exclusion des sectes philosophiques rien n'interdit de prendre du plaisir et ce de la façon que l'on souhaite.
la notion de plaisir est toute entière regardé avec suspicion lorsque les influences orientales et la philosophie stoïcienne par exemple commencent à exercer une direction des consciences suffisante et ce largement relayé par le comportement des souverains qui restent des modèles légaux en toute chose. Ce n'est pas pour rien que le christianisme connait une développement aussi soudain au IVe siècle ; il bénéficie complètement de la conversion de Constantin. Dans le cas du rejet du plaisir, il n'est guère difficile d'y trouver une origine, même si ce n'est pas la plus ancienne. La vieille morale romaine dirigée par le pater familias impose déjà comme valeur l'économie, la maitrise de ses sentiments... Se maitriser signifie avant tout ne pas se laisser aller à l'animalité, au dérèglement chaotique... En Grèce et dans la mythologie les exemples sont légions, et cela s'est transmis jusque dans les bas-reliefs, comme ceux du Parthénon avec des scènes de centoromachie ; l'homme affronte la nature irraisonnée et non maitrisée. Il semble donc que la volonté première est de ne pas se confondre avec les plus bas instinct de la bestialité, digne des barbares mais non des Grecs (puis du peuple d'Enée).
Mais au fond la question de la procréation n'est guère abordée ; la pratique sexuelle n'est pas dépréciée parce qu'elle empêche des naissances et gaspille la vie mais parce qu'elle détourne les hommes de la morale qui fait d'eux des citoyens, non des barbares ou des esclaves. D'ailleurs sur cette question de la procréation, il faut avoir en idée que les anciens ont énormément appliqué la contraception par toute une foule de moyens ce que Paul Veyne a également étudié. La réponse qui y a été apporté n'a pas été rechercher au possible une procréation "utilitaire"mais à imposer de manière étroite à tous citoyens le mariage. A coté de cela on ne trouve rien sur une prohibition de l'adultère ou de la satisfaction sexuelle auprès des esclaves.

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Message Publié : 28 Août 2010 19:44 
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Hérodote
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Inscription : 09 Jan 2009 16:21
Message(s) : 21
Mécène a écrit :
Eneru a écrit :
C'est surtout que la religion chrétienne ne tient pas à encourager les gens à considérer les autres comme des objets (ici, de plaisir) interchangeables à intervalles plus ou moins réguliers.


Oui et c'est surtout, de même pour l'Islam, une prohibition qui s'explique par le fait que la fonction première de la relation sexuelle doit être reproductive: on ne fait pas l'amour par plaisir, on le fait par nécessité. C'est pourquoi la fellation et la sodomie sont tant décriées. Elle ont pour seule but le plaisir du partenaire, ce qui n'est ni recommandé par l'islam ni par le christianisme.



En Islam les relations sexuelles pour des raisons sociales et juridiques sont encadrées par le mariage qui est un contrat et non un sacrement.
De plus il n'est absolument pas obligatoire d'avoir des relations seulement pour procréer, c'est un lien entre les époux charnel, spirituel et amoureux. Il tient une trés grande place dans le mariage musulman. Le plaisir féminin doit passer en premier car il demande plus de temps et la femme musulmane a parfaitement le droit de demander le divorce pour impotence ou refus des relations charnelles.
La sodomie est interdite effectivement car elle est considérée comme une pratique animale. La fellation n'est pas formellement interdite, d'aprés les fatwas sur lesquelles je suis tombée mettent l'accent sur l'importance de ne pas avaler la semence masculine seulement.


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Message Publié : 28 Août 2010 21:31 
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Eginhard
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Inscription : 30 Oct 2009 17:55
Message(s) : 890
sisy a écrit :
La sodomie est interdite effectivement car elle est considérée comme une pratique animale. La fellation n'est pas formellement interdite, d'aprés les fatwas sur lesquelles je suis tombée mettent l'accent sur l'importance de ne pas avaler la semence masculine seulement.


Que dit le Coran précisément sur ces 2 pratiques ?

_________________
[...] Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie
Et l'aimer même si le temps est assassin
Et emporte avec lui les rires des enfants
Et les mistrals gagnants...

Renaud, Mistral gagnant, 1985.


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Message Publié : 28 Août 2010 21:55 
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Hérodote
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Inscription : 09 Jan 2009 16:21
Message(s) : 21
Barak Obamo a écrit :
sisy a écrit :
La sodomie est interdite effectivement car elle est considérée comme une pratique animale. La fellation n'est pas formellement interdite, d'aprés les fatwas sur lesquelles je suis tombée mettent l'accent sur l'importance de ne pas avaler la semence masculine seulement.


Que dit le Coran précisément sur ces 2 pratiques ?


Sur la sodomie c'est donc l'homosexualité qui est mentionnée dans le Coran avec l'histoire du Prophète Lot (as) Il est dit : «Et Loût, quand il dit à son peuple: "Vous livrez vous à cette turpitude que nul, parmi les mondes, n' a commise avant vous? Certes, vous assouvissez vos désirs charnels avec les hommes au lieu des femmes! Vous êtes bien un peuple outrancier." » (Coran, 7 : 80-81)

{ Accomplissez-vous l'acte charnel avec les mâles de ce monde ? Et délaissez-vous les épouses que votre Seigneur a créées pour vous ? Mais vous n'êtes que des gens transgresseurs.} [ Sourate 26 – Versets 165-166

Et le Prophète Muhammad (saw) a dit « Celui qui prend (une femme qui a) ses menstrues ou une femme dans son derrière ou va chez un devin et croit en lui dans ce qu'il dit, aura certes mécru en ce qui a été révélé à Muhammad ».

Pour les pratiques sexuelles buccales (pris sur une fatwa) :

"De nombreuses personnes posent la question de savoir si les fellation et cunnilingus sont autorisés ou pas. Il y a des avis divergents à ce sujet entre les savants... Wahba az-Zuhaylî est d'avis que cela n'est pas autorisé (Al-fiqh al-islâmî wa adillatuh, tome 4 p. 2641). Pour al-Qardhâwî, en soi, le fait pour les époux de s'embrasser là où ils le veulent n'a pas été interdit par les sources musulmanes (cf. Fatâwâ mu'âsira, , tome 2 p. 353, Tahrîr ul-mar'a, Abû Chuqqa, tome 6 p. 234, où est cité l'avis de Asbagh sur le sujet). IL faut cependant souligner que la substance que les organes génitaux masculins et féminins sécrètent au moment de l'excitation (on ne parle pas de "al-manî", émis uniquement au moment de l'orgasme, mais de "al-madhî", la substance émise tout au long de l'excitation) est najis et il est donc interdit de l'avaler. Même à considérer le second des deux avis que nous avons vus, la permission ne peut donc être que dans la mesure où le partenaire ne va pas avoir recours à une façon de faire qui l'entraînerait sans qu'il s'en rende compte à absorber cette substance."

poof c'était long!!

Par contre je veux bien savoir ce que dit la Bible (Ancien et Nouveau Testament s'il y a quelque chose sur le sujet)


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