Je ne crois pas que le sujet du "rendez-vous" ait déjà été abordé ici.
On restera dans les limites du forum, pour éviter de parler de l'évolution actuelle du rendez-vous (sa disparition ?), qui mériterait une thèse de sociologie.

La façon dont on considère un rendez-vous est, selon moi, un bon indicateur de notre rapport au temps, d'une part, et à l'autre (aux autres) d'autre part. Plus exactement, indicateur de la priorité qu'on donne à notre temps par rapport à celui de l'autre.

Mais si on remonte le temps (on regarde donc l'histoire), la question du rendez-vous n'est pas simple :
- le rendez-vous suppose une échelle de temps, un calendrier, commun.
- il suppose une projection (mentale) dans le futur
- il est un engagement, soumis aux moyens matériels de son époque : si on y va en bateau à voile, il dépend du vent.
- le rendez-vous suppose soit une rencontre préalable, puis séparation, soit une communication à distance pour "prendre rendez-vous"

Ainsi, j'ai souvenir de romans (lesquels ? j'ai oublié) où le personnage attend patiemment une arrivée de bateau, dans un port.

Quels rendez-vous célèbres, réussis ou manqués, en vrai ou en littérature ?
Celui-là, bien sûr, dit par LE poète (qu'on a longuement discuté quelque part ici)

Celui de Brassens :

Celui de son ami Jacques :

Les patients attendant le docteur Knock, s'ils avaient eu rendez-vous, n'auraient pas eu l'occasion de riches discussions.

Le "rendez-vous" approximatif du colporteur-chiffonnier dont me parlait mon pépé : il arrivait comme les oies sauvages, à l'automne et au printemps.
Combien d'auberges "au rendez-vous des amis" ?

La notion de rendez-vous existe-t-elle dans l'antiquité ? La rencontre n'est-elle pas laissée au hasard ?

Sous la monarchie, prenait-on rendez-vous avec le roi, ou se présentait-on dans l'espoir d'être aperçu, puis éventuellement reçu ?

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)

Non, ça se retrouve dans les contes et anecdotes les plus anciennes. Que ce soit pour un rendez-vous galant, une affaire, des manigances politiques. Après, concernant les rencontres avec les monarques, elles sont laissées à l'avenant de celui-ci, et à ses caprices, donc parfois on pouvait attendre longtemps. Mais si l'affaire était importante et urgente, on la réglait généralement vite. Enfin, ça dépendait des personnages et des habitudes de la cour en question.

Le rendez-vous est à l'origine d'essence militaire, c'est le lieu où se concentre l'armée.

[Rendez-vous, ores que ce soit deux mots distincts, si se composent-ils ensemble. et font un mot militaire avec son article. Ainsi dient les gens de guerre, Le rendez-vous est à Lion, c'est à dire le lieu où le general de l'armée a ordonné que chacun se trouvast, en ces mots Rendez-vous là. Donques le Rendez-vous est le lieu où chacun de l'armée, ou d'une particuliere compagnie est commandé se trouver Dictionnaire de Nicot (1606)

Il évolua ensuite rapidement, puisque la premiçre édition du dictionnaire de l'académie donne les deux acceptions.




Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694)
Rendez-vous (Page 394)
Rendez-vous. s. m. v. Assignation que deux ou plusieurs personnes se donnent pour se trouver en certain temps, à certaine heure, en un lieu dont ils conviennent. Assigner, marquer un rendez vous. ils ont pris rendez-vous en tel endroit. ils se donnent tous les jours des rendez-vous pour se voir. manquer au rendez-vous. le rendez-vous general de l'armée, des troupes est en un tel lieu. l'heure du rendez-vous. j'ay un rendez-vous à telle heure.
Il se prend aussi pour le lieu où l'on se doit rendre. Je suis arrivé le premier au rendez-vous. estre regulier à se trouver au rendez-vous. une telle plaine est le rendez- vous de toutes les troupes.




A noter que le mot existe aussi en allemand, mais toujours dans un sens de rendez-vous galant (je me suis fait moquer de moi pour avoir dit que j'avais un rendez-vous chez une vieille personne, et je ne comprenais pas pourquoi tout le monde était mort de rire )

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Juste un exemple qui me vient à l'esprit.
Une forme de rendez-vous particulière, ce sont les foires du Moyen-Age.
Malgré l'incertitude des chemins et les délais de route, malgré l'éparpillement des marchands dans toute l'Europe, on savait qu'on pouvait se retrouver à telle foire, qui se tenait à telles dates. On le savait même si bien que ces échéances étaient utilisées pour des termes de paiement.

Il y a aussi une question pratique qu'en tant qu'hommes de notre époque , nous avons tendance à oublier. Dans les temps anciens comment connaissait-on l'heure, le jour ou la localisation d'un lieu ? Et même à une époque plus récente, quelle était la diffusion de la montre, du calendrier, de la carte ? Aides bien commodes pour fixer un rendez-vous.
Nos ancêtres avaient d'évidence des connaissances et des savoir-faire que nous avons perdus.

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" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "

Le rendez-vous ne peut être, à mon avis, que citadin. Le villageois, le paysan fixe t'il un rendez-vous ?

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Bonne remarque : les gens de mon village, mes parents, (et même moi-même, si je n'y prends garde) arrivent toujours à leur rendez-vous (chez le médecin, par exemple) très en avance, comme s'ils ne maitrisaient pas bien cet objet bizarre.
Les citadins, en général, le maitrisent très bien, et arrivent donc en retard.
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Autre dimension : le rendez-vous marque-t-il parfois un rapport de force ? quand le quidam prend rendez-vous chez le médecin, il est rare que le quidam ait un agenda (ça existe, bien sûr, pour les quidams importants). La secrétaire médicale, elle, a un agenda, et c'est elle qui propose une date, et l'écrit sur un petit carton ... que le quidam perdra, forcément.
On a dit ci-dessus le rendez-vous royal : le roi recevait quand Il le décidait. Monsieur de Siorac le savait bien, qui soudoyait des larbins pour se placer sur le passage du roi au bon moment, pour forcer, en quelque sorte, la volonté royale.

On connaissait le jour par la litanie des saints : les contrats de bails se passaient (ou se rompaient) à la Toussaint, en Corrèze, à la sortie de la messe (et s'exécutaient à Sainte Catherine, 25 jours après). On n'allait pas chez le comte, mais celui-ci et tous ses administrés se trouvaient là ce jour, cette heure, et cet endroit.

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)

Le villageois d'autrefois n'a pas de rendez-vous. Il y a le jour du marché, les jours de la foire à la ville d'à côté, la cloche sonne les principaux évènements de la journée. L'heure ne sera fixée officiellement en France qu'en 1910, si mes souvenirs sont bons. Auparavant, l'heure de Brest n'était pas la même que celle de Nancy.

Les rapports au temps ne sont pas les mêmes. Le rendez-vous suppose un sentiment précis du temps qui n'est assurément pas celui de nos aieux.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Oui, je savais qu'on désignait les jours de l'année par la fête du saint. Ainsi, sauf erreur de ma part on montait dans ma région vers les alpages à la saint Jean et on redescendait à la Saint Michel.Il n'empêche qu'il y a 365 jours dans l'année avec chacun un saint ou une fête. Je persiste à penser qu'ils avaient des "trucs" que nous avons perdu.
Le fait d'ignorer la lecture et l'écriture dévelopait aussi une mémoire phénoménale. Cela fait penser aux "griots" de l'Afrique noire.

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" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "

Il y a toujours des repères temporels, ne serait-ce que par rapport aux mouvements du soleil (aube, coucher du soleil, zénith). On sait à peu près se repérer dans la journée, en plus quand il y a les cloches on a des marqueurs temporels plus clairs. Après, dans les milieux urbains ou plus aisés/lettrés, on compte l'heure depuis très tôt dans le temps, grâce à différents appareils de mesure, souvent pour fixer l'activité diurne comme nocturne, et on sait se servir de ces marqueurs comme moments de rendez-vous. Par exemple en milieu monastique les heures de prière rythmaient la journée et étaient autant de moments de rencontre potentiels.

En milieu rural, le mot de rendez vous est, hors du rendez vous galant, haïssable, il traduit un assujettissement, un abaissement auprès d'un supérieur qui vous " fixe rendez vous". Le bon usage consiste à chercher le moment opportun pour voir quelqu'un en faisant preuve de doigté: la sortie de la messe, au café, au foot, au marché, en guettant l'interlocuteur à un endroit où il va tous les jours à la même heure et en faisant comme si la rencontre était due au hasard. C'est un art! Une politesse rurale!
Autrefois, c'est un lieu, comme il a été bien dit, avec comme exemple le rendez vous de chasse qui est un pavillon. Il y a aussi l'expression rendez vous sur le terrain pour un duel. Avoir "un" rendez vous est aussi un terme galant en France. Sinon, on précise. Le 1er rendez vous est une grande chose. En voyage, évitez les hotels de rendez vous.
Le mot est donc chargé de sens dans notre histoire. C' était souvent un ordre: vous voudrez bien vous rendre à tel endroit.
Il y a enfin le: "rendez vous, vous êtes cernés".

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Avant la guerre, dans les campagnes, on se basait sur l'heure solaire. L'introduction de l'heure d'été, notamment pour les horaires de train, dans les années 30 je crois, n'a eu que peu d'impact sur la vie rurale, qui fonctionnait en fonction de l'horloge biologique tant des animaux que des humains. Si d'aventure on se fixait rendez-vous, il fallait préciser: "à l'heure ancienne (la solaire) ou à l'heure nouvelle? (heure d'été officielle)".
Et pour couronner le tout, l'introduction de l'heure d'Europe centrale (méridien de Görlitz) lors de l'occupation allemande, en avance de 2 heures sur l'heure solaire. Aussi le Parisien qui venait faire son ravito chez le paysan beauceron ou briard pouvait-il se faire accueillir par une exclamation étonnée: "Déjà debout le Parisien? Mais il est cinq heures!"

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Vercingétorix, né sous Louis-Philippe, battit les Chinois un soir à Roncevaux... (air connu)

HIC PATRIAE FINES SISTE SIGNA
HINC CETEROS EXCOLVIMVS LINGVA LEGIBVS ARTIBVS

Ouaip, on y est toujours, l'été, du moins

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Prendre le train est un rendez vous entre le voyageur et le moyen de transport dans un lieu précis.D'ou ,l'importance de fixer une heure uniforme dans le pays .

Et le retard, considéré comme plus ou moin impoli ou inconvenant d'un pays à l'autre. Selon les époques ?